La marque japonaise a réussi à décrocher le titre chez les pilotes cette saison après six années d’attente. Une réussite en grande partie liée aux progrès sur la M1, mais aussi à la contribution d’un certain Fabio Quartararo.
2021 aura donc été marquée par le retour au sommet de Yamaha, qui a réussi à décrocher le titre chez les pilotes par l’intermédiaire de Fabio Quartararo, une première depuis 2015 et le dernier sacre de Jorge Lorenzo.
Le pilote français, non content de remporter le premier titre d’un tricolore dans la catégorie reine depuis la création du championnat du monde de vitesse moto en 1949, a en effet constitué la véritable cheville ouvrière du retour en grâce de la marque aux trois diapasons cette saison.
Avec cinq victoires, le Niçois est ainsi le pilote à s’être imposé le plus de fois cette saison (sans compter cinq autres podiums ainsi que cinq pole positions), de justesse devant Pecco Bagnaia et ses quatre succès acquis à la toute fin d’un exercice terminé en trombe par l’Italien.
2021, la lumière au bout du tunnel
Un véritable soulagement pour l’équipe officielle Yamaha, qui a donc réussi à revenir au premier plan après plusieurs années marquées par des vicissitudes de tout ordre. « Comme vous pouvez l’imaginer nous sommes ravis, satisfaits de cette saison », a ainsi confirmé Massimo Meregalli, le directeur de l’équipe, au micro du site officiel du MotoGP. « Nous avons pu renouer avec le titre après six ans d’attente. Ces cinq dernières années en particulier ont en effet été assez difficiles pour nous, nous avons pas mal piétiné et connu des hauts et des bas. Mais cette année nous avons retrouvé cette régularité qui nous faisait défaut lors des derniers exercices. »
Une régularité rendue en partie possible par un gros travail sur les problèmes qui affectaient la M1 ces dernières saisons, au premier rang desquels la traction et la bonne gestion du pneu arrière. Mais aussi grâce à l’arrivée de Fabio Quartararo, qui a su insuffler un vent nouveau au sein de la structure. « Nous avons pu démarrer une relation avec un nouveau pilote, qui s’est avéré jeune et rapide », reprend le responsable italien. « Quand il est arrivé dans le garage, je dois dire que toute l’ambiance a bien rajeuni. Il a amené sa joie de vivre tout en étant parfaitement en mesure de gérer la situation, d’être rapide et sérieux tout en étant concentré durant toutes les séances. A côté de cela il a toujours le sourire et se montre serviable. »
Un état de fait qui a nécessité de gros efforts de la part du Français, auteur par le passé de sautes d’humeur, comme ce fut le cas à Jerez en 2019, lorsqu’il n’avait pas pu convertir sa première pole position dans la catégorie reine en résultat à l’arrivée en raison d’un sélecteur de vitesse défectueux, ou à l’issue du Grand Prix d’Emilie-Romagne l’an passé, où il avait été sanctionné pour avoir franchi les limites de la piste.
Du passé pour le nouveau Champion du monde, qui à 22 ans a su faire preuve de recul et se remettre en question pour parvenir à être un pilote complet cette saison, et à aller chercher un titre qui s’était refusé à lui en 2020 faute d’avoir tenu la distance.
Une machine encore perfectible
Alors bien sûr tout n’aura pas été parfait au cours du dernier exercice, la Yamaha se montrant encore rétive à l’occasion lorsque les conditions de course ne sont pas optimales, comme ce fut le cas lors du Grand Prix d’Autriche remporté par Brad Binder (où Quartararo a fini septième), ou sur des circuits qui n’ont jamais été réellement favorables au constructeur japonais (sa huitième place en Aragón par exemple).
« Il y a encore des domaines dans lesquels nous devons progresser, ainsi que sur certaines pistes comme en Aragón, ou bien dans des conditions mixtes, lorsque la piste n’est pas sèche mais pas tout à fait détrempée non plus », concède ainsi Meregalli. « Mais comme vous pouvez l’imaginer, le plus important est que nous ayons réussi à atteindre notre objectif. C’est finalement difficile de réaliser que nous ayons pu avoir une saison aussi solide cette année. »
« Il est difficile de réaliser que nous ayons pu avoir une saison aussi solide cette année »
L’échec Viñales
Un autre point noir de la saison 2021 de Yamaha aura par ailleurs été sans nul doute la fin de la relation avec Maverick Viñales. Malgré une entrée en fanfare cette saison symbolisée par une victoire lors de la première manche au Qatar, les liens entre le pilote espagnol et le constructeur nippon se sont par la suite inéluctablement distendus jusqu’à se rompre définitivement à l’approche du Grand Prix de Styrie.
La fin d’une aventure débutée en 2017, et marquée par huit succès pour le numéro 12, mais qui n’a jamais débouché sur le moindre titre. Débarqué il y a cinq ans dans l’équipe avec la ferme intention de tailler des croupières à Valentino Rossi et de se présenter comme son successeur légitime, Viñales a sans doute fait les frais des problèmes que commençait alors à rencontrer concomitamment Yamaha au niveau de la transmission de puissance au sol, et qui a souvent compromis la constance de la M1 en course.
Pis, c’est alors que les équipes techniques semblaient avoir trouvé la martingale que l’Ibère s’est fait doubler par Quartararo cette saison. On imagine la pilule dure à avaler, et dès lors la relation entre l’Espagnol et la marque japonaise n’a fait que se dégrader jusqu’à la rupture définitive cet été. « Du côté des pilotes, le bilan est un peu mi-figue mi-raisin », reconnaît là-aussi Meregalli. « Il est vrai que nous avons vécu une saison formidable avec Fabio, mais d’un autre côté nous avons eu ce problème avec Viñales, ce qui nous a contraint de mettre un terme à notre relation avec ce dernier. »
Il a donc fallu trouvé une solution de secours, Cal Crutchlow remplissant le rôle tant bien que mal lors de trois manches où l’Anglais n’aura pas été en mesure de décrocher le moindre point, avant de voir Franco Morbidelli reformer avec Quartararo l’association qui avait fait des merveilles au sein du team Yamaha Petronas en 2019 et 2020.
Mais le timing ne fut pas bon, l’Italo-Brésilien n’ayant pas achevé la récupération d’une blessure au genou datant du printemps et une chute survenue dans le ranch de Valentino Rossi. « Il y a eu Cal Crutchlow qui nous a rejoint pour quelques courses, avant que Frankie [Franco Morbidelli] nous rejoigne », reprend Meregalli. « Le problème est qu’il est arrivé chez nous dans une condition physique qui était loin d’être parfaite, et nous sommes encore en train de travailler dur avec lui pour l’aider dans sa récupération, qui n’est pas encore achevée et qui prend du temps. »
« Nous aidons Morbidelli dans sa récupération, qui n’est pas encore achevée et qui prend du temps »
Anticiper au mieux la menace Ducati
Gageons que Morbidelli sera revenu à 100% de ses capacités pour la saison prochaine. Il faudra bien cela pour contrer la montée en puissance des Ducati, qui ont par moment semblé irrésistibles en fin de saison. La GP21, aboutissement d’un travail de longue haleine dans les usines de Bologne depuis deux ans, ne peut franchement plus être assimilée parfois vulgairement à une machine n’étant à l’aise que sur les tracés rapides ou bien proposant un profil « stop-and-go ».
Au contraire, celle-ci semble dorénavant être une arme à même de s’imposer sur tous les terrains, comme l’ont montré les quatre succès de Bagnaia lors des six dernières courses de la saison. La toute dernière, à Valence, a en ce sens fait forte impression dans le paddock alors que le circuit espagnol n’avait que rarement souri par le passé à Ducati et au Transalpin lui-même.
Malgré cela, Meregalli se veut confiant, sûr de ses forces pour l’an prochain : « Si on considère l’avenir, celui-ci s’annonce brillant : nous avons deux bons pilotes, et nous sommes certains qu’avec eux nous pouvons vivre une nouvelle saison solide l’an prochain. » De là à viser également les titres chez les constructeurs et les équipes, tombés dans l’escarcelle de Ducati cette année, il n’y a qu’un pas.