Il y a quelques temps, Carmelo Ezpeleta, qui est le patron d’une Dorna chargée de promouvoir à la fois le MotoGP et le WSBK au sens large, avait défrayé la chronique en identifiant le championnat réservé aux motos issues de la série comme une « seconde division » par rapport à ce qui serait donc l’élite, vécue avec des prototypes. Une approche voulue pédagogique mais qui a été interprétée comme une dommageable hiérarchie des valeurs par les fans du WSBK. Aujourd’hui, Ducati rectifie le tir avec son patron mais aussi avec son pilote Alvaro Bautista…
Le WSBK est-il un championnat au rabais ? La réponse est évidemment non, mais lorsque l’on le compare au MotoGP, il faut rappeler sa philosophie et ses enjeux pour ne pas sombrer dans ce cliché. Le patron de Ducati, Claudio Domenicali parle ainsi des raisons de l’implication de sa marque dans ce paddock, qui est aussi forte que celle vécue en Grand Prix. Et c’est d’abord, bien sûr, une question de produit, de lien avec la clientèle, avec des synergies intéressantes : « la V4R est assez similaire aux machines MotoGP, mais principalement en termes d’inspiration », a déclaré l’Italien. « Si vous regardez le moteur, vous avez le même rapport alésage/course et la même cylindrée, c’est-à-dire 1 000 cm3. Mais le moteur Panigale se démarque avec un tout autre design ».
« La V4R est une moto que vous pouvez acheter à un prix relativement raisonnable. Pour le prix auquel vous obtiendriez autrement une voiture de milieu de gamme, vous pouvez obtenir une moto de 221 ch. C’est la même technologie et le même concept que dans le Championnat du Monde MotoGP. Mais tout est plus terre à terre. Pourtant, nous avons un logiciel haute performance dans cette moto avec un contrôle de traction de premier ordre, venu directement du MotoGP. Mais le logiciel ne coûte rien une fois que vous l’avez développé. L’électronique de la V4 Panigale standard n’est pas aussi sophistiquée ».
Et il termine ainsi sa démonstration : « ainsi, le Championnat du Monde Superbike profite du MotoGP. Parce que vous avez là une bonne base pour développer une moto très compétitive, comme notre superbike V4. Néanmoins, le prix de la machine de série reste gérable ».
Sur le WSBK : « nous devons regarder ces deux championnats séparément«
Domenicali parle de deux plates-formes différentes lorsqu’il parle de MotoGP et de Superbike : « le MotoGP est complètement tourné vers les prototypes et coûte donc très cher, même en course. Le Championnat du Monde Superbike peut encore être financé à des coûts raisonnables. C’est pourquoi je n’ai rien à redire au SBK. Je ne vois aucun problème avec cette série de courses. Nous devons regarder ces deux championnats séparément, en termes de pilotes, de circuits, de technologie et de coûts. Il faut aussi suivre une voie différente en matière d’approche ».
Et c’est exactement ce que dit son pilote Alvaro Bautista : « ce n’est pas la deuxième division. C’est une ligue différente » dit l’Espagnol dans une interview exclusive avec ‘Motorsport-Total.com‘. « Le MotoGP est la catégorie reine. Les motos sont des prototypes. C’est là que les nouvelles technologies sont créées. Dans le Championnat du Monde Superbike, nous utilisons des sportives issues de la série. Les nouvelles technologies arrivent ici plus tard ».
« La vie dans le Championnat du Monde Superbike est différente. Mais ma façon de travailler, me préparer à la maison ou sur le circuit, est identique », précise l’ancien pilote MotoGP. « La seule différence est que ce paddock est beaucoup plus détendu et accessible. Il est plus convivial, même si la concurrence est rude. Les week-ends de course sont plus intenses ici. A partir de samedi, le programme est serré avec des entraînements, une Superpole et des courses. C’est particulièrement difficile pour le mental », explique Bautista qui assure : « le niveau des pilotes est également très élevé ici ». D’ailleurs, Yamaha veut absolument évaluer sur sa M1 son Champion du Monde WSBK sur sa R1 Toprak Razgatlioglu pour une éventuelle nouvelle orientation de carrière vers les Grands Prix…