Parmi les nombreux rebondissements auxquels nous avons
assisté à Buriram, l’opération d’Aleix
Espargaró est passée inaperçue. Incroyable mais vrai, il
pointe désormais à 20 points de la première place du championnat,
avec trois manches à disputer. La question à laquelle nous allons
tenter de répondre est simple : Peut-il gagner le titre ? Réponse
en plusieurs points.
I) Tellement proche, mais tellement loin.
Vous conviendrez que 20 points d’écart, dans une saison ou chacun
peut en marquer 500, n’est pas un si grand écart.
Cependant, nous allons tout de suite mettre fin au suspens. Non,
nous ne pensons pas (tout du moins l’auteur de cette article, qui
ne représente nullement la rédaction du site) qu’Aleix puisse être
couronné à Valence.
Avant même de rentrer dans une analyse approfondie, il est
nécessaire de comprendre que rattraper 20 points de retard,
seulement trois courses avant la fin, est quasiment
impossible. Pour que vous appréhendiez la difficulté de la
tâche, rappelez-vous 2015. Jorge Lorenzo, pilote
le plus rapide de la saison, accusait un retard de 18 points à
trois courses de la fin. C’est déjà énorme. La
différence majeure, ici, est que deux pilotes se dressent sur le
chemin de l’Espagnol.
Nous n’allons pas jouer les prophètes et imaginer tous les
scénarios, mais mathématiquement, il faudrait que
Quartararo et Bagnaia chutent les deux au
moins une fois en trois courses, tout en comptant sur des
performances d’Espargaró. Pour être concis, il
faut qu’Aleix marque 7 points de plus par course
que l’officiel Yamaha pour espérer saisir le Graal. Pour rappel,
Quartararo a marqué, en moyenne, 12,8
points par course depuis le début de l’année et
Bagnaia tourne à 19,4 depuis Assen. Aleix, de son
côté, ne rafle que huit points de moyenne si l’on observe les
résultats post Silverstone, soit la rentrée estivale.
II) Des miracles se sont déjà produits, pourquoi pas
cette fois ?
C’est vrai. Nous avons déjà eu des situations
folles à cette période de l’année. L’exemple le plus probant est
2006. À trois manches du terme, Valentino Rossi était déficitaire
de 21 points, mais est arrivé à Valence avec huit
points d’avance, soit 28 points de repris en deux
courses, pour finalement perdre
le titre. Encore une fois, un seul pilote se
dressait sur sa route, et non deux.
Mais la principale raison n’est pas là. Aleix est
l’outsider, et non l’homme qui anime le championnat. S’il
affiche un très grand niveau cette saison, les deux autres sont
simplement trop rapides, trop forts, affichent un rythme trop élevé
pour l’Espagnol. Ce fut aussi le cas de Rossi en
2006 et Lorenzo en 2015, pilotes les plus
proactifs et performants lors de leurs saisons respectives. Depuis
l’Italie, et hormis un podium à Aragón, il n’est plus un «
performer » de premier plan. Ceci dit, Fabio aussi peine
considérablement ces derniers temps, et cela serait différent avec
seul le Français comme adversaire.
Le vrai problème se nomme Bagnaia. C’est triste à
dire, mais Espargaró ne peut compter que sur des chutes de
l’Italien pour espérer avoir sa chance à Valence, et une
statistique impressionnante illustre ce propos. Si l’on compile les
courses où les deux ont terminé sur leurs roues, Bagnaia a
terminé neuf fois devant Aleix, contre trois seulement dans l’autre
sens. Plus important encore : Il faut remonter au Grand
Prix du Portugal (12 courses en arrière) pour trouver Aleix devant
Bagnaia à l’arrivée.
Certes, les chutes font partie intégrante du sport moto, et il est
possible, même si peu probable, que Bagnaia parte à la faute à deux
reprises. Mais la différence de vitesse est trop importante,
surtout que Quartararo possède également un bilan positif contre
lui malgré sa méforme récente (10-4 quand les deux
terminent, sans compter le Japon, non représentatif pour
Aleix).
Conclusion :
Espargaró réalise une saison exceptionnelle,
cela ne fait aucun doute. Si nous louerons longtemps
ses grandes performances réalisées en Argentine et aux Pays-Bas, il
est un peu court pour espérer jouer le titre malgré les 20 petits
points qui le séparent du leader. Principalement en raison du
contexte et des pilotes à battre devant, plus rapides sur un tour
et affichant un meilleur rythme peu importe les conditions météo et
la configuration du circuit. Mais un miracle n’est jamais
loin, et puissent les dieux du MotoGP nous faire mentir
!
Cela reste notre avis, et n’hésitez pas à en débattre dans les
commentaires. Tous serons lus et
discutés !
Photo de couverture : Michelin Motorsport