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ère Bagnaia

« Pecco, tu étais plus fort. » Tels étaient les mots de Jorge Martin à l’arrivée du Grand Prix d’Autriche dans la cooldown room. Ce week-end, il y avait Bagnaia d’un côté, Martin d’un autre, et le reste du plateau en spectateur. Rapidement et sûrement, Bagnaia est en train de révéler sa légende, sa grandeur, son potentiel infini ; son ère, c’est maintenant. Prions pour que le championnat reste serré jusqu’au bout.

 

L’ère Bagnaia

 

Cet exercice 2024 est étrange à plus d’un titre. Pecco Bagnaia est dominant, ça ne fait aucun doute, avec déjà sept victoires en onze manches, ajoutées à trois succès en Sprint. Et pourtant, Jorge Martin tient bon ; meilleur que l’an passé, le « Martinator » est d’une régularité impressionnante, mais peine à tuer les courses comme le fait le pilote officiel. L’écart entre les deux n’est que de cinq points au championnat, c’est remarquable.

Le pire, c’est que cela pourrait bien continuer, malgré la différence assez nette que je vois entre les deux protagonistes. Bagnaia a déjà remporté autant de victoires qu’en 2022 et 2023, et pourtant, je n’imagine pas Martin lâcher du lest non plus. Sept succès, c’est normalement suffisant pour être titré. Pour référence, Fabio Quartararo a gagné cinq fois en 2021, Joan Mir une fois en 2020, et Marquez neuf fois en 2018. Clairement, nous sommes dans l’ère Bagnaia, caractérisée par une non domination statistique – notamment due à son style d’attaquant, mais aussi par une main-mise non négligeable sur les épreuves.

 

ère Bagnaia

Pecco Bagnaia égale le nombre de victoires de Kevin Schwantz. Photo : Michelin Motorsport

 

Je trouve personnellement qu’il a encore passé un cap en 2024. Cela ne se remarque pas à première vue, car Jorge Martin aussi a beaucoup progressé. Les deux sont plus loin des concurrents que lors de la saison 2023, il y a eux et les autres.

 

C’est grâce à la moto ?

 

J’entends, partout, que la Ducati Desmosedici GP24 est l’arme ultime, largement au-dessus des autres machines. Je suis à moitié d’accord avec cette affirmation. La supériorité de la GP24 est indéniable, bien sûr, aussi car l’Aprilia RS-GP et la KTM RC16 ne peuvent rien y faire en comparaison de l’année dernière. Je ne suis pas de mauvaise foi et ôte volontairement Franco Morbidelli de l’équation, car je sais qu’il ne reflète pas le vrai niveau de son matériel. Mais Enea Bastianini, en revanche, est un point de comparaison intéressant.

 

 

Selon moi, Marc Marquez est meilleur que lui depuis le début de cette saison, malgré l’absence de victoire. Si « Bestia » est devant au général, la position de Marquez est pondérée par de nombreuses erreurs. L’Espagnol est l’un des meilleurs de l’histoire, d’accord, mais il ne faut pas oublier que Bastianini est un monstre également, champion du monde Moto2 2020, et des plus redoutables en 2022 lorsqu’il était chez Gresini. L’étude du cas Fabio Di Giannantonio est intéressante aussi, car on le voyait progresser au guidon de la GP23 – avant qu’il ne se blesse en Autriche, jusqu’à devenir assez bon pour mériter une GP25 l’année prochaine.

Dès lors, au vu de l’écart entre Bastianini et le duo Martin/Bagnaia (reflété grâce au référentiel Marc Marquez), je pense sincèrement que les deux premiers au championnat sont en état de grâce. Il n’y a qu’à voir les dépassements, les départs, les séances de qualifications – où les deux larrons surpassent largement tous leurs concurrents y compris des spécialistes comme Marc Marquez, même avec une roue.

Le MotoGP, c’est une histoire de couples. Le pilote est toujours avec sa machine, l’un ne va pas sans l’autre. Rabaisser Bagnaia et Martin à leur GP24, c’est nier l’histoire motocycliste qui n’a fait que sacrer les meilleurs ingénieurs depuis 1949. Aujourd’hui, en analysant finement les courses, il est impossible d’occulter leur supériorité au guidon, leur maestria qui s’est rarement mieux exprimée que sur les collines du Red Bull Ring à l’occasion de ce Grand Prix d’Autriche, écrasé par ces forces immuables.

Plus la saison avance, et plus je peine à distinguer Martin et Bagnaia tant ils ont la même approche, la même philosophie de la course et les mêmes principes admirables.

 

ère Bagnaia

Pecco Bagnaia est invaincu au Red Bull Ring depuis 2022, soit cinq courses en comptant les Sprints. Photo : Michelin Motorsport

 

Un Sprint qui aurait pu être différent ?

 

Maintenant que cette digression est terminée, revenons rapidement sur le week-end et l’action qui nous fut proposée. Globalement, c’était assez pauvre en spectacle, mais c’est la période qui veut ça – nous en reparlerons demain. Le Sprint aurait pu être plus accroché si Martin n’avait pas fait cette erreur, qui conduisit à une pénalité justifiée.

Rapidement, revenons sur ce point de règlement. Si un pilote prend un échappatoire, il ne doit pas seulement laisser repasser son vis-à-vis, mais perdre une seconde pleine, volontairement. De toute évidence, Martin ne l’a pas fait. La pénalité est donc, comme je le disais plus haut, justifiée. Maintenant, est-elle méritée ? Je ne le pense pas, mais un règlement ne devrait pas être soumis aux émotions, le mérite est un paramètre résolument abstrait. Il n’y a pas longtemps, je disais que je voulais voir plus de mathématique dans les décisions de la direction de course. Je ne peux donc pas me plaindre quand le panel applique le règlement à la lettre, même s’il entache – de fait – le spectacle. Ça ne serait pas juste que de les critiquer pour cela.

Finalement, c’était aussi la conclusion de Jorge Martin, donc on s’y retrouve. Lui préconisait un changement de règlement, et je suis assez d’accord. Impossible, dans la chaleur d’une bataille, de perdre une seconde précisément. Dans les échappatoires et les chicanes, il faudrait mettre en place des balises derrière lesquelles le passage des pilotes leur assureraient de perdre assez de temps pour ne pas être sanctionnés. De mémoire, c’est le cas en Formule 1.

Qu’avez-vous pensé de ce week-end de Grand Prix ? Dites-le moi en commentaires !

 

Dans une autre ligue. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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