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Bagnaia parfait

Le Grand Prix d’Allemagne vient de s’achever par une nouvelle victoire de l’officiel Ducati. Avec quatre succès sur les quatre dernières manches, il est dans l’une des meilleures périodes de sa carrière mais pourtant, la bataille pour le titre est encore bien vivante. Finalement, heureusement que Pecco Bagnaia n’est pas parfait.

 

Une demi-saison à double sens, mais priorité Bagnaia

 

Le titre de cet article, volontairement un peu provocateur, s’explique tout à fait. Depuis le début de l’année, je maintiens que Pecco Bagnaia est d’assez loin le meilleur pilote. Lors de certaines périodes, Jorge Martin s’est révélé meilleur, c’est vrai, et il ne faut pas réécrire l’histoire en sa défaveur juste à cause d’une perte de l’avant. Sans celle-ci, il aurait écrasé le GP d’Allemagne. Mais si l’on prend tout en compte, pour moi, Bagnaia est au-dessus et c’est ce que j’ai toujours soutenu dans cette rubrique.

Maintenant, pourquoi ne mène-t-il pas largement le championnat ? Il n’a que 10 points d’avance sur le « Martinator ». À cause de ses erreurs – accompagnées d’un brin de malchance comme lors du Sprint à Jerez, percuté par Binder – et heureusement pour nous qu’elles existent. Sans le panache de Bagnaia, la saison serait beaucoup plus ennuyeuse du point de vue de la joute pour la couronne.

 

Bagnaia parfait

Toujours aussi discret, ce qui tranche avec son comportement en piste. Photo : Michelin Motorsport

 

C’est pourquoi je suis si admiratif de ce pilote, qui ne cesse de pousser, qui n’est jamais conservateur. Encore au Sachenring, il n’a jamais rien lâché en Sprint comme en course, résistant bien à Enea Bastianini sur le format court, et en ne levant jamais le pied alors qu’il était distancé par Martin. On peut étendre ce constat à Jerez, lors de cette bataille avec Marquez, à Portimao, aussi, lorsqu’il ne voulut rien donner à son vis-à-vis huit fois titré.

Cela explique la nature de ses chutes, et ce pourquoi notre saison est aussi animée. Imaginez un monde où un pilote du talent de Pecco Bagnaia roulerait plus intelligemment, pour ne pas dire qu’il jouerait aux épiciers. Laissez-moi vous affirmer qu’on s’ennuierait ferme au championnat ! Alors, profitons de ses imperfections pendant qu’il est encore temps.

La preuve en quelques chiffres. Le champion italien n’a que dix points d’avance alors qu’il compte six victoires en neuf courses et que son plus proche concurrent ne s’est imposé qu’à deux reprises lors des épreuves dominicales. Hormis ces succès, il compte deux victoires en Sprint soit deux de moins que Martin, ce qui signifie que l’affrontement est davantage à sens unique le dimanche qu’il ne l’est le samedi. Lors des trois Grands Prix durant lesquels il ne s’est pas imposé, il a réalisé une troisième place à quelques encablures de la victoire – au Mans, une cinquième place qui parachevait un week-end moyen du côté d’Austin, et une chute au Portugal alors qu’il disputait le podium. Il domine.

 

 

Il jouit d’une avance de 56 points sur Marc Marquez, troisième, et de 67 unités sur son coéquipier Enea Bastianini alors que les deux ont fait un très beau début d’exercice également. C’est impressionnant.

 

La chance des champions

 

Tout marche bien pour lui. Comme les plus illustres champions, il est dans une période faste, où tout semble aller pour le mieux. La chute de Martin va en ce sens. Il ne peut rien lui arriver : même quand il semble battu, un concours de circonstances vole à son secours. Cela me fait penser à Valentino Rossi dans les années 2000, ou à Marc Marquez plus récemment, lui qui semblait sauver toutes ses erreurs en piste – même lors d’une finale à Valence en 2017.

C’est simplement parce que les plus grands pilotes se mettent dans des situations où ils peuvent bénéficier d’un coup de pouce du destin. Depuis la fin 2022, Pecco Bagnaia joue la gagne à chaque Grand Prix, grosso modo. Forcément, une fois ou deux, le sort sera de son côté. Pareil pour Lewis Hamilton lorsqu’il dominait tout dans les années 2010, ou Max Verstappen depuis 2022. Être toujours devant sert aussi à ça, pas qu’à prouver sa régularité dans la performance.

 

Bagnaia parfait

L’inverse d’extravagant en conférence de presse, l’inverse de barbant au guidon. Photo : Michelin Motorsport

 

La dynamique est de son côté

 

Manque de pot pour lui ; il n’y aura pas de Grands Prix avant un mois. Sur le plan de la dynamique, tout joue en sa faveur également, ça ne fait aucun doute. Il est significativement meilleur que Martin, qui ne devait absolument pas laisser Bagnaia se marier l’esprit aussi tranquille le 20 juillet. C’est raté, mais ces trois semaines peut aussi servir au « Martinator ». En pleine préparation physique et mentale, il pourra réajuster la mire et revenir encore plus fort. C’est lors de la tournée outre-mer, là où les courses vont s’enchaîner qu’il ne faudra pas donner autant de confiance à Pecco. Car en trois semaines synonyme de trois manches, le championnat pourrait basculer.

Je reviendrai ultérieurement sur le week-end de Jorge Martin car il y a beaucoup de choses à dire, ainsi que sur la situation au championnat. Qu’avez-vous pensé de Pecco Bagnaia en Allemagne ? Dites-le nous en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Bagnaia sous numéro noir, c’est très fort. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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