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Aprilia gâche

Il faut avouer que j’étais assez surpris au Portugal. Dans mon article visant à mettre en lumière les potentiels agitateurs du week-end dernier, j’avais bien inclus la firme de Noale, et particulièrement Maverick Vinales ; peut-être pas à ce point. Il a été assez incroyable, il faut le dire, mais une fois encore, Aprilia gâche. Elle gâche son premier podium en Grand Prix cette saison, elle gâche sa chance d’inquiéter Ducati. Chroniques d’un rendez-vous manqué.

 

La RS-GP 24 est monstrueuse

 

En ligne, je vois beaucoup de gens qui désignent clairement KTM comme la deuxième force du plateau. Je suis en désaccord avec cette thèse, et le rôle de cet article sera aussi d’illustrer ce point de vue. Mais avant, rendons à César ce qui lui appartient.

Le week-end de Maverick Vinales a été très bon, il faut l’admettre. En qualifications, il m’a ébloui, car il était dans le coup à moins d’un centième de la pole position. « Top Gun » a toujours eu une bonne vitesse sur un tour, mais si l’on excepte sa première place en qualifications lors du Grand Prix de Valence 2023, il n’en avait plus fait depuis 2021. Ces deux coups d’éclat réalisés quasiment successivement montrent clairement la progression de Vinales au guidon de l’Aprilia.

Puis, lors du Sprint, il fut intraitable. Victoire nette et sans bavure sur Marc Marquez et consort. Sa course fut tout aussi impressionnante en dépit de sa non résistance face à Jorge Martin. Enea Bastianini peinait à lui mettre la pression avant ses déboires mécaniques, puis sa chute depuis la troisième place. Maverick, pour la première fois depuis longtemps, ne m’a absolument pas déçu. Au contraire, d’ailleurs, il m’a impressionné. Son irrégularité chronique m’avait progressivement fait perdre foi en lui. Il pouvait s’élancer depuis les meilleures positions, et finalement, terminer loin dans le peloton. Cette fois, alors qu’il avait l’opportunité de gâcher une telle place en qualifications, il n’a fait que la sublimer.

 

Aprilia gâche

On sait qu’il est capable, mais c’est toujours surprenant de le voir faire. Photo : Michelin Motorsport

 

KTM ou Aprilia

 

Cette fois, c’est Aprilia qui gâche. Encore une fois, un problème mécanique touche l’un des employés. Quand ce n’est pas une erreur humaine, c’est une avarie. On a l’impression que la discipline n’est pas la même que chez les autres. Oui, cela pourrait arriver à tout le monde. Mais trois fois sur quatre, ça tombe sur Vinales ou Aleix Espargaro. Rappelez-vous cette fin d’année 2022 catastrophique, qui, heureusement n’avait pas conditionné la suivante. Mais encore en Thaïlande, l’an passé, seule l’Aprilia chauffait à n’en plus pouvoir, rendant son pilotage impossible. Quand cela se produisit, l’exercice était déjà joué. Mais cette saison, ils ne peuvent plus se le permettre.

Contrairement à beaucoup, je pense sincèrement que l’Aprilia RS-GP a son mot à dire face à la KTM RC16. Suivant cette logique, je pense que les Italiens sont en capacité de rivaliser avec les Autrichiens pour le classement constructeurs. Sur le papier, le quatuor KTM-GasGas est beaucoup plus fort, avec trois champions du monde contre un seul. Mais force est de constater qu’Augusto Fernandez ne fait pas mieux que son homonyme Raul, et je ne sais pas si Jack Miller est intrinsèquement meilleur que Miguel Oliveira. Il faut reconnaître que le Portugais galère pas mal depuis la mi-2023, et que son absence des tablettes empêche Aprilia de passer un cap.

 

 

Brad Binder est l’un des meilleurs, tout comme Pedro Acosta dont j’ai parlé plus tôt cette semaine. Si l’on prend les deux larrons comme le duo de pointe, alors Vinales/Espargaro est une moins bonne association. Mais cela est compensé par la machine. L’Aprilia, l’an passé, était la seule à pouvoir déposer la Ducati quand les conditions le permettaient. À Barcelone, Aleix Espargaro et Maverick Vinales ont survolé l’épreuve. Durant quelques instants, ils ont représenté une plus grande menace pour les Desmosedici que toutes les tentatives tantôt géniales, tantôt maladroites de Brad Binder.

 

Aprilia gâche

Sans doute la moto la plus aboutie en matière d’aérodynamique. Photo : Michelin Motorsport

 

Au Qatar, Aleix Espargaro était l’un des plus forts. Il aurait sans doute joué devant le dimanche si ce n’était pour un problème de pneumatiques. Il n’a pas été dans le coup au Portugal – de manière assez inquiétante, il faut le reconnaître, mais Maverick était là. Une nouvelle fois, aucune KTM n’avait la réponse.

Deux choses retiennent Aprilia. Un duo vieillissant somme toute moins explosif que chez les rivaux, et une fiabilité douteuse. Au vu des enjeux précédemment détaillés, la firme de Noale ne peut pas laisser autant de points lui échapper. Après tout, KTM n’avait devancé son concurrent que de 43 points « seulement » l’an passé, mais Aprilia n’avait quasiment pas eu d’équipe satellite régulière. S’il désirent faire cette différence, à leur portée selon moi, ces pépins doivent être proscrits car il y a réellement un coup à jouer.

Que pensez-vous de cette situation ? Dites-le moi en commentaires !

 

Maintenant, l’éternelle question : Peut-il le refaire ? Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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