Ils n’ont pas chômé durant cette saison 2023. Pendant l’hiver, « Parlons MotoGP » va se pencher sur chacun des engagés de cet exercice, et dresser le bilan ; aujourd’hui, au tour de Luca Marini, un pilote meilleur qu’il n’y paraît. A-t-il réussi ? A-t-il échoué ? Pouvait-on en attendre davantage ? L’heure est à l’analyse. Bien sûr, vous êtes invités à donner votre avis en commentaires, car celui-ci compte énormément. Hier, nous sommes revenus sur Álex Márquez, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.
Pas de victoires
J’ai vu beaucoup de gens souligner le fait que Luca Marini était le seul pilote Ducati sans victoires -en comptant les Sprints – cette saison, et que cela rendait son année bien fade au vu du matériel donc il disposait. Je ne suis pas de cet avis, et je pense que c’est l’un de ceux qui ont le plus progressé sur cette période.
Déjà, rappelons les faits. Absent deux courses durant – percuté au départ du Sprint en Inde, il a scoré deux podiums (aux USA et au Qatar), ainsi que deux poles (en Indonésie et au Qatar). Certes, il compte plus de chutes qu’auparavant : trois abandons lors des Grands Prix alors qu’il n’était tombé qu’une seule fois depuis son année rookie en 2021. Et oui, c’est vrai qu’il lui manque cette victoire qui lui aurait fait du bien. Mais je vais tenter d’exposer, en quelques points, ce pourquoi sa saison est plus réussie que vous ne le pensez.
Il a conservé ses forces
La régularité dans la performance, voici le premier bon point. Luca Marini fait partie de cette race de pilotes conservateurs, qui savent rouler proche du top 5 sans nécessairement avoir la capacité de frapper de grands coups. Johann Zarco était un peu dans cette veine, Bradley Smith aussi, et plus récemment, Brad Binder. C’est intéressant, parce que le Sud-Africain a aussi opéré une transition vers une approche plus incisive, exactement comme Luca Marini cette année. Ceci s’explique peut-être par l’introduction d’un nouveau format privilégiant ces profils. Selon moi, l’Italien a bien concrétisé sa mue, et sans doute mieux que Binder.
Il a réussi a conserver son point fort qui lui avait permis de se faire repérer, à savoir ce pilotage mesuré, intelligent, et en même temps, à se projeter vers l’avant à de multiples occasions, sans chuter de trop. Bien sûr, la comparaison s’arrête là avec l’officiel KTM mais Binder est juste plus fort intrinsèquement, personne ne sera surpris par cette information. Et on ne peut pas en vouloir à Marini d’avoir moins de génie en lui, c’est pour cette raison qu’il faut juger les pilotes en fonction de leur plafond.
Si l’on analyse ses résultats, ils sont très bons. Lorsqu’il franchit la ligne, il n’est – presque – jamais hors du top 10 (sauf en Australie). Il est passé de la 12e place du général en 2022 à la 8e, en prenant 30,2 % des points disponibles contre 24 % la saison précédente. Ce pourcentage est excellent, puisqu’il se base sur tous les points qu’il aurait pu marquer ; Vinales, devant, a un moins bon ratio, et il faut remonter à Johann Zarco (30,9%) pour trouver une meilleure performance sur ce plan, en cinquième place. Hormis le Portugal avec cette double chute – rappelons qu’il n’emporte pas Bastianini, il tombe et sa moto fauche l’officiel Ducati, il n’a aucun week-end blanc. Ajoutons à cela que Brad Binder l’a percuté en Indonésie.
En somme, c’est une belle évolution dans le style et s’il tend encore plus vers la vitesse, il pourrait encore s’améliorer.
Poleman
Voici un bel exemple de progression. L’un des points faibles de Luca Marini était la vitesse sur un tour. Même en petites catégories, il n’avait jamais été l’un des favoris le samedi. Pourtant, cette saison, il a été très fort, en établissant deux nouveaux records du tour à Losail et à Mandalika. Rappelons qu’il revenait de blessure lors de cette deuxième manche. Dans un style très « neutre » sur la moto mais diablement rapide, il s’en sort extrêmement bien. C’est l’un des axes d’amélioration les plus difficiles, et voyez Binder ou Oliveira ; eux n’ont jamais passé ce cap depuis leur arrivée en MotoGP. Bravo à lui.
Stoïque
Comment ne pas finir sur son comportement. Luca Marini est exemplaire, sur la moto comme à pied. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une action litigieuse en piste alors qu’il a beaucoup été percuté en 2023. Il rentre dans la lignée des meilleurs pilotes de la VR46, des hommes discrets pour la plupart, travailleurs, humbles et surtout, propres. Et lorsqu’il descend de la Desmosedici, quel calme, quel discernement, même après un gros effort. En cela, il se distingue de la génération de « foufous » qui l’entourent, et je ne peux que noter positivement cet état d’esprit.
Conclusion
Pour finir, je pense qu’il a été l’auteur d’une très grosse saison pas récompensée à sa juste valeur. Il faut faire attention à la comparaison avec son coéquipier Marco Bezzecchi, troisième. Il n’y a pas photo entre les deux mais est-ce là une surprise ? Le MotoGP « new age » correspond parfaitement à Bez’, et j’avais d’ailleurs pronostiqué que 2023 serait bien plus difficile pour Marini. Mais sur la fin de saison, je pense pouvoir affirmer qu’il a été meilleur, notamment sur le retour de blessure.
Quelques défauts le retiennent, c’est une certitude, mais globalement, je suis très satisfait.
J’ai attribué 14,5/20 à Alex Marquez, et bien sûr, lui a gagné deux Sprints alors qu’il ne connaissait pas la moto. Mais Alex Marquez est un double champion du monde, on est en droit d’attendre de gros résultats de sa part. Luca Marini a bien roulé, a montré beaucoup de progrès et n’a pas eu de chance ; je lui donne donc la note de 15,5/20. Il est difficile d’aller au-delà car son coéquipier, à moto égale, a largement mieux performé, et puis, ce manque de victoire le freine quand même.
Qu’en pensez-vous ? Dites-le moi en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport