Que ce soit l’échelle de la planète ou de notre sport préféré, la situation est relativement grave. Aussi, comme le demande d’ailleurs lui-même Carmelo Ezpeleta, le grand patron du MotoGP, il nous semble très important aujourd’hui de nous référer entièrement à ses propos, et uniquement, sans verser dans des hypothèses hasardeuses quant à la suite du championnat…
Carmelo Ezpeleta : « bonjour et merci à tous. Vous savez les choses qui sont arrivées. J’ai reçu beaucoup de questions des journalistes pendant le week-end dernier et nous avons décidé qu’il était mieux de faire cette conférence de presse pour faire le point sur où nous en sommes, sur ce qui se passe jusqu’à présent et sur ce que nous préparons pour la période comprise entre maintenant et la fin de saison. »
« Avant tout, il est important de clarifier que la collaboration avec les autorités du Qatar a vraiment été très bonne. Depuis que les choses ont commencé, la situation a changé chaque jour et nous avons essayé de nous en accommoder avec l’accord de toutes les personnes du paddock pour faire le maximum que nous pouvions. »
« À partir de samedi dernier, nous avons commencé à voir des problèmes concernant certaines nationalités qui devaient venir au Qatar. Nous avons commencé à prendre en compte cela mais nous avons été très chanceux que les tests Moto2 et Moto3 se soient déroulés il y a une semaine et que toutes les personnes concernées soient là. Cela nous a rendu la tâche très facile d’organiser les deux courses que nous ferons ici. Dès le début, nous avons décidé avec le circuit international de Losail, la fédération qatarie et le gouvernement du Qatar de faire les courses Moto2 et Moto3, ainsi que celle de l’Asia Talent Cup. »
« Ensuite, nous avons discuté chaque jour et il y a eu beaucoup
de discussions entre samedi matin et samedi soir avec les autorités
du Qatar. Nous avons envisagé différentes possibilités jusqu’à
dimanche matin, où tout paraissait plus ou moins OK. Beaucoup de
personnes arrivant d’Italie s’étaient posées à Doha sans problème,
puis, soudainement, en milieu de journée, à cause de la situation
en Europe qui a changé pour plusieurs gouvernements, la situation a
profondément changé ici. À effet immédiat, les personnes qui
venaient d’Italie ou d’autres pays allaient être obligatoirement
mises en quarantaine ici au Qatar, cela rendait évidemment les
choses difficiles et nous avons commencé à envisager d’autres
possibilités. Parmi elles, l’une était d’affréter un charter pour
toutes les personnes vivant en Italie, puisque cela ne concerne pas
seulement les ressortissants italiens. Nous avons essayé
d’organiser un vol à partir de la France ou d’un autre pays pour
essayer de faire venir le nombre minimal de personnes pour
participer. Nous avions même parlé avec les autres personnes pour
nous mettre d’accord pour que tous les teams MotoGP, même ceux qui
étaient au complet, utilise le même nombre maximum de personnes que
les autres. Nous avons essayé de faire cela et nous avions presque
trouvé un accord samedi après-midi. En fait, ce que nous avons vu
c’est que tout le monde est venu très tôt car il était alors
autorisé de rentrer au Qatar, mais comme je l’ai dit, tôt le
dimanche après-midi, un vol est arrivé de Rome et toutes les
personnes, pas seulement les Italiens, se sont vues interdire
l’entrée ici : soit elles pouvaient rentrer en Italie soit rester
14 jours en quarantaine ici. Évidemment, aucune de ces possibilités
n’était bonne pour nous et nous avons alors essayé d’organiser un
vol en provenance de Nice en demandant à ce que certains éléments
de la communauté du MotoGP, mécaniciens, ingénieurs et pilotes,
puissent venir seulement pour la course, rester dans un certain
endroit et repartir. Mais nous avons également vu que cela n’était
pas possible le dimanche après-midi.
J’ai parlé avec le ministère des sports puis ils ont parlé avec le
ministère de la santé, mais je dois dire, et il est très important
de dire, que la collaboration avec les autorités du Qatar a été
bonne et que nous avons avec eux essayé de rendre la course
possible. Voilà la situation actuelle. »
« Que va-t-il se passer dans le futur ? C’est quelque chose que nous ne pouvons pas prévoir. Cela dépend, car la situation change quotidiennement à travers le monde et la seule chose que je peux dire, c’est que nous essaierons de faire tout ce qui est possible : soit reporter, soit autre chose. Notre objectif aujourd’hui est de travailler ensemble, comme nous l’avons fait durant toute cette période, pour essayer de faire le championnat dans les meilleures conditions possibles et en maintenant le maximum de course que nous pouvons. Nous avons été préparés à cela. Voilà la situation. »
« Le prochain Grand Prix est aux États-Unis mais nous ne savons rien. Nous attendons le dernier moment pour envoyer tout le matériel. Si la situation change entre maintenant et ce moment, nous prendrons une décision. Il est également clair que nous avons essayé de déplacer la course aux États-Unis vers la fin d’année à la place d’une des courses en Espagne, puisqu’à cause du court laps de temps que nous avons avant la fin mars pour faire la course, il est impossible pour un circuit d’organiser une course MotoGP entre maintenant et la fin mars. »
« La situation fait que nous annonçons aujourd’hui la nouvelle date pour la Thaïlande grâce à l’aide apportée par le gouvernement d’Aragón qui a avancé d’une semaine la course en Aragón : nous ferons la course en Thaïlande une semaine plus tard. »
« Nous avons donc de nombreuses possibilités en prenant en compte tous les éléments, et l’objectif principal de la FIM, de l’IRTA et de Dorna est de maintenir le championnat. Cela doit être clair. »
« Ensuite, nous demandons à toute la communauté du MotoGP de ne
pas prêter attention aux rumeurs. S’il vous plaît ! Car il y a
toujours des personnes très heureuses d’annoncer des choses
interdites ou des choses qui ne le sont pas… »
« Nous sommes tous ensemble, nous parlons avec toutes les personnes
autour du monde et nous essaierons de faire le championnat : nous
sommes assez forts pour essayer de le faire ! Le premier article
que nous avons dans n’importe quel contrat avec les promoteurs,
c’est que nous devons respecter les lois. Si une loi s’y oppose,
nous ne pouvons rien faire, mais jusqu’à ce qu’une loi nous
interdise d’aller quelque part, nous continuerons. Et quand la loi
nous l’interdit pour le moment, nous pensons déjà au futur : notre
objectif, à la FIM, à l’IRTA et à Dorna, et de maintenir le
championnat avec le nombre maximum de courses ! C’est comme ça !
»
« Le reste ? Nous prenons des mesures ici avec le circuit international de Losail, comme la non-présence des spectateurs dans le paddock, ou ce que nous avons bien préparé comme équipement spécialisé au cas où un cas viendrait à survenir parmi la communauté du paddock, car cela peut arriver. Nous avons également pris différentes mesures pour que la situation des teams Moto2 et Moto3 devienne meilleure. »
« Nous avons les autorités locales, les autorités sanitaires et tout le reste connectés ensemble pour faire le maximum, mais notre volonté première est de dire à tout le monde que nous voulons faire les Grands Prix, et je suis sûr que nous pouvons les faire ! Bien sûr, ce ne sera pas un championnat normal et nous devrons sans doute changer des choses, mais nous voulons toujours conserver deux choses : que le côté sportif soit égal pour tout le monde, puis de nous accommoder à la situation. C’est quelque chose de très clair ! »
Si les États-Unis et l’Argentine sont touchés par le virus, existe-t-il matériellement une solution pour les reporter en fin de saison ?
« Aujourd’hui, oui ! Aujourd’hui, les deux ! Les États-Unis et l’Argentine sont OK, mais je ne dis pas ce qui se passera dans un futur proche, mais je dis que nous avons assez de possibilités pour résoudre les problèmes. Pour moi, après les États-Unis et l’Argentine, nous serons en Europe et cela dépendra de la situation en Europe. C’est la chose la plus critique. Aujourd’hui, certaines autorités ont interdit un grand nombre de spectateurs. Le problème vient de deux choses : le nombre de spectateurs ensemble et la situation dans le paddock par rapport à certaines nationalités interdites. Nous pensons à des solutions pour chacun de ces points. Même comme ça, nous pensons à des possibilités pour parler aux autorités : à chaque mesure qui arrive, nous avons des idées pour réagir à ces mesures. »
Y a-t-il une possibilité de voir des courses sans spectateurs autour des circuits ?
« Tout est possible ! La chose la plus importante pour nous est d’avoir une solution, tous ensemble avec tout. Nous disons toujours que Dorna, avec son accord avec la FIM et l’IRTA, est une société qui fait des courses. C’est notre obligation ! Pour nous, plus important que le côté économique, c’est de faire des courses ! Et je peux vous assurer, avec la collaboration de toutes les personnes de l’IRTA et de tous les managers des équipes MotoGP, Moto2 et Moto3, que nous essaierons de faire le plus de courses que nous pourrons ! Je ne vous dis pas maintenant que je suis optimiste, ou pas, mais la seule chose que je vous promets, c’est que nous travaillerons dur pour faire les courses, quelles que soient les solutions ! Les 19 courses restantes ! »
Existe-t-il une chance pour faire la course MotoGP au Qatar plus tard ?
« Non. La course MotoGP au Qatar est annulée, et cela est clair. Comme ils ont déjà dépensé l’argent pour venir ici, tous les teams MotoGP, Moto2 et Moto3 vont recevoir [leur paiement]. De plus, le Qatar s’est engagé à travailler pour l’année prochaine et ils doivent commencer maintenant car ils ont déjà planifié le travail. Si, à la fin de la saison, il y a une possibilité, alors nous verrons. Mais aujourd’hui, nous aurons des courses Moto2 et Moto3 ce week-end et en principe le MotoGP du Qatar est annulé. Mais quelle que soit la possibilité qui se présenterait, nous l’étudierions. Bien sûr, puisqu’il s’agit d’une bataille sportive entre les participants, quand nous publions le calendrier et le règlement, c’est simple pour tout le monde. Chaque changement ne pourrait avoir lieu qu’avec l’accord de tout le monde, mais d’après les conversations que j’ai eues avec les équipes, tout le monde veut faire le plus de courses possibles, dans les mêmes conditions égales pour tout le monde. »
Cet engagement que vous avez avec le MotoGP est-il le même avec le Superbike ?
« Absolument ! La raison en est que le Superbike a été annulé pour la semaine prochaine exactement pour les mêmes raisons : beaucoup de personnes venant d’Italie. Nous verrons s’il est possible de le refaire, mais, en particulier au Qatar, nous avons déplacé plus des traditionnelles dates de la fin d’année vers le début d’année, seulement pour nous autoriser à pouvoir travailler sur le futur. »
Cette annulation de la course MotoGP au Qatar est-elle occasion de mettre en avant les Moto2 et les Moto3 ?
« Nous essayons toujours de promouvoir les Moto2 et Moto3 ! Ce sont des catégories très importantes et nous avons toujours conservé le championnat MotoGP avec trois catégories, et je pense qu’il s’agit là d’un de nos gros accomplissements. Ce week-end, le focus sera davantage sur les Moto2 et Moto3, puisque la MotoGP n’aura pas lieu. Normalement, c’est l’opposé mais oui, c’est une belle opportunité et nous en sommes heureux, car les équipes et les pilotes Moto2 et Moto3 étaient déjà ici. Si nous avions su cela, il aurait été très simple de dire aux équipes et aux pilotes MotoGP de rester ici, puisqu’ils sont partis seulement quatre ou cinq jours avant. Dans ce cas là, on aurait tout eu. Mais je le répète, une des choses de cette crise du coronavirus, est que la situation change tous les jours. Vous pouvez vous demander ce qui ce serait passé si on avait prévenu cela. Les choses sont claires, depuis le dernier week-end et maintenant, nous faisons preuve du maximum d’imagination pour savoir ce que nous pouvons faire, quoi qu’il se passe. Je le répète, il est très important pour nous de maintenir le calendrier et de faire le nombre maximum de course tout en conservant les mêmes possibilités sportives pour tout le monde. »
Combien de personnes comptiez-vous faire venir ici en charter ?
« Nous avons envisagé, et cela paraissait possible, de faire venir autour de 150 personnes. Avec ces 150 personnes et une cinquantaine de personnes venant d’autre part, la course était possible. Mais le problème est qu’ils ont immédiatement interdit tout le monde. Je le répète, il ne s’agissait pas seulement les personnes de nationalité italienne mais aussi de toutes les personnes venant d’Italie ou ayant séjourné en Italie durant les 14 derniers jours. »
Avez-vous envisagé la possibilité d’un test sanguin pour pouvoir rentrer sur le territoire du Qatar ?
« Nous avons travaillé là-dessus mais, quoi qu’il en soit, nous avons suivi le ministère de la santé du Qatar, et ils ont dit que ce n’était pas possible. Mais bien sûr, nous conservons cette possibilité pour le futur, de faire un test sanguin en avance. Par contre, faire venir les gens en provenance d’Italie sur le circuit 14 jours en avance et les garder en quarantaine n’est évidemment pas possible. Nous pensons que nous avons d’autres possibilités. Gardez à l’esprit que dans ce cas particulier, nous savons seulement des problèmes avec le MotoGP, mais à partir de maintenant, il y aura beaucoup plus de gens en provenance d’Italie à cause des équipes Moto2 et Moto3, et nous devons considérer que pour faire les courses MotoGP, Moto2 et Moto3, il faut un nombre minimal de plus de 1 000 personnes. »
Dans le pire scénario, quel est le nombre minimal de courses qui doivent avoir lieu pour que le championnat soit validé ?
« Contractuellement, avec la FIM, il doit y avoir 13 courses. Mais notre objectif est de faire les 19 courses restantes, si nous le pouvons. Et il y a des possibilités ! Même dans le pire des cas, même avec le plus d’annulations, nous avons suffisamment de temps. Peut-être que nous courrons dans les pays où il fait chaud à Noël (rires) mais nous sommes durs comme du bois et notre travail est de faire des courses, et nous ferons les courses ! Le président de la FIM avec qui j’ai parlé aujourd’hui viendra peut-être demain, et peut-être qu’ils devront reporter la cérémonie du président de la FIM, mais pour nous le plus important est de faire des courses. »