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Álex Rins

C’est la rumeur qui agite cet été bien calme au demeurant. Álex Rins, six fois vainqueur de Grands Prix, serait dans le viseur de Yamaha pour remplacer Franco Morbidelli, pilote décevant depuis son arrivée au sein de l’équipe officielle mi-2021. Qui sortirait gagnant d’un tel transfert ? Dans cet article, nous allons tout analyser afin de juger d’une telle manœuvre, qui rebattrait définitivement les cartes dans le peloton.

 

Un choix cohérent

 

Tout d’abord, commençons par dire que nous excluons du débat toute considération financière, des sponsors jusqu’au salaire. Ici, nous allons juger la rumeur du point de vue sportif, purement et uniquement.

Il serait bien dommage que Yamaha manque l’occasion si elle se présentait. C’est le premier point. Quoi qu’on en pense, Álex Rins est un très bon pilote, qui, comme tous les autres, ne se plaît pas vraiment chez Honda. Nous parlons ici d’un homme vainqueur en MotoGP à six reprises, troisième du championnat en 2020 et capable de franchement gagner, il l’a prouvé encore récemment contrairement à Franco Morbidelli. Objectivement, Yamaha doit tenter le coup et la firme d’Iwata n’a pas manqué le coche puisqu’elle a envoyé une offre il y a peu. Dans d’autres termes, Yamaha n’a aucun intérêt à ne pas le faire : Pour eux, les risques sont minimes, et cela représente une grande amélioration par rapport à un Franco Morbidelli en difficulté. Ce transfert serait donc cohérent, au moins dans ce sens là.

 

Álex Rins

Rins est toujours le seul vainqueur sur une autre marque que Ducati en 2023. Photo : Michelin Motorsport

 

Au-delà d’un très bon pilote, Yamaha trouverait ici un vainqueur, avec la mentalité qui suit. Même s’il n’a jamais remporté de titre mondial, Álex Rins est un pilote transcendant qui peut réaliser ce coup d’éclat inattendu, comme un éclair de génie. Certes, cela ne se reflète pas souvent au classement – nous en reparlerons ultérieurement – mais des accomplissements aussi explosifs pourraient faire entrer les bleus dans une dynamique positive, exactement ce dont ils ont besoin en ce moment. Yamaha cherche de la confiance, et un profil comme celui-ci serait un bien meilleur choix qu’un pilote plus conservateur comme Luca Marini (dans l’absolu) ou Johann Zarco.

 

Quels avantages pour Álex Rins ?

 

Dans l’autre sens, quel intérêt aurait Álex Rins à signer chez Yamaha ? En premier lieu, cela lui permettrait de se sortir de ce bourbier sans nom qu’est Honda, même s’il a déjà gagné une course au guidon de la RC213V à Austin. De toute évidence, la firme ailée patauge, mais pourtant, Rins sortait du lot en ce début de saison. Malgré sa blessure, il est encore, à l’heure actuelle, le premier pilote Honda au classement.

En s’engageant chez Yamaha, il rejoindrait un projet pas beaucoup plus performant, mais au moins, au sein de l’équipe d’usine. Une revanche, car pour des raisons que l’on ignore, Honda Repsol lui avait préféré Joan Mir alors que la logique sportive aurait dû dicter le contraire. Aux côtés de Fabio Quartararo, il formerait le deuxième power duo de la grille, avec deux pilotes qui peuvent jouer la gagne à chaque course, comme la paire Bagnaia/Bastianini chez Ducati. Ces équipages qui peuvent dynamiter un weekend, avec, à chaque fois, le costume d’outsider sur les épaules.

Yamaha reste une grande écurie et bénéficie de cette image d’institution, on ne peut pas le nier. En recherche de son premier titre mondial, Rins sait que Yamaha, si la firme retrouve des couleurs, est parfaitement capable de lui donner. Nul doute qu’Álex Rins se sait capable d’incarner la marque, comme il l’avait fait avec Suzuki. Malgré le titre de Joan Mir, Rins restera l’emblème de cette épopée Suz’ de 2015 à 2022. Il pourrait assumer ce statut sans problème.

 

Álex Rins

Álex Rins peut jouer tout devant. Ici à Phillip Island l’an passé, avant sa victoire. Photo : Michelin Motorsport

 

Le quatre en ligne, un argument valable ?

 

L’argument selon lequel Álex Rins connaît les moteurs à quatre cylindres en ligne ne tient pas vraiment. En effet, depuis 2016 et l’introduction de l’ECU unique, il est bien plus difficile de dire que telle architecture est avantagée à tel moment de la saison. Oui, les moulins « en ligne » ont des points forts comme des points faibles mais le nivellement de la grille empêche de les constater clairement. L’exemple prime sur la théorie. Depuis 2020, on sait que Ducati possède la meilleure machine mais pourtant, deux pilotes armés d’un quatre cylindres en ligne (Joan Mir puis Fabio Quartararo) ont remporté le titre. Jorge Lorenzo n’avait connu que ça avant d’arriver chez Ducati, et pourtant, il s’adapta rapidement au moteur – les résultats de sa saison 2017 sont assez sous-cotés d’ailleurs. Álex Rins a suivi le chemin inverse, et il remporta son premier Grand Prix sur la Honda V4 après seulement trois manches.

Finalement, dernier exemple, la Ducati V4, pilotée par Bagnaia, est meilleure en courbe que la Yamaha 4 el ligne pilotée par Quartararo alors que les virages étaient le point fort majeur des bleus il y a 10 ans. De fait, on ne peut plus se fier à ce paramètre.

 

Álex Rins, souvent absent

 

Alors, bien sûr, il y a toujours à redire car aucun transfert n’est parfait sur le papier. Yamaha est au courant qu’ils pistent un pilote irrégulier, même si cela n’est pas tant un problème si Quartararo est bon de l’autre côté du box. Álex Rins n’est plus tout jeune du haut de ses 27 ans, et même dans ses fraîches années, il n’a jamais réussi à transformer la constance qui le caractérisait en Moto2 dans la plus prestigieuse des catégories, excepté pour la fin de saison 2018. Ainsi, il est souvent mal classé au général malgré des podiums et des victoires, surtout depuis 2021.

Mais le plus gros problème réside dans la fiabilité du bonhomme. Álex est très souvent blessé, et d’ailleurs, il l’est encore à l’heure où nous écrivons cet article. Que ce soit de sa faute ou pas, c’est un problème quand cela touche un membre de l’équipe d’usine, surtout quand c’est la seule formation qui représente la marque sur la grille en l’absence d’équipe satellite. Depuis 2017, il n’a connu que deux saisons pleines (2018 et 2019), c’est maigre, d’autant plus que chaque chute remet en question le futur. Nous ne pouvons garantir qu’il retrouve sa forme du début de saison même s’il est vrai qu’il n’a jamais tardé à se remettre dans le rythme en sortie de convalescence.

 

Conclusion

 

Selon nous, il s’agirait d’un bon transfert, au moins meilleur que tout ce que propose Honda depuis l’arrivée de Cal Crutchlow chez LCR en 2015. Pas exceptionnel non plus, car nous avons du mal à croire qu’il fasse mieux sur Yamaha que ce qu’il n’avait proposé chez Suzuki en six ans mais cela serait déjà très correct. Nous avons relativement peur de l’Álex Rins qui chute lors de quatre Grands Prix consécutifs, mais attendons avec impatience celui qui s’impose d’un souffle grâce à un coup de génie.

Selon nous, très humblement, nous aurions préféré un choix encore plus audacieux ; Tony Arbolino, gros caractère directement issu du Moto2, avec Fabio Quartararo en clair n°1. Après tout, rien n’est fait pour l’instant et cela a encore des chances d’arriver. Quoi qu’il en soit, le recrutement d’Álex Rins serait tout à fait cohérent et pourrait réellement aider Yamaha dans le cas d’une collaboration fructueuse.

C’est votre tour ! N’hésitez pas à nous dire ce que vous pensez de la rumeur en commentaires ! Êtes-vous d’accord avec notre analyse ?

 

Silverstone 2019, le bijou de sa carrière. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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