Dans une période de transferts à si haute intensité, certains seront perdants, c’est mathématique. Pourtant, un pilote seulement semble en passe de quitter le Moto2 pour le MotoGP, et, de plus, Aleix Espargaro part en « semi-retraite ». Logiquement, tout le monde trouvera sa place. Et pourtant, au moment où nous écrivons ces lignes, Augusto Fernandez est plus que dans une impasse. Une analyse sur son compte s’impose.
Il n’y est pas
Finalement, l’explication de sa situation désespérée est assez simple. Ses résultats, cette année, sont très décevants. Alors, certes, il a une circonstance atténuante conséquente, à savoir la performance du package KTM, assez largement inférieure à celle de l’an dernier en comparaison des autres machines. Mais du coup, impossible de nier l’écart avec les autres employés de la firme de Mattighofen. Pedro Acosta, son coéquipier rookie, ne joue pas dans la même cour. Ce dernier pointe sixième du général, Augusto, 17e. Pas moins de 95 points les séparent. C’est un gouffre.
Le comparo peut-être naturellement difficile car Acosta n’est rien de moins qu’un talent générationnel ; avant même le début de saison, personne ne pensait qu’Augusto Fernandez pointerait devant lui malgré son année d’apprentissage supplémentaire. Mais le problème, c’est que Brad Binder aussi est loin. Dans son malheur, il peut se réconforter en voyant la position tout aussi délicate de Jack Miller au classement, seulement une place devant lui alors qu’il évolue dans l’écurie officielle. Mais ce n’est pas là un exemple, car si même si Miller se sauve grâce à son expérience ou sa nationalité (que l’on sait vendeuse), il n’est pas plus légitime à mes yeux – et nous allons en reparler.
Dans les faits, sur la piste, Augusto Fernandez fait pire que l’an dernier et ne montre pas de signes de progression au fil des épreuves. En plus de ça, il compte déjà trois abandons et deux résultats hors des points en neuf courses, et n’a jamais fait mieux que 11e au Portugal. C’est maigre, même avec cette septième place en Sprint à Jerez lorsqu’une bonne partie de la grille s’était fait avoir sur une tâche d’humidité.
Une situation trompeuse ?
En réalité, l’année dernière n’était pas des plus glorieuses non plus mais on l’avait pardonné, notamment car il était le seul rookie sur une machine réputée difficile. De plus, il avait tout de même montré qu’il avait les capacités de se dépasser au Mans, avec une belle quatrième place. Mais au final, il ne progressait pas plus, et avait déjà fini 17e au classement général. Quoi qu’il en soit, rien de tout cela ne joue en sa faveur, vous l’aurez compris.
Ceci dit, je dois reconnaître mon erreur. Je crois en ce pilote depuis 2019, et ne cachais pas ma joie lorsqu’il fut titré en Moto2 lors de la saison 2022. Ce sacre était exceptionnel, et tout me laissait penser qu’il allait y arriver en MotoGP, que son profil résolument discret allait en surprendre plus d’un. Bien sûr, la saison n’est pas terminée et la jurisprudence Di Giannantonio n’enterre pas tout espoir mais dans les faits, je m’attendais à mieux. Ainsi, mes pronostics se sont avérés erronés.
Encore une place
Vous êtes déjà au courant : les quatre places sont déjà prises chez KTM, et ni Miller ni Augusto ne seront conservés pour 2025. Devra-t-il quitter la catégorie ? Selon moi, il mérite une autre chance, car il n’a pas eu l’occasion de s’exprimer ailleurs que sur la KTM. Si Raul Fernandez a bénéficié d’une belle occasion chez RNF Aprilia en 2023, je ne vois pas pourquoi une équipe snoberait Augusto au profit, par exemple, d’un Jack Miller. Selon moi, l’Australien devrait être le plus proche de la sortie mais les deux pourraient retomber sur leurs pattes si et seulement si Fermin Aldeguer est le seul nouvel arrivant en MotoGP. Trackhouse Aprilia a toujours la piste Joe Roberts, mais elle semble plus froide qu’il y a quelques temps. Pourquoi pas, alors, voir la paire d’homonymes Fernandez au sein de l’équipe satellite de Noale. Pramac Yamaha cherche aussi du monde, alors il ne faut pas baisser les bras et qui sait, il pourra peut-être, dans les années à venir, rebondir et retrouver le chemin de la victoire car c’est un pilote de ce calibre. Personne n’est champion du monde par hasard.
Je suis très curieux de savoir ce que vous pensez d’Augusto Fernandez. Imaginez-vous qu’il retrouvera un guidon au plus haut niveau ? Dites-le nous en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Tech3