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Dimanche, nous avons assisté à un grand moment de MotoGP. Une course fabuleuse sur un circuit légendaire, mais très difficile à analyser. Comme d’habitude, revenons en plusieurs points sur la 18e manche du championnat du monde.

I) Une démonstration du show MotoGP post-2016

Finalement, cette course représente parfaitement ce qu’est la MotoGP depuis 2016, ses bons et ses mauvais côtés, dont nous avons déjà parlé. L’ère de l’électronique standardisée permet des exploits sortis de nulle part, où l’on ne peut pas se rattacher à des éléments concrets pour expliquer la performance d’un pilote.

La victoire d’Álex Rins est magnifique. Grâce à une vitesse de passage en courbe affolante, notamment dans « Southern Loop » – le deuxième virage pourtant extrêmement difficile, l’Espagnol s’est joué de la dynamique du championnat. Depuis sa blessure à Barcelone et son retour aux Pays-Bas, Rins n’était pas mauvais. En atteste sa belle prestation à Silverstone, achevée finalement en septième position mais avec le meilleur tour en course. Cependant, de manière générale, il était simplement hors du rythme, terminant entre la 7e et la 12e place. Sa vitesse sur un tour n’était pas non plus remarquable. C’est là un problème récurrent depuis son passage en Moto2 et accentué par le comportement de la Suzuki.

La firme d’Hamamatsu elle-même n’y était plus, jusqu’à dimanche matin, 5 h 00, heure française. Avant cette horaire, personne ne pouvait prévoir une victoire de Rins. C’est aussi la beauté du MotoGP moderne. Ainsi, ce triomphe fait énormément penser à d’autres succès inexplicables à l’image de Brad Binder à Brno en 2020 ou Miguel Oliveira à Portimão la même année.

 

C’est la première victoire de Suzuki à Phillip Island. Photo : Michelin Motorsport

 

II) Si inexplicable que ça ?

Oui. Autant couper court au suspens. Essayons de raisonner et de trouver une explication : Le tracé. En effet, Phillip Island est très différent des circuits modernes et les pilotes y sont confrontés à des conditions uniques. Ainsi, l’adaptation est la clé, mais pas seulement. Étrangement, il ne récompense pas toujours la vitesse, mais la capacité à faire la différence en paquet.

Les profils de certains vainqueurs précédents nous en disent plus. Nous y retrouvons Cal Cruthlow mais aussi Maverick Viñales, deux pilotes disposant de cet atout. Coïncidence, c’est l’une des plus grandes armes d’Álex Rins. Cela peut s’expliquer par l’absence de gros freinages à plat et la grande vitesse moyenne (impliquant une grande aspiration), rendant difficile une échappée. Cependant, nous reconnaissons que c’est maigre. Alors certes, Álex y avait déjà gagné en Moto3 et en Moto2, mais n’y avait jamais réalisé un podium en catégorie reine, tandis que Márquez y comptait trois victoires.

Ceci paraît difficile à croire, car Rins n’a pas surgi au dernier moment en se mettant en jambe quelques tours à l’image de Márquez en 2015. Dès la mi-course, il était le plus vite, le plus pro-actif et le plus à l’aise, avec une grosse confiance en ses pneumatiques et sa machine au sein d’un groupe leader relativement lent. Ensuite, si l’on suit la logique précédemment exposée, Bagnaia aurait dû s’imposer. Ll’Italien est incisif, à le sang (de plus en plus) froid, tout en étant bien plus rapide que l’officiel Suzuki. Bien sûr, il est possible d’évoquer la place de la chute de Fabio dans le développement de la course de Bagnaia, qui n’avait pas intérêt à tenter le tout pour le tout. De manière générale il n’était pas aussi vite qu’à l’accoutumée. Peut-être en raison d’un manque de confiance dans le pneu avant, engrangé par de la prudence vis-à-vis de l’arrière, comme il l’a expliqué après la course.

Márquez, lui aussi, à réalisé une épreuve dans la continuité des dernières, toujours en précaution et en réaction. Ceci est d’autant plus effrayant, et confirme ce que nous présentions dans l’analyse publiée la semaine passée. Il n’a jamais vraiment été en mesure de s’imposer et semblait moins à son aise que Rins ou Bagnaia, mais cela suffit à monter sur le podium, le 100e de sa carrière.

 

La confiance qu’avait Rins en lui-même et sa machine était ahurissante, malgré un déficit de vitesse en ligne droite. Photo : Michelin Motorsport

 

Conclusion :

Ne pas trouver d’explications quant à la performance d’un pilote peut être frustrant, mais certainement pas grave. La beauté du sport, en général, ne s’explique aucunement. Nombreux sont les grands exploits, dans l’histoire, à reposer sur la magie de l’instant plutôt que sur la logique. Finalement, ce Grand Prix nous apprend, ou nous rappelle, qu’il ne sert à rien de toujours vouloir trouver la réponse. Tout ce que nous avons à faire, c’est prendre du recul et féliciter Álex Rins.

Que pensez-vous de sa prestation ? Dites-le-nous dans les commentaires ! Tous seront lus et débattus. 

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