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hiérarchie Ducati

Depuis le début de saison, la hiérarchie Ducati est assez difficile à lire. Qui est le vrai n°1 ? Qui est le moins bon élève des rouges ? Avec huit motos sur la grille, pas facile d’y voir clair. Aujourd’hui, penchons nous sur cette question et croyez-moi, regarder le classement général ne suffira pas. Êtes-vous prêts ? C’est parti !

 

Pas ce que vous imaginez

 

J’en conviens, il semble facile de déterminer une hiérarchie quand un système de points existe. Mais non, cette analyse ne sera pas consacrée à cela. En plus des résultats sportifs, je vais essayer de jauger la dynamique, la progression, le matériel, bien sûr, en ajoutant un maximum de contexte à chaque cas. La comparaison entre les coéquipiers est légion, déterminante pour comprendre la place d’un pilote sur la grille par rapport au statut dont il jouit.

Il s’agit plus d’un power ranking à l’américaine – qui appréhende la forme au moment T – couplé à une analyse contextuelle. Il existe un exemple très simple pour illustrer ce que je veux dire : Au championnat, Johann Zarco est derrière Augusto Fernandez. Pourtant, il paraît évident que le Français est le meilleur des deux, et son bilan comptable s’explique. La position ne veut pas tout dire.

Fini l’introduction, place au classement, avec un petit paragraphe explicatif pour chacun.

 

1 – Pecco Bagnaia

 

hiérarchie Ducati

Bagnaia a souvent une longueur d’avance. Photo : Michelin Motorsport

 

Je persiste à dire que Bagnaia est le n°1 chez Ducati, comme son numéro l’indique. Il est celui qui compte le plus de victoires cette saison, se bat régulièrement devant et n’est freiné que par lui même et ses erreurs. Il est dans la meilleure équipe sur la meilleure machine. Le combo gagnant, assurément. En pleine confiance, il a encore montré en Italie qu’il pouvait dominer de la tête et des épaules, en Sprint comme en Grand Prix. Se battre, il sait faire aussi, sans problème. Sa position au championnat – deuxième à 18 points derrière Jorge Martin – ne reflète pas totalement sa puissance, selon moi. Il est le premier danger de la firme de Borgo Panigale.

 

2 – Marc Marquez

 

Aussi surprenant que cela puisse paraître, je place Marc Marquez en deuxième position, soit devant Jorge Martin. Ceci s’explique assez facilement. Même s’il a été un ton en dessous de Pecco et du « Martinator », il a montré qu’il avait encore la vitesse, la détermination, et l’aura d’une légende. Sur une Desmosedici GP23 en difficulté aux mains des autres, il fait des miracles, même s’il force encore de temps à autre. L’octuple champion progresse doucement mais reste sur une base très solide, avec une excellente capacité de projection en début de course. Oui, d’après moi, ce qu’il fait est plus impressionnant que les exploits de Martin.

 

3 – Jorge Martin

 

Venons-en au fait. Cela peut paraître paradoxal au vu du classement, car Jorge est premier actuellement. Je trouve que les gens oublient facilement ses moments d’absence comme en Espagne ou en Italie et les pardonnent beaucoup plus qu’à Pecco Bagnaia. D’ailleurs, au Mugello, il était visiblement perturbé par ce mercato qui n’est pas allé dans son sens. Et puis, comparé à Marc Marquez, par exemple, on sait qu’il est capable de telles prouesses puisqu’il jouait déjà le championnat l’an dernier. C’est pour cette raison qu’il est difficile de noter des progrès, il partait de très haut. Martin est l’un des meilleurs, c’est une certitude, et continuera de se battre pour la couronne 2024. Mais est-il, d’après mon analyse, meilleur que Bagnaia et Marquez ? Je ne le pense pas. Pas loin, c’est vrai, et parfois meilleur sur un jour, mais sur le pur plan du potentiel, je les imagine plus haut.

 

hiérarchie Ducati

Le Martinator doit tout donner cette saison. Photo : Michelin Motorsport

 

4 – Enea Bastianini

 

Évidemment, Bastianini arrive en quatrième place, assez loin du podium. Une position qui lui convient bien, exactement la même que celle qu’il occupe au général d’ailleurs. Je le voyais un peu plus fort, mais il ne déçoit pas non plus. Sa défection de Ducati pourra peut-être le pousser à se donner, mais la firme lui fera-t-elle confiance jusqu’à la fin de son contrat, surtout avec un Bagnaia qui fait déjà bien le job à côté ? Pas sûr. Pour l’instant, une chose est certaine : Bastianini n’a jamais pu franchir le cap nécessaire pour s’annoncer comme un légitime prétendant au titre, ce qui n’est pas le cas des trois hommes que j’ai placé devant lui.

 

5 – Fabio Di Giannantonio

 

Cela peut vous paraître dingue, mais je pense que l’écart entre « Diggia » et « Bestia » est plus faible qu’entre Bastianini et Marc Marquez. Nouveau dans l’écosystème VR46, Di Giannantonio a parfaitement su s’adapter et travaille très bien. Il est régulier, progresse, et même, est détenteur d’une belle vitesse intrinsèque. Encore loin de ses exploits de la fin 2023, cela signifie qu’il a encore de la marge alors qu’il est déjà très bon. Pour un pilote qui était promis au Superbike à six Grands Prix de la fin de la saison passée, c’est remarquable. Je ne serais pas surpris qu’il s’améliore encore jusqu’à jouer les podiums dans quelques temps.

 

6 – Franco Morbidelli

 

C’est peut-être trop bien payé, certes. Mais même avec toute la mauvaise foi du monde, il faut noter les progrès de Franco Morbidelli. Après une année 2023 honorable avec Yamaha, il est arrivé chez Pramac Ducati aux côtés d’un as sans pouvoir tester la machine durant l’hiver en raison d’une grave blessure. Ses débuts au Qatar étaient catastrophiques, mais il est bien revenu avec une approche brouillonne mais efficace, récompensée par deux quatrièmes places en Sprint ainsi que deux apparitions dans le top 7 lors des deux derniers Grands Prix qu’il a terminé. C’est de mieux en mieux, et je ne serais pas surpris qu’il conserve son rôle chez Pramac au vu du déclassement que va subir l’équipe en l’absence de Martin l’an prochain.

 

7 – Marco Bezzecchi

 

Un podium, et puis plus rien. Même si je suis déjà longuement revenu sur son profil dans cet article, je ne peux qu’être désolé de sa situation actuelle. Si l’on excepte sa course de Jerez, il a été méconnaissable, à des années-lumières d’un Pecco Bagnaia qu’il chatouillait par moments l’an passé. Sa valeur sur le marché des transferts a chuté, si bien que l’on a jamais évoqué son cas au moment de la sélection du nouveau pilote officiel Ducati. La GP23 ne lui va pas, mais il pourrait revenir en cas de soudain déblocage de performance ; le talent ne se perd pas en si peu de temps. L’opportunité chez Aprilia est intéressante ; nous y reviendrons en détail la semaine prochaine.

 

Bénéficier d’un très bon matériel peut amener à d’autres problématiques. Photo : Michelin Motorsport

 

8 – Alex Marquez

 

Mais qui parle encore d’Alex Marquez ? Alors qu’il avait laissé entrevoir une belle vélocité en 2023, il a été absent des débats. Mais totalement absent. Il est régulier, oui, mais ne compte aucun podium, aucune pole position, aucun meilleur tour en course et surtout, seulement deux apparitions dans les points lors des Sprints. Totalement dans l’ombre de son frère chez Gresini Ducati, on ne le voit plus du tout à l’écran, et c’est même terrible. Il demeure dans cet espèce de ventre mou, qui ne se traduit par rien de bon au général. À la 10e place, coincé entre Fabio Di Giannantonio au dessus et Marco Bezzecchi en dessous (« Diggia » a déjà 23 points d’avance sur l’Espagnol), il ne joue pas grand-chose, si ce n’est la conservation de sa place pour l’année prochaine. Même sa quatrième place à Jerez est passée inaperçue, et depuis, il n’est plus jamais entré dans le top 6. Comme pour le « Bez », la GP23 lui résiste.

Qu’avez-vous pensé de cet article ? Êtes-vous d’accord avec mes choix ? Donnez-moi les vôtres en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Photo de couverture : Michelin Motorsport