Il n’a que 21 ans mais son parcours parle déjà pour lui. Celui-là est un Maverick Viñales au talent certain et à la détermination au moins aussi solide que son caractère. Son statut de pilote officiel chez Suzuki, il l’a eu au mérite et à présent, il fait l’objet de toutes les attentions des décideurs du paddock qui doivent répondre à sa question : qui me donnera les moyens d’être Champion du Monde ?
Conquérir un titre, c’est l’objectif logique de tout pilote qui se respecte, mais l’affirmer aussi froidement et clairement alors que l’on vit seulement sa seconde saison en MotoGP n’est pas si banal. Cela démontre une confiance en soi exacerbée et assumée. En arrivant à Jerez qui sera le théâtre du Grand Prix d’Espagne ce week-end,, Maverick Viñales a ainsi déclaré le plus simplement du monde : « je veux me voir endosser le numéro un dans deux ou trois ans. Bien sûr, j’aurais préféré maintenant mais ça n’est pas possible car des améliorations doivent être faites sur la moto et, de mon côté, j’ai besoin de plus d’expérience. Mais je pense pouvoir être fort à l’avenir. Je peux être un des pilotes en lice pour le titre mondial ».
Un point de vue qui apparaît dans un marché des transferts où il a pris la main. Valentino Rossi a été confirmé dès le Qatar chez Yamaha et Jorge Lorenzo a officialisé son passage chez Ducati. Plus que de savoir qui de Dovizioso ou de Iannone sera le prochain binôme du Majorquin, c’est la question de l’équipier du Doctor qui passionne. Plus exactement, il s’agit de savoir si Maverick Viñales daignera répondre favorablement à l’appel de Yamaha, relayé par VR46 jamais avare de compliments sur l’Espagnol, ou s’il restera chez Suzuki, usine qu’il tient aussi en haleine : « toute l’équipe Suzuki espère qu’il restera et travaille pour qu’il reste » reconnaît le patron de bleus Davide Brivio. « Nous attendons sa décision avant de faire quoi que ce soit ».
Une situation que Maverick Viñales vit très bien : « c’est toujours bien d’avoir ça dans un coin de son esprit. Je travaille toujours bien lorsque j’étais sous pression, ça me motive encore plus ». Alors que d’autres seraient déstabilisés par tant de tergiversations. Maintenant, quelles sont les chances de Suzuki de garder sa perle ? Le pilote a déjà changé son manager en passant d’Aki Ajo à Paco Sanchez. Son salaire actuel est estimé à 1,5 million d’euro. Le constructeur peut-il faire mieux que son compatriote et rival Yamaha ?
A priori non, alors Davide Brivio donne d’autres arguments : « Maverick doit comprendre que la moto est bonne et compétitive dans l’ensemble et comparé à la concurrence. C’est sur quoi nous travaillons. Jusque-là, nous avons manqué de peu un gros résultat, mais nous avons beaucoup progressé. Il nous faut encore ajuster certains paramètres pour être encore plus rapides mais aussi constants et faire travailler bien comme il faut les pneus. C’est notre objectif ».
A Austin, Suzuki a aussi eu la satisfaction de voir Aleix Espargaró revenir dans le rythme, démontrant ainsi le potentiel de la GSX-RR lorsque tout ne va pas de travers. Un argument qui servira aussi dans le cas où Viñales irait ailleurs : « nous travaillons sur le cas Viñales et une fois qu’il sera réglé, nous nous concentrerons sur les autres pilotes ». Maverick Viñales est clairement le maître du jeu.