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Brad Binder titre

Deux points en deux Grands Prix. En commettant une erreur à Misano, Brad Binder a sûrement mis fin à ses espoirs de titre. Le Sud-Africain pointe désormais à 110 points de Pecco Bagnaia au général, et même, à 74 de Jorge Martín. C’est étonnant, au vu du début de saison canon de la part des deux KTM, mais les contre-performances récentes montrent que le chemin est encore long pour rattraper Ducati. Analyse détaillée.

 

Une erreur en suit une autre

 

À Barcelone, juste après avoir percuté Pecco Bagnaia, Brad Binder dut se remettre dans le bon tempo pour essayer de sauver les meubles. Même s’il était considérablement distancé, un problème mécanique mit fin à ses espoirs. Dès lors, avec un Pecco diminué, tous devaient essayer de lui reprendre un maximum de points à Misano, mais le week-end ne se déroula pas comme prévu.

À vrai dire, nous avons été plutôt déçus de sa performance, du début, jusqu’à la fin. Dès le vendredi soir, après des essais en demi-teinte, il prit le contre-pied en précisant que ça n’était qu’une mauvaise journée, rien de plus, et que la situation allait sans doute s’améliorer par la suite. Forcément, la présence de Dani Pedrosa fut très remarquée, et il est normal que nous établissions des parallèles. Alors, oui, nous n’allons pas dénigrer la performance de l’Espagnol mais il faut tout de même rappeler que lui bénéficiait des dernières améliorations, arrivait frais physiquement, sans pression aucune, sur une piste qu’il connaît comme sa poche au guidon de cette machine, exactement comme Jerez. Ceci dit, aucun pilote d’essai ne fait mieux que le triple champion du monde, c’est évident.

Mais même si Pedrosa bénéficiait d’un contexte favorable, jamais un homme de 37 ans, aussi grand fut-il par le passé, ne doit se qualifier devant un pilote d’usine de la trempe de Brad Binder dans son prime, sa meilleure période en carrière. Nous en parlions peu après le début de saison ; la vitesse sur un tour est un défaut qui lui a coûté, lui coûte, et lui coûtera encore, peut-être toute sa carrière durant s’il ne trouve pas de solutions. Nous l’affirmons aujourd’hui ; il est impossible de jouer le titre mondial si l’on ne peut pas enchaîner les premières lignes en qualifications, sans même évoquer les pole positions.

 

Brad Binder titre

Derrière Dani Pedrosa, ça la fout mal. Photo : Michelin Motorsport

 

Puis vinrent les deux courses. D’abord, pendant le Sprint, à la limite partout. Certains pensent son engagement absolument magnifique. Ce n’est pas notre cas. Nous trouvons Brad Binder particulièrement brouillon, confus dans ses choix de dépassement, peu sûr de lui. D’ailleurs, ces manœuvres plus que limite – notamment celle sur Maverick Viñales dans Tramonto, le virage n°10 – ne sont pas efficaces. Il termine cinquième derrière Pedrosa, ce qui n’est pas si mal en soi, mais à des années lumières des Ducati devant. Puis, pendant la course, Brad Binder commit l’erreur de trop, celle qui le condamne. Malgré tout, il parvint à repartir et accrocha la 14e place. Sur une manche où il fallait reprendre des points pour rester dans la course, l’officiel KTM en perd.

 

KTM is the new Aprilia

 

Nous n’imputons pas tout à Brad Binder. Depuis quelques temps, nous avons remarqué que la dynamique n’est plus la meilleure chez KTM, et cela nous fait penser à Aprilia en 2022. La firme de Noale avait commencé fort, dans les pas de Ducati – voire devant en termes de rythme comme en Argentine ou à Jerez, mais eut un mal fou à assumer ce statut de challenger. La performance a stagné, les résultats aussi, et les erreurs ont commencé à s’accumuler.

 

 

Brad Binder donne l’impression de se battre contre la RC16. Certains nous diront : « c’est son style de pilotage qui le veut ». Mais cet argument est réfutable. D’abord, c’est la première année qu’il est aussi offensif. En 2022, il réalisa une saison magnifique, marquée par une régularité dans la performance exemplaire. Ce n’est que depuis le début 2023 que l’on voit des attaques à outrance, des dépassement « PlayStation » pour reprendre le terme de Luca Marini à son égard. Cela signifie qu’il a fait évoluer son style en peu de temps. Mais n’est-ce pas la moto qui l’impose ? Dani Pedrosa a montré que la KTM pouvait se piloter autrement : même Brad Binder l’avouait, impressionné par le calme de l’Espagnol sur la machine.

 

Brad Binder titre

KTM n’a plus la fraîcheur du début de saison. Photo : Michelin Motorsport

 

Malgré tout, Binder reste un pilote « élite », et force est de constater que KTM n’est plus au même niveau. Ou plutôt, ils sont resté au même endroit pendant que Ducati, au fil de la saison, n’a fait que progresser. L’exemple de Jack Miller confirme aussi cette tendance. Même s’il n’a jamais réglé ses problèmes de régularité qui se manifestaient déjà sur la Desmosedici, il était quand même plus souvent aux avant-postes il y a quelques mois de cela. Depuis sa troisième place en Sprint lors du Grand Prix d’Allemagne, il n’est plus jamais rentré dans le top 6 !

C’est d’autant plus troublant qu’Aprilia avait commencé à subir le « poids du statut » à la même période l’année dernière ; on sait combien la reprise estivale est cruciale quant aux améliorations en cours de saison. Cependant, nous pensons qu’il reste de l’espoir chez les autrichiens.

 

La pluie sauvera-t-elle Brad Binder ?

 

Cette saison est absolument unique dans l’histoire. D’abord, car elle est longue, épuisante. Mais aussi, parce qu’elle est plus internationale que jamais. La tournée asiatique est constituée de sept Grands Prix consécutifs, et avec eux, de fortes probabilités de conditions délicates, que Brad Binder apprécie particulièrement. Pour l’instant, en deux GP courus avec de la pluie, il comptabilise deux très grandes performances (Sprint en Argentine et Grand Prix de Grande-Bretagne). Il est difficile d’imaginer de l’eau au Qatar, nous sommes d’accord, mais l’Inde (ou plutôt, le Bharat), la Thaïlande et surtout, l’Indonésie sont propices à des pluies tropicales.

Que l’on s’entende ; nous n’imaginons pas que cela puisse suffire à faire titrer Brad Binder, d’autant plus que Marco Bezzecchi, loin d’être un manche sur le mouillé, est devant lui au général. Mais cela peut lui permettre, peut-être, de prendre cette victoire marquante si importante à notre époque ; ce coup d’éclat qui rappelle à tous qu’il peut discuter avec les meilleurs. Mine de rien, il devient difficile de démontrer l’inverse au vu des résultats récents. Même sa deuxième place en Autriche ne corrobore pas ce propos : il n’avait pas vu le jour face à Bagnaia.

Mais au-delà du résultat, cela pourrait redonner de la confiance à toute l’équipe, et relancer une bonne dynamique pour l’hiver et le début de saison 2024. On a vu, avec la débâcle d’Aprilia sur la fin 2022, combien un mauvais momentum pouvait se poursuivre sur l’année suivante.

Qu’en pensez-vous ? Voyez-vous Brad Binder profiter de ces Grands Prix exotiques pour se rapprocher au général ? Dites-le nous en commentaires !

 

Malgré une chute, il finit quand même devant Franco Morbidelli. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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