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Bagnaia Stoner

Mine de rien, ça faisait assez longtemps que nous n’avions plus commenté une victoire dominicale de Pecco Bagnaia dans cette rubrique ; et celle là, c’est peut-être la plus importante de toutes, celle qui le place au niveau des Stoner, des Rossi, des Lorenzo. L’Italien a été impérial du début à la fin de ce week-end, qui, pourtant, ne semblait pas lui sourire plus que ça. Analyse d’un succès décisif.

 

Jamais le plus fort

 

Ce n’était pas l’Italie. Encore moins l’Autriche. À Motegi, j’ai de nouveau été impressionné par le réalisme de Pecco Bagnaia, qui n’était même pas le plus fort sur ce tracé. Le samedi, d’abord, où il a lui-même admis être dans l’incapacité de suivre Pedro Acosta. L’Espagnol s’est qualifié en pole position, puis s’est envolé lors du Sprint avant de s’écraser. Ce fait de course donna la victoire à Bagnaia, et encore, il n’aurait pas fallu un tour de plus.

Puis, le lendemain, Acosta semblait tout aussi véloce, Marquez et Bastianini menaçants, Martin à l’affût d’une nouvelle victoire. Mais il a suffi à Pecco de dégainer son rythme régulier si dévastateur pour ne jamais se faire approcher. J’ai la ferme impression que sur ce tracé dévoreur de gomme, ses deux excellents départs lui ont davantage servi que n’importe quelle stratégie. Après l’Indonésie, où il n’était déjà pas le meilleur, il prend encore beaucoup de points sans être en position de force au moment de poser ses roues sur l’asphalte japonais. C’est la marque des grands.

 

Bagnaia Stoner

Go Free libéré. Photo : MotoGP

 

Pour rappel, Motegi était un circuit qui résistait à Bagnaia depuis 2018. En 2022, alors en pleine bataille pour le titre contre Fabio Quartararo, il avait livré l’une de ses pires prestations de la deuxième moitié de saison : une course anecdotique conclue hâtivement par une chute. En 2023, son rival pour la couronne Jorge Martin ne lui avait laissé aucune chance, le samedi comme le dimanche. L’Espagnol était impressionnant de facilité, ce qui était le cas ce week-end encore, mais son erreur en qualifications lui a coûté bien trop cher.

Ce Grand Prix du Japon illustre, une fois de plus s’il en fallait une, l’importance des trois premiers virages dans le MotoGP moderne. Ceux qui jouissent de la meilleure capacité de projection – Bagnaia est passé maître dans cet art – s’en sortent toujours avec les honneurs. Une fois que les écarts grandissent, c’est fini. Les plus fins pilotes ne peuvent remonter jusqu’au sommet s’ils échouent à figurer dans le groupe de tête à l’issue du premier tour.

 

Dans l’histoire

 

Il s’agit de la huitième victoire de Bagnaia sur une saison. À l’ère moderne, soit depuis 2002, c’est arrivé une paire de fois, d’accord, mais ces performances étaient toujours signées des plus belles mains. Valentino Rossi l’a fait en 2002, 2003, 2004, 2005 et 2008, Casey Stoner en 2007 et 2011, Jorge Lorenzo en 2010 et 2013, et Marc Marquez en 2014, 2018 et 2019. C’est un véritable exploit.

 

 

Certes, il y a de plus en plus de courses, mais de plus en plus de pilotes peuvent s’imposer aussi. Jamais la grille n’a été aussi serrée, quoi que c’est moins flagrant cette saison que les précédentes. De tous les pilotes susnommés, seul Jorge Lorenzo a échoué à remporter le titre en 2013. Pourtant, il le méritait aux yeux de l’histoire, mais une terrible blessure subie aux Pays-Bas et réveillée en Allemagne l’empêcha de battre le rookie Marc Marquez. Statistiquement, c’est de bon augure pour Bagnaia, vous l’aurez compris, d’autant plus qu’il reste encore quatre courses.

Je profite de cet hommage à l’Italien pour revenir sur un débat qui me passionne depuis un moment : qui est le plus grand pilote entre Casey Stoner et Pecco Bagnaia ? Déjà évoqué dans d’autres articles, je trouve que la comparaison se tient largement, et plus que ce que les nostalgiques d’une époque pas beaucoup plus compétitive veulent vous faire croire. Cette victoire au Japon ne rend pas Bagnaia plus grand, mais s’il décroche ce titre, alors je pense que son dossier pèsera plus lourd que celui de Stoner.

 

Bagnaia Stoner

Pedro Acosta se rapproche. Menaçant, il faudra quand même venir à bout de sacrés clients pour s’imposer. Photo : Michelin Motorsport

 

L’« aussie » était un extra-terrestre, doté d’un talent naturel dingue. Il était certainement plus sexy – au guidon – que Bagnaia, je vous l’accorde. Mais deux titres mondiaux ne soutiendraient pas la comparaison face à quatre, dont trois consécutifs en MotoGP, tous acquis avec la manière. Certes, la Ducati est la meilleure, mais les meilleurs roulent aussi sur les Ducati les plus compétitives. N’allez pas me faire croire que Martin doit son succès à sa monture uniquement. Bagnaia sera toujours victime de la force de son employeur, mais cela tendra à s’effacer avec le temps, car seuls les succès comptent. Le contexte, certainement pas défavorable à sa grandeur, sera mieux compris avec les années. Bagnaia deviendra très apprécié pour son approche, j’en suis certain. Autre chose dont je sois sûr : l’année prochaine conditionnera la légende de « Go Free », mais nous aurons l’occasion d’en reparler tant le sujet est vaste, et tant il transcende le cadre des circuits.

Qu’avez-vous pensé du week-end de Pecco Bagnaia à Motegi ? Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Numero uno. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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