Avant le début de saison, nous présentions les points à
surveiller tout au long de l’année.
Dans cette même rubrique, nous avions postulé qu’Álex Márquez était
le pilote qui jouait le plus gros de toute la grille. Après un
début de carrière MotoGP en demi-teinte, l’opportunité dorée de
signer chez Gresini Racing au guidon d’une Ducati Desmosedici s’est
présentée. Une aubaine pour un double-champion du monde en
recherche de légitimité. Après cinq courses, quel bilan en tirer ?
Analyse.
I) Le compte n’y est pas
Très objectivement, commençons par nous pencher sur le bilan
statistique du bonhomme. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il
n’est pas dans le coup. Actuel 12e du championnat, Álex Márquez
peine dans le ventre mou du peloton et ne colle « que »
16 points à son coéquipier Fabio Di Giannantonio,
sans doute l’un des cinq pilotes les plus faibles du plateau.
Il a tout de même réalisé un podium et une pole position en
Argentine. Mais ne nous voilons pas la face, les conditions étaient
singulières. Il faut quand même souligner ce bel effort.
Pour le reste, c’est très moyen avec beaucoup de chutes,
mais nous allons y revenir par la suite.
Bien sûr, son bilan est largement meilleur que celui de l’an
dernier au même point, c’est évident, d’autant plus qu’il a joué de
malchance comme nous l’étudierons un peu plus loin.
Mais par rapport aux attentes placées en lui, nous ne pouvons être
que déçus. Avant l’entame, nous pronostiquions une
saison d’outsider à la hauteur de son palmarès ; pourquoi pas
le voir jouer les trouble-fête à chaque course. Un peu à
l’image de ce que fait Luca Marini actuellement, bref, beaucoup
mieux que ce qu’il nous propose. Car au-delà des
résultats, c’est surtout ce qui cloche.
II) Un problème d’approche
Parmi les 22 pilotes qui composent la grille MotoGP (en
temps normal), il est l’un des moins justes de tous.
Explications.
La justesse est difficile à définir mais elle mélange intelligence
de course et capacité de dépassement et de jugement. En clair,
c’est votre propension à tirer le maximum de chaque opportunité.
Dans ce domaine, il fait pire que son frère Marc, c’est
dire.
Álex Márquez est à la limite sur chaque dépassement, et encore au
Mans, cela s’est vu avec une erreur dans le virage de la Chapelle
qui lui coûtera une pénalité de trois positions sur la grille du
Grand Prix d’Italie. Cette fois, elle était parfaitement
justifiée selon nous car totalement inutile d’une part, et
dangereuse.
Si ce n’était que cela, nous ne le relèverions pas. Mais avec lui,
c’est lors de chaque sortie, ou presque. Lors du Sprint, au
Mans, il se retrouvait encore au cœur d’un accrochage avec Aleix
Espargaró. Il en résulte de nombreuses chutes, bien que
celle de dimanche dernier ne soit pas totalement de son fait : Il
ne pouvait pas éviter Luca Marini.
III) Pourquoi tant d’engagement ?
Il le sait pertinemment : Álex Márquez doit performer
pour espérer garder un guidon en MotoGP. C’est pour cette
même raison que nous l’avions placé dans les sujets à suivre avec
la plus grande attention avant la manche portugaise. À
chaque sortie, il désire se montrer, prouver qu’il peut, lui aussi,
jouer avec les ténors.
Alors, oui, il faut aussi noter que ses deux abandons d’Austin ne
sont pas de sa faute : Comme d’autres, il a eu la
guigne. Malade le samedi puis fauché par Jorge
Martín le dimanche, il ne put rien faire.
Au vu de son package, il est normal de lui en demander
plus. Le début d’année est propice à la percée des
machines satellites car les officielles ne vont faire que
progresser courant 2023. Si l’on prend en compte son équipe, il
dispose d’une machine très performante avec laquelle Enea
Bastianini faisait des miracles l’an passé.
Il reste des motifs d’espoir, c’est certain. Comme dit
précédemment, son bilan statistique est teinté de malchance et cela
peut tourner, et nous pensons que sa performance
« vaut plus » que la 12e place. Mais de là à naviguer
entre la 4e et la 6e place, c’est une autre limonade.
Nous sommes convaincus qu’il doit changer son approche et plus
largement, se calmer pour son bien et celui du peloton.
Qu’en pensez-vous ? A-t-il les ressources pour changer la
dynamique en sa faveur ? Dites-nous tout en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport