Le Grand Prix des Pays-Bas est derrière nous ! Avant de repartir pour un nouveau GP à la fin de la semaine – en Allemagne cette fois, prenons le temps de se poser et de contempler l’histoire qu’est en train d’écrire Pecco Bagnaia ; l’Italien compte, depuis hier, autant de victoires que Casey Stoner sur Ducati. Plus largement, revenons sur les principaux enseignements de ce Grand Prix assez plat, il faut l’avouer, mais pas inintéressant pour autant.
Bagnaia intraitable
Comment démarrer autrement. Pecco Bagnaia était intouchable à Assen. Il y remporte son troisième Grand Prix des Pays-Bas consécutif de la plus belle des manières. Son week-end était parfaitement construit, depuis la première séance libre le vendredi matin – la première qu’il menait depuis son arrivée au plus haut niveau jusqu’à la ligne d’arrivée hier après-midi.
Inutile de revenir sur sa régularité déjà légendaire (avec cinq tours identiques au dixième près), et son explosivité au départ. Il ne s’est pas fait dépasser une seule fois sur les deux manches. Plutôt, je voudrais me concentrer sur l’impression qu’il a laissé à la concurrence. C’est la première fois que je vois autant de pilotes affirmer qu’il est au dessus du lot. Enea Bastianini, Jorge Martin, Marc Marquez et Maverick Vinales, en gros les trois plus proches sur les trois jours, n’avaient aucun mal à reconnaître la supériorité du n°1. Malgré son talent, Bagnaia manque d’une véritable empreinte sur le championnat ; c’est une bonne manière de marquer les esprits, car la grandeur s’exprime avant tout dans la bouche de ceux que l’on affronte.
Il repart d’Assen avec 37 points, une pole et la dynamique de son côté. Si Jorge Martin ne réagit pas en Allemagne, gare à l’envolée.
Au niveau de Stoner ?
C’était la 23e victoire de Bagnaia en MotoGP, soit autant que Stoner avec Ducati. L’année passée, j’avais déjà dit que je considérais Pecco comme le plus grand pilote de l’histoire de la marque, sans comptabiliser les deux années Honda pour l’Australien, bien sûr. Cependant, la différence n’est plus si énorme.
Stoner était un plus impressionnant talent naturel, je n’ai pas de mal à l’admettre. On sera tous d’accord pour dire que ces chiffres ne sont que des statistiques un peu inutiles, qui ne servent pas ceux qui avaient moins de courses par saison. Mais au niveau de l’impression, Bagnaia ne me choque pas moins que Stoner. Une fois que l’on passe outre cette magie visuelle qui se dégageait de la Desmosedici n°27, Bagnaia est un pilote bien plus complet, avec une force mentale largement supérieure à celle de Casey. Peu importe qui est devant l’autre dans les classements ; toujours est-il que mêler Bagnaia à ces discussions ne fait qu’entériner sa place dans l’histoire motocycliste.
Jorge Martin sauve les meubles
J’ai beaucoup apprécié le week-end de Jorge Martin. Alors que la dynamique n’était plus de son côté suite à sa signature hâtée chez Aprilia et son week-end en demi-teinte au Mugello, il a su se contenir et rouler intelligemment. Il aurait pu tout donner pour essayer de rattraper Pecco Bagnaia, mais c’était sans espoir. Il a préféré sauver deux deuxièmes places, avec un excellent départ lors du Grand Prix qui lui permit de s’affranchir d’une pénalité que l’on pensait plus encombrante.
C’est ce qui lui avait manqué en 2023 : être présent quand tout n’allait pas dans son sens. Avant, il aurait sans doute été cinquième, voire même plus loin. Il était deuxième à des années-lumières du reste du plateau ; cela reste un bon résultat, surtout face à un Enea Bastianini que j’ai trouvé moyennement convaincant sur l’ensemble de cette manche.
🏁 History in the making! 🏁
Congratulations to @peccobagnaia on matching @official_cs27’s record of 2️⃣3️⃣ wins with @DucatiMotor! 🌟 Here's to many more and an unstoppable journey ahead! 🔥 pic.twitter.com/EdGR7bf5KW
— Ducati Corse (@ducaticorse) June 30, 2024
Il reste premier au classement général, même s’il doit se méfier de Bagnaia, désormais son clair rival. Il est moins fort en ce moment, certes, et ne doit surtout pas se faire avaler durant cette période favorable à l’Italien. Du très bon boulot, récompensé par son 50e podium en carrière.
Bastianini, très bon mais trop tard
J’attendais Bastianini meilleur. Cela peut paraître fou après une troisième place lors du Grand Prix et une belle remontée pendant le Sprint. Et pourtant. En réalité, il n’a jamais été en mesure d’inquiéter Bagnaia et Martin, ses deux véritables concurrents. Il s’est qualifié 11e à plus d’une seconde de son coéquipier, ce qui est franchement limite à ce stade. Certes, il n’a pas été aidé par la physionomie de la Q2 mais c’est aussi le jeu, ce pourquoi Bagnaia avait opté pour une stratégie différente.
Et puis, concernant ses remontées, ça n’a rien d’étonnant. Sa position au départ n’est pas ce qui le retient ; non, c’est plutôt dû à ses envolées peu explosives pour un pilote de son calibre. Désormais sur la meilleure moto du plateau (qui a trusté les trois places du podium dimanche), il n’a pas réussi à se démarquer tôt dans les deux épreuves, ce qui conduisit à des « remontées » finalement assez lentes au vu des adversaires qu’il y avait sur son chemin. Il dut forcer son dépassement sur Marc Marquez dans le virage n°1 le dimanche, par exemple. Il reste très fort, c’est un fait, mais termine à sept secondes de la tête et environ trois de Martin ; à ce stade, c’est abyssal.
Simply faultless! 👌@PeccoBagnaia just loves Assen and Assen loves him back ❤️#DutchGP 🇳🇱 pic.twitter.com/yA7nzIJMPd
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) June 30, 2024
Quelques mentions
Voici quelques points qui ont retenu mon attention et que je voulais évoquer, pêle-mêle :
– J’ai remarqué que l’on parlait beaucoup moins de Pedro Acosta depuis quelques temps. On a loué son comportement et sa phase d’apprentissage, mais celle-ci prendra peut-être plus de temps que prévu. Rien d’anormal ; il reste le meilleur pilote KTM sur ce début de saison, mais son erreur dans l’ultime boucle à Assen montre qu’il n’est pas encore arrivé, loin de là.
– Maverick Vinales gâche encore une occasion. Il ne pouvait pas faire grand-chose face à Martin et Bagnaia, d’accord, mais cette sortie dans l’antépénultième tournant, sur l’un de ses circuits préférés, et qui plus est favorable à sa RS-GP – si l’on analyse les courses de ces dernières années, ça fait beaucoup. Je ne parle même pas de ce passage dans le vert dans la dernière chicane qui lui fait perdre la cinquième place. C’est dur, mais c’est le règlement. Aprilia continue de perdre beaucoup de points, et ces erreurs à répétition pourraient peser lourd à la fin de la saison.
J’en avais noté d’autres, mais cet article est déjà suffisamment long comme ça ! Et vous, qu’avez-vous pensé de ce Grand Prix des Pays-Bas ? Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport