Nous revoilà pour un nouvel épisode de « Parlons MotoGP », et nous allons nous pencher sur une question primordiale qui ne semble pas tant inquiéter. Cette publication fait directement suite à celle d’hier, que nous vous invitons à retrouver en cliquant ici.
Les constructeurs MotoGP peuvent-ils résoudre le problème ?
Hier, je vous avais laissé sur un premier élément de réponse, à savoir le calendrier. Oui, c’est vrai qu’il y a beaucoup de courses en Asie du Sud-Est, qu’elles sont chaudes au vu de la saison, et qu’elles s’enchaînent. Mais en réalité, on ne peut pas y faire grand-chose. L’autre facteur aggravant que j’avais décelé est tout autre, puisqu’il concerne les constructeurs engagés.
Cela ne vous aura pas échappé, mais trois des pilotes qui ont failli perdre connaissance sur la machine pilotaient l’Aprilia RS-GP, à savoir Aleix Espargaró, Maverick Viñales et Raúl Fernández. Étrange. Un autre indice ; Jorge Martín avait déjà roulé seul en Inde, donc dans l’aspiration de personne – nous y reviendrons dans quelques instants, et avait failli s’évanouir dans le parc fermé. En Thaïlande, il paraissait plus en forme, et l’humidité ne l’empêcha pas de prendre une victoire sensationnelle. N’y a-t-il pas là un phénomène relatif à l’Aprilia ? C’est fort probable.
Les MotoGP actuelles sont très poussées aérodynamiquement parlant, notamment les motos de Noale. Plus le carénage englobe le pilote, plus le coefficient de pénétration dans l’air est faible, et plus la moto est rapide en ligne droite. De plus, les ailerons contribuent à augmenter la surface de la machine, ce qui augmente le phénomène d’aspiration. Celui qui suit va plus vite car moins d’air vient à sa rencontre. C’est un avantage, mais du coup, il peine à se refroidir. Si l’on couple ceci à la chaleur émise par la moto, elle devient incandescente. C’est pour ça que Raúl Fernández, dans un paquet, a simplement ralenti pour reprendre ses forces et bénéficier d’un peu de frais.
J’ai conscience que ce ne sont pas deux courses chaudes qui vont altérer l’aéro des machines. Comme il serait idiot de demander à ne plus aller dans cette région du monde, il le serait tout autant de réclamer la suppression des ailerons pour cette simple raison. Mais pourtant, il y a peut-être une piste à explorer. Certes, la moto entière émet de la chaleur, mais dans le cas de Fernández, de Viñales et d’Espargaró, c’est surtout l’air à la tête qui manquait. C’est cela qui peut provoquer un malaise, par exemple. DORNA ne peut-elle pas forcer la pose d’un capteur de température et d’oxygène sous la bulle, avec des pénalités prévues en cas de non respect des taux imposés ? Le championnat du monde d’endurance automobile avait obligé les équipes à installer une climatisation dans les voitures fermées pour cette même raison.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les constructeurs peuvent parfaitement aider au refroidissement de cette zone ; Aprilia, en Indonésie, faisait sortir une arrivée d’air dans la bulle pour soulager les pilotes. C’est qu’il y a moyen de jouer sur ce paramètre, et donc, d’éviter un drame. Il faudrait étudier l’idée plus en profondeur mais sur le plan technique, cela ne poserait aucun soucis ni aux équipes, ni à DORNA.
How about that for a race? 🔥
Look back at the top #MotoGP moments of one of the greatest races in recent history! 🙌#ThaiGP 🇹🇭 pic.twitter.com/4ZCDCvZoYS
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) October 31, 2023
L’idée la plus simple est peut-être la meilleure
Après un long moment de réflexion, il reste une idée plus simple qui garantit de garder intacte l’âme du championnat MotoGP, sa difficulté physique et son spectacle. Réduire le nombre de tours. Avec l’avènement des Sprints, on a déjà beaucoup plus de temps de course qu’avant. On peut parfaitement disputer l’équivalent de deux Sprints si les conditions climatiques sont trop contraignantes. Nous n’aurions pas le droit de nous en plaindre ; l’enjeu est trop important, le MotoGP est assez dangereux comme ça. Si l’on continue ainsi, c’est une catastrophe qui nous attend. Inutile de préciser que les températures ne devraient pas baisser sur les prochaines années, notamment dans cette partie du monde.
En gardant les mêmes points distribués, cette mesure ne perturberait pas les teams. Les pilotes pourraient se donner tout autant avec un risque moindre.
Conclusion
Il faut que DORNA se penche sur ce problème le plus rapidement possible. En une seule course, trois pilotes sont passés à deux doigts du malaise. Si l’un d’eux perd connaissance et chute dans une phase de freinage alors qu’il est au devant d’un paquet, sa vie est en grand danger, bien plus qu’avec n’importe quel highside. Cela ne veut pas dire qu’il faut négliger les destinations exotiques si importantes à l’heure du MotoGP-monde, ni même, les disputer à un autre moment de la saison. Il faut que l’intégrité du championnat reste intacte. De même, inutile de demander la suppression des ailerons pour trois courses dans l’année ; ils ont leur place au plus haut niveau de recherche sur terre. En revanche, il y a sans doute moyen de forcer les équipes à faire des efforts en poussant pour une mesure de la température et du taux d’oxygène (et donc, de l’air) au niveau de la tête, même s’ils doivent ajuster le devant des carénages pour soulager leurs pilotes. Ils perdront peut-être en performance pure, oui, mais Aprilia n’a rien gagné avec un abandon de Maverick Viñales.
Finalement, si ça n’est pas suffisant, ne pas hésiter à réduire la distance de course. Une mesure aussi simple que salvatrice, à n’en pas douter. Même les fans comprendraient aisément que de tels athlètes, les meilleurs de la planète, puissent le demander.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Dites-le nous en commentaires ! La deuxième partie est d’ores et déjà disponible. Cliquez ici pour la retrouver !
Photo de couverture : Michelin Motorsport