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Vous l’avez peut-être vu, ou non, mais Stefan Bradl disputait le Grand Prix d’Autriche pour Honda, dans le but d’améliorer la RC213V. Vous allez sans doute me dire que ses résultats sont insignifiants, et que son temps d’antenne ne justifie pas un épisode de Parlons MotoGP. Et pourtant : ce pilote distille des informations assez intéressantes au fil de ses interviews, qui permettent de mieux comprendre la situation. Une analyse de ses propos et de leur magnitude s’impose.

Avant toute chose, laissez-moi vous renvoyer vers ses déclarations réalisées après le premier jour, le deuxième, et le troisième. La lecture de ces articles n’est pas obligatoire pour appréhender celui-ci, mais vivement recommandée.

 

Qu’est ce que fait Bradl ?

 

Eh bien, il teste. Tout le temps. Pour cette raison, je vais revenir très brièvement sur ses résultats en Autriche. Constamment dans les derniers, il n’a jamais pu jouer les places d’honneur, dut abandonner en Sprint, et termina dernier du Grand Prix. Pas fameux, certes, mais il n’était pas là pour ça. En effet, il nous a appris qu’il découvrait une nouvelle monture à chaque sortie de son box. Honda ne l’avait pas mis en wild-card pour tenter d’imposer une nouvelle idée révolutionnaire déjà éprouvée en tests – comme KTM le fait avec Dani Pedrosa ou Pol Espagraro –, mais essayer de trouver une nouvelle direction dans laquelle aller. Premier indice.

Il faut maintenant essayer de lire entre les lignes. À plusieurs reprises, Bradl s’est justifié, en quelques sorte, de ne pas avoir la responsabilité de donner une direction dans laquelle aller ; comprenez, que c’était aux ingénieurs de Honda de trouver quoi faire avec le matériel. En somme, qu’il était là pour faire son travail, et dire si la configuration A était mieux que la B. Comment interpréter cela ?

 

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Bradl, toujours bavard… et ça fait plaisir ! Photo : HRC

 

Pour moi, de deux manières différentes. Premièrement, la force de travail de Honda est réelle, d’ailleurs confirmée par Johann Zarco plus tôt dans la saison. Proposer quatre voire cinq configurations différentes à un seul et même pilote – en plus des autres, qui ont une version connue de leur moto – après quatre années de galère est une sorte de triste exploit. Deuxièmement, et c’est là le plus important, que Honda ne sait toujours pas dans quelle direction aller !

 

La descente aux enfers n’est pas finie

 

On vante, depuis 2020 et le début de la déchéance, que la firme ailée est la plus puissante du monde, « qu’elle va revenir, c’est sûr ». On attend toujours, et Bradl encore plus que nous. Le pire, c’est que selon l’Allemand, c’est encore pire maintenant. Il dit, par exemple, que « la direction dans laquelle Honda l’amène n’est pas la bonne », ou encore, que « la base n’a pas été trouvée ». Suis-je le seul à trouver cela inquiétant, alors que Honda réalise la moins bonne saison de son histoire ?

Une autre phrase faisait froid dans le dos : « Ça prendra du temps » assénait-il, comme si une telle situation était devenue normale pour la plus grande équipe de l’histoire de notre discipline. Mais combien de temps ? Dans trois ans, la réglementation changera du tout au tout. Très personnellement, je ne pense pas qu’on reverra Honda devant d’ici là, l’écart est juste trop grand. Bradl, dans une interview plus récente, a pondéré ses propos, en précisant que Ducati avait mis très longtemps à remporter un championnat du monde. C’est un peu trompeur, disons-le comme ça, car avec la nouvelle réglementation liée à l’ECU unique, couplées aux concessions dont jouit Honda, la « plus grande marque motocycliste du monde » ne devrait pas mettre plus de temps que Suzuki (retour en 2015, devenu très performant en 2020), Aprilia (retour en 2015, et en 2022 sans l’égide de Gresini Racing, devenu très performant en 2022), ou KTM (arrivé en 2017, devenu très performant en 2020).

 

 

Stefan Bradl, acteur ou spectateur ?

 

Profitons de ces quelques dernières lignes pour digresser sur le statut de Stefan Bradl. Cela fait depuis 2018 qu’il teste régulièrement, remplace les blessés, aussi. Il a disputé 43 Grands Prix pour la marque à l’aile dorée depuis la fin de son contrat avec Aprilia en 2017, et, comme Takaaki Nakagami, a subi de plein fouet la descente aux enfers de Honda. Se pose donc la question de sa légitimité. Attention, c’est un très bon pilote, champion du monde Moto2 en 2011. Mais il était là durant ces années de galère, il a aussi été l’acteur d’une déchéance que l’on croyait impossible. Quand KTM travaille avec Pol Espargaro et Dani Pedrosa, et que même Yamaha devrait troquer Cal Crutchlow contre Augusto Fernandez, ne faudrait-il pas que Honda cherche du sang neuf ou plus véloce à ce poste pourtant crucial ?

Que pensez-vous de ses déclarations ? Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

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Stefan Bradl fait le travail qu’on lui demande, ce n’est pas à Honda d’en attendre plus, où alors il faut se tourner vers quelqu’un d’autre. Photo : HRC

 

Photo de couverture : HRC

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