Pour comprendre le tracé actuel du circuit du Mugello, autrement dit, l’Autodromo Internazionale del Mugello, il faut comme bien souvent replonger dans le passé…
Comme un peu partout dans le monde occidental, l’avènement de l’automobile au début du 20e siècle a rapidement engendré des compétitions sur routes ouvertes. Ce fut également le cas en Italie et, dès 1914, fut créé le Grand Prix de Mugello, utilisant un tracé de 66 kilomètres. Malgré la concurrence progressive de la Targa Florio, la course toscane a rapidement trouvé sa place et s’est développée pour aboutir à une épreuve dont il fallait parcourir le tracé à 8 reprises.
Ce dernier partait de Scarperia puis montait à Firenzuola, traversait le col de Futa et redescendait à San Piero et Scarperia. Ceux qui se sont déjà rendus sur place savent à quel point les petites routes de montagne environnantes comportent de virages…
Évidemment, au début, tout se passait bien et la ferveur populaire était au rendez-vous en regardant les bolides enchaîner les courbes au bord du vide (Enzo Ferrari y a gagné en 1921 sur une Alfa Romeo, un détail qui prendra son importance des décennies plus tard). Mais, au fil des ans, les voitures sont devenues de plus en plus puissantes, réduisant peu à peu la sécurité à néant, d’autant que si les routes étaient fermées pour les courses et les qualifications, elles restaient ouvertes au public durant les essais !
A la fin des années 60 et début des années 70, les Alfa Roméo 33, Abarth 3000, Porsche 908, Lola T70 et autres Ford GT40 pouvaient donc occasionnellement croiser des Fiat 500, des charrettes ou quelques uns des 200 000 spectateurs rarement conscients du danger…
Ce qui devait arriver arriva, en 1970, lorsqu’un bébé de sept mois a été tué par le pilote local Spartaco Dini qui a écrasé son Alfa Romeo GTA sur un groupe de personnes dans le village de Firenzuola lors d’un test privé. Quatre autres personnes, dont deux jeunes enfants, ont été grièvement blessées. Après cet incident, Spartaco Dini passa deux mois en prison et, une fois sa peine purgée, il quitta l’Italie pour ne plus y revenir pendant des années. La course de cette année 1970, devenue très populaire depuis l’arrêt des Mille Miglia en 1957 et le déclin de la Targa Florio, s’est avérée être la dernière, bien qu’il n’y ait eu qu’un seul décès sur le circuit original du Mugello parmi les pilotes (Günther Klass en 1967).
Les autorités avaient d’ailleurs déjà commencé à chercher un site pour un parcours fermé permanent et la tragédie n’a fait qu’accélérer ces plans.
Le terrain à Barberino di Mugello avait été identifié comme étant le plus approprié, niché comme dans une vallée pour créer des enchaînements naturels et des changements d’altitude aptes à rappeler les routes environnantes. Plusieurs aménagements ont été envisagés avant l’approbation de la version finale, dont ce projet de 1971 très proche du tracé définitif.
On le doit à l’ingénieur Gianfranco Agnoletto. Dans la première phase d’exécution des travaux, deux tracés sont prévus : L’un de 2 600 mètres, et l’autre de 5 250. Dans un second temps, compte tenu de la disponibilité du terrain, un nouveau tronçon sera construit (en fait, non), portant la longueur totale approximativement à 7 000 mètres. La piste de 5 250 mètres a une « ligne droite » d’environ un kilomètre et la piste aura une largeur variable entre un minimum de 9 et un maximum de 13 mètres. Deux bandes herbeuses d’au moins 3 mètres chacune seront implantées sur le côté de la chaussée, tandis qu’une voie de service de 3 mètres flanquera toute la voie à l’extérieur de celle-ci.
La vitesse moyenne attendue de la piste de 5 300 mètres sera d’environ 170/180 km/h.
La construction débute en 1973 et est officiellement achevé le 23 juin 1974 pour des courses de F5000, Formule Italie et Formule Ford Mexico particulièrement arrosées (certaines ont été raccourcies), alors que la première course moto est prévue pour le 1er septembre avec le Gran Premio Città di Cessation.
D’emblée, l’Autodromo Internazionale del Mugello est plébiscité par les pilotes, avec sa grande ligne droite et ses enchaînements vallonnés.
Cependant, son avenir semble se détériorer au bout de quelques années, en proie à des difficultés financières et mis en péril par des rumeurs persistantes selon lesquelles la vallée serait inondée pour créer un réservoir afin d’approvisionner la ville de Florence à proximité.
Heureusement, le circuit est acheté par Ferrai en 1988 afin de pouvoir essayer ses F1 en toute tranquillité. A partir de là, les installations ne cesseront de se développer pour atteindre la structure actuelle, aussi belle qu’efficace, en particulier en 1991 avec la construction de nouveaux box qui ont permis le retour définitif des Grands Prix motos après l’édition du Grand Prix des Nations de 1976 où Ángel Nieto y remporte la course des 50cc…
Pier Paolo Bianchi celle des 125cc…
Walter Villa celle des 250cc…
Johnny Cecotto celle des 350cc…
et Barry Sheene celle des 500cc.
Les années 1978, 1982, 1984 et 1985 ont également permis d’accueillir les Grands Prix (de Saint-Marin) sur le circuit toscan.
En 2020, en pleine pandémie, à défaut de MotoGP, le tracé typique a accueilli le 1027e Grand Prix de Formule 1 (GP de Toscane). En 2021, le public est de retour pour voir les héritiers du Continental Circus, et Fabio Quartararo y réalise le record du circuit en 1’45.187.
En 2022, Jorge Martín y atteint 363,6 km/h.