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Wild-card

La saison 2023 a notamment été marquée par un grand nombre de blessures, n’épargnant pas les meilleurs de la catégorie. Par le fait, les équipes remplacent (ou pas) les absents le temps d’une ou plusieurs courses par des wild-cards, des pilotes inscrits pour une courte période de temps afin d’assurer la présence de l’équipe sur la grille. Malheureusement, ces derniers sont souvent au fond du peloton et ne bénéficient pas d’un temps d’antenne conséquent ; c’est pourquoi nous voulions leur consacrer deux articles. Passons en revue tous les remplaçants, en analysant leur entame en détail.

I) Précision

Nous trouvons relativement dommage que l’esprit des wild-cards ait changé. Il y a 25 ans, les équipes n’hésitaient pas à prendre un risque pour récompenser un pilote brillant en petites catégories, ou plus largement, un espoir qui avait là une chance de se révéler aux yeux du monde. Depuis quelques années, « wild-card » est synonyme de « pilote d’essai », et c’est bien dommage de voir constamment les mêmes têtes occuper les mêmes postes.

II) Stefan Bradl

La carrière de Stefan Bradl est l’une des plus étranges. Champion du monde Moto2 en 2011 face à Marc Márquez, il n’a pas vraiment réussi sa transition en MotoGP. Son rôle de pilote d’essai HRC lui offrit une place spéciale au sein de l’équipe.

Depuis la blessure de ce même Marc Márquez à Jerez en 2020, on ne voit plus que lui, ou presque. Les absences répétées de l’octuple champion du monde lui conférèrent un rôle spécial, unique dans l’histoire. Tenez-vous bien ; depuis le Grand Prix d’Espagne 2020, l’Allemand s’est présenté au départ de 25 courses, contre 29 pour Márquez ! Depuis 2018, soit sa date d’embauche par la firme ailée, cela représente au total 34 manches disputées. Tout simplement énorme.

 

Wild-card

En rouge et bleu, ou en orange, peu importe, Bradl n’est jamais loin. Photo : Michelin Motorsport


Maintenant, qu’en est-il de son niveau en 2023 ? À déjà 33 ans, nous l’avons vu évoluer deux fois déjà. Aux États-Unis, il remplaça de nouveau Márquez sous les couleurs Repsol mais ne termina pas la course comme tous ses coéquipiers à l’exception du vainqueur Álex Rins.

À Jerez, il était là en tant que véritable wild-card, rouge et bleu Honda sur le dos. Étonnement, son week-end n’était pas si catastrophique avec une 19e place en qualifications, devant Joan Mir champion du monde MotoGP 2020 ! Il devançait toutes les autres wild-cards sauf Pedrosa mais au vu de son statut hybride, cela n’est pas si étonnant.

Puis, le dimanche, il termina 14e soit son meilleur résultat depuis Jerez 2021 (12e), ce qui n’est donc pas tant un échec. C’est plus qu’honnête, même si l’on persiste à dire qu’Honda devrait se permette plus de folies niveau remplaçants. De manière générale, L’audace affichée par la firme ailée ces dernières années est proche de zéro. Dommage.

III) Jonas Folger

C’est le grand retour de Folger, un pilote que nous apprécions particulièrement et dont l’histoire souligne sa grandeur. En raison de problèmes de santé, il avait dû quitter le championnat du monde courant 2017 alors que le pilote Yamaha Tech3 proposait de belles choses au guidon. Il tenta plusieurs retours infructueux au niveau mondial, que ce soit en Moto2 lors de la saison 2019 (cinq Grands Prix, aucun point) ou en WSBK en 2021 chez BMW (abandon en cours de saison, sept courses dans les points sur vingt-neuf).

Quelle ne fut pas notre surprise de le voir à nouveau au guidon d’une MotoGP en lieu et place de Pol Espargaró, blessé depuis le Portugal. Déjà, nous félicitons GASGAS Tech3 car la décision est belle, un beau pied de nez au destin.

Arrivé aux États-Unis, Jonas Folger était particulièrement lent (à six secondes pleines de la pole) mais qui peut lui en vouloir ? Aujourd’hui, nous voulons rendre hommage à ce guerrier qui depuis, a fait beaucoup de progrès. Pendant la course, il termina 12e soit sa première apparition dans les points en MotoGP depuis Misano 2017, il y avait 2044 jours de cela. Certes, il était dernier, mais franchir la ligne fait aussi partie du job.

On le vit aussi à Jerez, ainsi qu’en France, où il n’était plus qu’à trois secondes du poleman Pecco Bagnaia. Encore dernier, l’écart avec le premier ne fait que diminuer donc cela est bon signe. Ne pas attaquer jusqu’à la chute lui permit de figurer dans les points une fois de plus.

Avec ces deux courses intelligentes, il récolta sept points et figure désormais devant Joan Mir au classement général ! À peine croyable. Profitons de cet instant pour le féliciter une fois de plus, car la force mentale nécessaire pour se remettre en condition et plus largement, se frotter de nouveau à l’élite est tout à fait héroïque. Chapeau bas.

IV) Michele Pirro

C’est incroyable. Ce pilote cessera-t-il d’être performant un jour ? Lui aussi est un habitué des remplacements et autres wild-cards chez Ducati. Depuis 2013 (!), il vient le temps d’une, voire deux courses, finit bien, et repart jusqu’au prochain appel.

L’année dernière, on le sentait en difficulté et on le comprend ; À 36 ans, ce rôle n’est pas facile à assumer face à une concurrence toujours plus féroce. Trois résultats blancs ponctuèrent sa saison, ce qui aurait pu marquer la fin d’un cycle. Que nenni.

 

Toujours là. Photo : Michelin Motorsport


Aux États-Unis, il fut appelé pour remplacer le durchéant Enea Bastianini, blessé depuis Portimão lui aussi. D’entrée, il se qualifia 18e devant les deux Fernández et termina 11e pendant la course en évitant la chute, à moins de cinq secondes de Fabio Di Giannantonio, titulaire depuis 2022. Sans pression. Il n’avait pas fait mieux depuis le Grand Prix d’Italie 2019. Au Mans, un autre fut choisi mais ça, c’est pour plus tard !

Rendez-vous demain, même heure, pour la suite de ce tour d’horizon. Qu’en avez-vous pensé des wild-cards ? Dites-le nous en commentaires !

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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