En 2020, chez Yamaha, deux écueils ont été souvent montrés du doigt par les pilotes équipés de la M1 : une vitesse de pointe déprimante et un souci d’adhérence que le nouveau pneu arrière Michelin n’a pas arrangé. Il y a donc un problème moteur et un souci châssis, le tout chapeauté par l’électronique. Trois domaines sur lesquels il convient donc de travailler. Mais le chef mécanicien Ramon Forcada rappelle aussi qu’il y a un autre élément essentiel qui peut résoudre beaucoup de problèmes : le pilote.
Ramon Forcada fait partie des gens chez Yamaha qui ne se plaignent pas de la façon dont s’est déroulée la saison 2020 de MotoGP. Et pour cause, avec un Franco Morbidelli triple vainqueur et finalement vice-champion du monde, il a lavé son honneur bafoué du temps d’un Maverick Viñales qui n’a plus voulu de lui à ses côtés dans le box officiel. Forcada n’est plus loin d’avoir retrouvé une aura acquise du temps d’un Por Fuera Jorge Lorenzo qu’il a accompagné dans ses seuls trois titres en MotoGP, avec la firme d’Iwata.
Ainsi, Franco Morbidelli n’a jamais oublié de souligner le rôle de son chef d’équipe Ramon Forcada. Après trois victoires lors de la saison MotoGP 2020, le pilote Petronas ne demande pas de révision de sa Yamaha M1, alors qu’il s’est imposé comme le meilleur pilote de la marque. Rester avec une « A-Spec » alors que les trois autres collègues auront des versions ultimes de la moto ne le dérange pas. Après tout, peu ou rien n’a changé depuis 2019 sur le plan technique.
Pourtant, côté Morbidelli, ce n’est pas un changement que l’on a constaté, mais plutôt une métamorphose. En effet, après avoir subi la domination de Fabio Quartararo, l’Italo-Brésilien a inversé le cap. « Nous n’avons pas apporté de changements radicaux au cours de l’année » explique Ramon Forcada dans des propos à Radio Ocotillo relayés par Corsedimoto. « Pour moi, la grande différence entre cette année et le passé, c’était la mentalité du pilote ».
Pour Forcada, les difficultés rencontrées en 2019 par son pilote s’expliquent en partie par son expérience prise sur une Honda. Franco Morbidelli, en 2018, a piloté une RC213V très différente de la M1. A contrario, Fabio Quartararo a fait ses débuts directement sur une moto plus agile et n’a eu aucun mal à s’adapter. « Fabio était vide, vierge, il a commencé avec Yamaha sans les vices d’une autre MotoGP. Il a vraiment bien fait, une année incroyable. «Franky» a été assombri par les résultats de Fabio ». On connait la suite : l’élève de la VR46 Academy s’est remis en cause et a fait ressortir son vrai talent. À tel point qu’il s’est imposé comme le meilleur pilote Yamaha MotoGP de la saison 2020.
« Ce n’est pas la Yamaha, ces problèmes arrivent sur toutes les motos »
Depuis quelques temps ses collègues se plaignent de problèmes d’adhérence, mais Forcada ne pointe pas du doigt la moto. « Cela ne se produit pas seulement avec la M1, cela arrive avec toutes les motos quand il n’y a pas d’adhérence. Les priorités changent un peu, le pilote commence à être plus important, car l’électronique telle que vous l’avez ajustée ou pour la capacité dont elle dispose n’est pas en mesure de résoudre le problème ou les variations de grip ».
Forcada ajoute : « le pilote doit donc se mettre à gérer, jouer avec sa main, ce à quoi il n’est pas très habitué ces derniers temps ». Il est évident que le personnel technique a aussi son importance dans certaines situations. « Vous devez faire une configuration différente. Lorsque l’adhérence est faible, elle doit changer un peu, la moto est différente dans les changements secs à humides. Et il faut adapter la moto au pilote ». Mais ce dernier a encore le dernier mot sur la piste.