Chez Yamaha, la saison 2020 aura été mouvementée, à tel point que ses répercussions pourraient bien encore se ressentir en 2021. Il y a d’abord la satisfaction d’avoir remporté sept des quatorze courses en jeu cette année. Mais il y a aussi la déception d’avoir été puni à cause de la gestion hasardeuse d’un problème moteur. Une période où la bateau d’Iwata a fortement tangué, avec des citriques appuyées des pilotes, Morbidelli mis à part, car vainqueur, mais avec une version 2019 de la M1. Une tension et une cacophonie d’où émerge Wilco Zeelenberg en tant qu’avocat du constructeur…
Wilco Zeelenberg est ce que l’on appelle un cadre au sein du team Petronas, brillant satellite de l’usine Yamaha en MotoGP. Il a vu ses couleurs malaisiennes triompher à six occasions cette saison, mais le titre mondial, qui était l’objectif avoué, a été raté. Le fer de lance Fabio Quartararo a perdu pied en fin de partie, moment où, au contraire, son équipier Morbidelli montait en puissance. Au bilan, c’est ce dernier qui sauve l’honneur avec un statut de vice-champion du monde.
Cette période a aussi été l’occasion d’entendre les critiques des trois pilotes équipés avec la dernière génération de la M1. Des reproches non seulement techniques, du moteur au manque de traction, mais aussi sur une gouvernance qui oublierait royalement les commentaires de ceux qui sont derrière le guidon de la moto.
Un procès sur la place publique où Wilco Zeelenberg se présente en tant qu’avocat de Yamaha. Dans un entretien à Speedweek, il précise ainsi : « je pense que Yamaha a écouté les pilotes. Mais il n’y a aucun moyen de tester comment la machine réagit à tous ces changements. La saison est si longue. Elle commence en février et se termine fin novembre. En décembre ou janvier, toutes les données devraient ensuite être traitées. On ne peut pas tester partout, et pas suffisamment sur des pistes différentes. C’était l’un de nos problèmes. Vous voulez continuer à vous développer et parfois vous êtes pris au piège parce que des problèmes inattendus surviennent. D’autres fabricants ont eu des expériences similaires ».
Zeelenberg : « la pression augmente quand ça ne fonctionne pas »
Voilà pour le constat. Mais comment sortir de l’ornière ? Zeelenberg n’offre pas de solutions. En revanche, il entre dans le détail : « pour un constructeur comme Yamaha, la machine de l’année précédente est toujours le point de départ d’une nouvelle saison. L’année dernière, les pilotes se plaignaient régulièrement d’un manque de vitesse de pointe et de puissance. La machine avait donc besoin d’une bonne vitesse de pointe, de l’ordre de 10 à 15 km / h en plus pour ne plus être dépassée dans les lignes droites. Cependant, pour y parvenir, vous devez construire une nouvelle machine. On ne peut pas penser comme : « nous trouverons 15 ch supplémentaires ici et la machine se comportera comme avant. » ».
Alors Zeelenberg revient sur le facteur pilote dans la baisse des performances. A nouveau, il se penche sur Fabio Quartararo : « la pression augmente quand ça ne fonctionne pas : est-ce les pneus ? Dois-je rester calme, cela fonctionnera-t-il pendant la course ? Rien de tout cela n’est facile pour les pilotes. Mais déjà en Aragon, il est devenu clair que nous avions des problèmes. Dans la première course, Fabio est même resté sans points. Dans la deuxième course en Aragon, il a quand même assuré la huitième place, mais nous avons senti que nous étions sur la mauvaise voie ».
Il termine, toujours sur le Français : « il a raté le bon sentiment. Joan Mir est devenu de plus en plus fort et il était sur le podium dans les deux courses d’Aragon. A Valence aussi, nous avons essayé en vain de trouver ce bon feeling pour Fabio. Et la lutte pour le titre mondial MotoGP cette année a été sans merci. S’il y avait un manque de confiance dans la moto, un résultat dans le top 10 était presque impossible ».
En 2021, Fabio Quartararo sera au sein du team usine Yamaha aux côtés d’un Maverick Viñales qui n’est pas le dernier à tancer Yamaha pour les faibles résultats de sa moto. L’Espagnol s’interroge même déjà ouvertement sur ce sue sera 2021. Au moins, la firme d’Iwata a recruté Cal Crutchlow comme pilote test, une déclaration d’intention de bien faire selon Lin Jarvis, haut représentant du constructeur dans le paddock.