Pendant que, petit à petit, Ducati faisait son nid, en garantissant un statut de véritable partenaire à ses équipes satellites au soutien technique sans faille, les Japonais, à commencer par Yamaha, continuait à considérer ses alliés comme de simples clients payant un matériel jamais à jour. Le temps, les résultats et la compétition ont fait leur œuvre pour en arriver à une situation révélant une grille de départ en MotoGP avec huit Ducati. Le comble de la mauvaise foi est que ceux qui n’ont rien fait pour éviter ça, alors qu’ils étaient encore dans une position dominante, jettent à présent la pierre aux Italiens, se gardant bien de s’interroger sur leur propre suffisance. Mais les déclarations restent et le constat aujourd’hui est fait par un Maio Meregalli au nom de Yamaha : ne pas avoir considéré ses appuis, tant qu’ils existaient, est à inscrire au tableau des nombreuses erreurs stratégiques commises en un temps record par les Japonais en Grand Prix.
Au vu de la situation actuelle de Yamaha dans cette saison de MotoGP, qui s’inscrit sur une pente dangereusement glissante vers le fond des classements, une descente aux enfers que Honda vit par ailleurs en précurseur, Maio Meregalli, soit le team manager de la structure usine de la marque d’Iwata, fait ce constat sur motorsport-total : « ne pas avoir de team satellite est un gros désavantage ».
Des propos qui reviennent à pleurer sur le lait renversé et d’autant plus qu’il y a seulement un an, Fabio Quartararo commentait sur ce qui n’était encore que des rumeurs colportant le passage de l‘équipe RNF dans le camp d’Aprilia : « si je reste avec Yamaha l’année prochaine et qu’il n’y ait que deux Yamaha sur la grille, ce ne sera pas vraiment un problème. Parce que nous avons encore du mal à faire de bonnes comparaisons avec notre deuxième équipe. Donc pour moi ça ne changerait pas grand-chose ». En quelques phrases, Fabio Quartararo signalait que RNF n’était d’aucune utilité à Yamaha. Mais Maio Meregalli en peu de mots constate qu’être avec les seules deux M1 officielles, c’est tout de même dommageable.
« Chez Yamaha, nous ne voulions pas perdre l’équipe satellite et nous retrouverons certainement notre équipe satellite à l’avenir »
Si le Champion du Monde 2021 disait en 2022 que « ça ne changerait pas grand-chose » de ne pas avoir deux autres Yamaha sur la piste, ça modifie pas mal les plans de Meregalli en 2023… Il dit en effet : « nous faisons le travail à 100% nous-mêmes. Les autres peuvent le partager, peut-être que chaque équipe peut assumer 25%. Si nous parlons des pneus, les autres peuvent partager la tâche de choisir les gommes, mais nous, nous ne pouvons pas. Ce n’est qu’un exemple, mais malheureusement c’est comme ça ». Et il précise : « nous ne voulions pas perdre l’équipe satellite et nous retrouverons certainement notre équipe satellite à l’avenir ».
Une conclusion qui parait tout de même optimiste, même si l’homme de Yamaha a un calendrier en tête : « pas encore pour 2024, car toutes les équipes ont un accord pour la période 2024. Mais dès que nous commencerons la saison prochaine, nous entamerons la discussion à ce sujet ». Oui mais avec qui ? La VR46 était la cible privilégiée au nom de l’histoire avec son patron Valentino Rossi. Mais dès que Ducati confirmera fournir une GP24 et un soutien comme un contrat usine à Marco Bezzecchi dans la structure managée par Uccio Salucci, cette perspective s’évanouira. A moins que Yamaha ne métamorphose sa M1 en machine à nouveau gagnante, mais comme pour Honda, on ne croit pas plus au miracle à Iwata qu’à Tokyo.
Cependant, le roi a beau être nu, ça ne l’empêche pas de garder la tête haute. Le chef mécanicien de Fabio Quartararo, Diego Gubellini, révèle ainsi : « ne pas avoir d’équipe satellite ne sera pas un avantage pour moi mais ce ne sera pas pire. Si vous regardez les résultats de Yamaha en 2022, seul Fabio a été capable de se battre et de gagner. Plusieurs pilotes sur la même moto sont utiles s’ils peuvent être plus ou moins compétitifs ». Pas faux, mais Yamaha croit-il encore être en mesure de faire la fine bouche si la moindre opportunité se présente ?
