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seconde chance

Dans cette rubrique, j’ai déjà eu l’occasion d’exprimer mon admiration pour Miguel Oliveira en raison de son immense talent. Malheureusement pour lui, le revers de la médaille est particulièrement cruel : le Portugais est très souvent blessé. En Argentine, il s’est fait percuter par Fermin Aldeguer, et, de nouveau, devra manquer un Grand Prix au moins en raison d’une vilaine blessure à l’articulation sterno-claviculaire – le point de rencontre entre le sternum et la clavicule. De ce fait, le pilote de réserve Augusto Fernandez prendra sa place à Austin ; cette opportunité pourrait faire office de seconde chance, et j’espère qu’il pourra la mettre à profit.

 

C’est le jeu

 

Augusto était l’un de mes pilotes préférés en Moto2. Je croyais beaucoup en lui lorsqu’il avait signé chez GasGas Tech3 pour la saison 2023. Malheureusement, il n’a pas réussi, je me suis trompé. Cependant, j’étais certain que son nouveau poste à responsabilité chez Yamaha allait lui donner du temps de jeu. Ce n’est donc pas une surprise de le revoir au plus haut niveau. Alex Rins et Miguel Oliveira, deux pilotes du contingent Yamaha, séjournent régulièrement à l’infirmerie. L’Espagnol a déjà manqué 24 Grands Prix depuis son arrivée en MotoGP au début de l’année 2017, ce qui est juste énorme. Oliveira, lui, en est à 13, mais il n’est en catégorie reine que depuis 2019. Mon pari est validé, et même si cela peut paraître injuste au vu des conditions – Miguel ne cesse de se faire percuter –, c’est le jeu.

 

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Augusto s’est essayé au WSBK en début d’année. Photo : Augusto Fernandez

 

Augusto Fernandez a donc une seconde chance. Je continue de croire en lui, car je sais ce que j’ai vu en Moto2, en particulier en 2019 et 2022, année où il a remporté le titre mondial. Ça ne sera pas facile, car il apprend, lui aussi, à maîtriser une YZR-M1 qui n’est pas taillée pour lui, et il sort d’une saison presque désastreuse. Mais je ne peux m’empêcher de croire que le contexte lui est favorable et je vais tenter de vous convaincre.

 

L’occasion de briller

 

Je ne crois pas qu’Augusto abordera ce week-end américain comme un casse-cou, car il reste un remplaçant. Cependant, je trouve que les planètes s’alignent et qu’il serait dommage de ne pas en profiter.

Premièrement, la YZR-M1 millésime 2025 paraît bien née, mais cela ne s’est pas encore traduit par des points. Elle est plutôt rapide sur un tour, en plus d’offrir un bon train avant à ses pilotes. Malgré le fait qu’il n’a pas dicté le développement du projet japonais, il a donné son avis à Sepang et a pu prendre la mesure de cette moto. Elle ne lui est donc pas totalement inconnue. Pour l’instant, Rins, et, dans une plus grande mesure, Quartararo, sous-performent. « El Diablo » aurait largement dû faire mieux, mais a été ralenti par des paramètres indépendants de ses actions en Thaïlande comme en Argentine. Cet effet peut profiter à Augusto Fernandez, car on attend finalement peu des Yamaha. Il y a deux jours, j’ai rédigé un article sur les résultats de la firme d’Iwata où je m’étends plus longuement sur ce phénomène – cliquez ici pour le retrouver.

 

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Le problème, c’est que le COTA n’est pas l’un de ses meilleurs tracés, voire, l’un de ses pires. Photo : Michelin Motorsport

 

Deuxièmement, cette logique s’applique également à son team. Pramac Racing est en dernière place du classement équipes. Jack Miller était rapide sur un tour en Thaïlande, mais n’a pas capitalisé sur cette adaptation foudroyante. Quant à Miguel Oliveira, il n’a pas eu le temps de briller. Il sera donc difficile de faire pire pour Augusto Fernandez : personne ne pourra lui dire qu’il n’est pas au niveau en comparaison avec ses coéquipiers. Je pense que c’est justement la comparaison avec l’immense Pedro Acosta qui a, en partie au moins, précipité son départ de la grille.

Je pense sincèrement que Miller est prenable, et le battre, sans que cela ne représente d’exploit majeur, lui permettrait de montrer aux décisionnaires qu’ils n’ont peut-être pas pris la bonne décision en laissant un récent champion Moto2 sur la touche.

 

La vraie mission

 

Vous l’aurez compris à la lecture de ces quelques lignes, mais je vois plus loin que le GP des Amériques. Il n’est pas inconcevable que cette opportunité découle sur la réhabilitation d’Augusto Fernandez, et, je pense, peut-être de manière candide, que cela doive occuper son esprit également. Sans chuter, sans tout risquer, m’est avis qu’il doit se donner à fond pour s’assurer un avenir au plus haut niveau et lâcher cette étiquette de super-sub qui commence à lui coller à la peau – rappelons qu’il a déjà été appelé pour remplacer Jonathan Rea lors des tests WSBK à Portimao.

Il y a une carte à jouer : Oliveira a du potentiel, on le sait, mais il ne peut jamais l’exprimer en raison de sa santé physique. Et finalement, ses exploits depuis qu’il a quitté KTM se résument à cette performance poétique au Grand Prix de Grande-Bretagne 2024, et ce Sprint achevé en deuxième position au Sachsenring l’an dernier. C’est maigre, sans compter que son contrat court jusqu’à la fin 2025 et qu’il a déjà 30 ans. Pour Miller, 30 ans lui aussi, le constat est assez similaire : l’Australien sort de deux saisons très moyennes chez KTM, à tel point qu’un bon nombre d’observateurs – dont moi – ne l’imaginaient même pas se retrouver un guidon en 2025.

N’y a-t-il pas la place pour Augusto Fernandez, 27 ans, qui n’a certes pas réussi chez KTM, mais reste un excellent pilote, comme le prouve son titre Moto2 daté d’il y a moins de trois ans ?

Je vais vous laisser sur cette question, en vous donnant rendez-vous pour un nouvel épisode, demain, même heure. D’ici là, dites-moi ce que vous pensez de mes théories et de mon analyse en commentaires !

 

Autre argument en sa faveur : il incarne parfaitement l’outsider, car personne n’attend rien de lui alors qu’il n’a quitté le mondial que depuis… trois courses. Il est encore habitué. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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