La situation est grave mais pas désespérée pour ce qui est de la situation mécanique chez Yamaha. C’est, à tout le moins, très embarrassant. Un défaut de fabrication des soupapes serait à l’origine des casses répétées des mécaniques des M1 dont seulement cinq exemplaires doivent être utilisés sur une saison dans le cadre d’une allocation réglementaire. Ce qui est acquis, c’est qu’il faut intervenir en profondeur et donc briser les scellés posés en début de saison. Pour cela il faut une autorisation unanimement délivrée par les autres constructeurs. Or, pour le moment, la voix d’une usine Honda privée de Marc Marquez manque. Lin Jarvis commente la situation de Yamaha.
Tout avait si bien commencé à Jerez. Mais trop de moteurs avaient cassé. L’un d’eux a été envoyé au Japon pour expertise. Et la mauvaise nouvelle est arrivée. Il y a un gros défaut que l’on ne peut pas traiter sans « ouvrir » le bloc. Ce qui veut dire briser les scellés posés avant le début de la saison, une précaution réglementaire pour s’assurer que personne, durant la campagne, continue à faire évoluer sa mécanique.
Pour des raisons de sécurité avérées, il est possible d’en passer par cette opération majeure sans encourir de pénalités. Mais encore faut-il que les adversaires se montrent unanimement compréhensifs. Un doux rêve dans cette compétition, non seulement exacerbée, mais aujourd’hui ouverte avec le forfait de Marc Marquez convalescent. Justement, Honda renâcle. Et c’est de bonne guerre.
Reste que l’usine Yamaha souhaiterait que tous les moteurs qui n’ont pas été utilisés depuis Jerez-1, mais qui sont déjà scellés, soient ouverts afin de remplacer le composant défectueux. Les Japonais affirment des motifs de sécurité. Probablement parce que de l’huile pourrait fuir si le moteur tombe en panne. C’est maintenant au tour des membres MSMA, l’association des constructeurs, de trancher…Yamaha devra aussi y prouver que les nouvelles pièces n’apporteront pas une amélioration des performances.
Il faut éviter des pénalités sévères
Sur le Red Bull Ring, pour préserver la fiabilité, les moteurs Yamaha auraient perdu 300 tr/mn en régime maxi. Même avant Brno, on a soupçonné que Yamaha d’avoir réduit le régime du moteur pour ne pas risquer d’autres dommages mécaniques. Le fait que Franco Morbidelli soit soudainement si rapide en République tchèque pourrait être en relation avec le fait qu’il ne dispose pas d’une véritable machine d’usine 2020, mais d’un mélange de spécifications 2019 et de spécifications 2020.
En attendant, il faut tenir, car si les pilotes Yamaha ne réussissent pas à faire les Grands Prix restants au calendrier avec les cinq moteurs autorisés, des sanctions sévères s’appliqueront.
« Si nous avons besoin d’un sixième moteur pour un pilote, nous pouvons choisir entre deux scénarios possibles » explique Lin Jarvis. « Ou nous laissons le pilote partir de la voie des stands, et il n’est alors autorisé à repartir que cinq secondes après l’extinction du feu vert. L’autre option : vous commencez la course à partir de la position de départ, mais vous devez ensuite effectuer une pénalité de « ride through ». Cependant, nous pensons que nous n’entrerons pas dans cette situation ».
Une conclusion rassurante mais qui ne se base pour l’instant sur rien de concret : « nous allons résoudre notre problème et nous sommes très occupés », insiste sur Speedweek comme agacé sur le Red Bill Ring un Lin Jarvis, directeur général de Yamaha Motor Racing. Yamaha a retiré trois moteurs, un chacun de l’allocation de Rossi, Vinales et Morbidelli. Les deux derniers pilotes ont également déjà utilisé tous leurs cinq moteurs, tandis que Rossi et Quartararo n’en ont utilisé que quatre. Tout moteur utilisé au-delà des cinq permis entraînera une pénalité.