MotoGP Valentino Rossi : la poignante lettre d’adieu de Matteo Flamigni

Il y aura de l’émotion lors du prochain Grand Prix à Misano qui sera la dernière apparition en course, sur ses terres, de Valentino Rossi. D’ailleurs, la capacité d’accueil du site sera augmentée à 35 000 places par jour en vue de ce Grand Prix Nolan du Made in Italy et de l’Emilie Romagne. Pendant ce temps, les premiers adieux commencent à fuser, non sans une certaine émotion. A l’instar de la longue lettre de son « télémétriste » historique, Matteo Flamigni.

Valentino Rossi en aura donc terminé dans trois Grands Prix avec une prolifique carrière vécue en 26 saisons. Même si ses académiciens à présent incontournables en MotoGP seront là pour que l’on n’oublie rien tandis que le logo VR46 sera visible dans toutes les catégories des Grands Prix, et même si le peuple jaune sera sans doute encore visible dans les tribunes, il laissera un grand vide et notamment parmi ceux qui l’ont côtoyé de près.

C’est le cas de Matteo Flamigni qui, sur son espace social, a écrit ces mots sincères et touchants, racontant un beau et grand voyage avec Valentino Rossi… « depuis hier après-midi, je pense à la conférence de presse au cours de laquelle tu as annoncé au monde ta décision de te retirer de la compétition moto. Je ne peux m’empêcher d’y penser car cela signifie qu’à partir de l’année prochaine, un nouveau chapitre de notre vie commencera pour nous deux. Tu ne feras plus de courses de motos et je ne serai plus le « télémètriste » de Valentino. Je suis assis sur le siège arrière de la voiture qui me ramène à l’hôtel après un vendredi d’essais libres en Autriche et je regarde le paysage défiler rapidement devant mes yeux, aussi vite que les 18 années que nous avons passées ensemble sur les circuits du monde entier ».

« Mon esprit vagabonde. Soudain, le vert des montagnes est remplacé par le souvenir de toutes les victoires que nous avons remportées ensemble depuis ce lointain 2004 à Welkom. Et même avant ça, le moment où j’ai su que je travaillerais avec vous. C’était un après-midi d’octobre 2003 à Phillip Island, en Australie. Il faisait très, très froid. Il faisait déjà nuit quand on m’a dit que les rumeurs étaient vraies et que vous alliez courir pour Yamaha l’année suivante ».

« Et quand ils m’ont dit que j’allais être votre « télémètriste », l’émotion était si grande que la sensation de froid a été remplacée par une émotion incontrôlable. J’ai eu la chair de poule, et certainement pas à cause de la basse température… J’ai immédiatement téléphoné à la maison pour prévenir ma femme, la réveillant au milieu de la nuit car j’avais oublié le décalage horaire de 9 heures. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit en pensant à ce que ça serait de travailler avec vous, le champion en titre. Je ne vous cache pas que j’ai eu un peu peur. Vous avez toujours été un adversaire par le passé, dans toutes les catégories, de 125 à 250, en 500 et en MotoGP ».

« Mais j’étais déjà attiré par vous, impressionné par votre façon de courir, votre façon d’interpréter les courses et votre « nouvelle » façon de fêter après chaque victoire, qui a maintenant été imitée. Bien que j’aie déjà travaillé avec plusieurs pilotes et que j’avais déjà plusieurs années d’expérience sur les épaules, j’ai commencé à me demander si je serais à la hauteur d’une tâche aussi importante et délicate.  Yamaha s’est impliqué en offrant une moto au pilote le plus titré de l’histoire de la moto. La satisfaction de la bonne nouvelle a fait place à l’inquiétude, à la crainte d’attentes décevantes ».

Sur Valentino Rossi : « vous savez être un vrai leader capable de valoriser les personnes qui travaillent avec vous« 

« Lorsque nous nous sommes rencontrés et avons parlé pour la première fois, vous avez réussi à abandonner toutes mes insécurités et à me donner un regain d’enthousiasme supplémentaire. Nous étions sur le parking du circuit de Sepang. Nous avons échangé quelques blagues et ensuite tu m’as accueilli avec un grand sourire en disant : « Matte à bientôt et tu verras que nous allons nous amuser. » Vous aviez raison, comme vous l’avez fait dans tant d’autres décisions difficiles qui ont marqué votre carrière réussie. Notre aventure a commencé ainsi. A partir de ce moment, je suis devenu « votre » télémétriste et notre harmonie a grandi d’année en année ».

« J’ai toujours essayé de faire de mon mieux pour vous aider à gagner.  Vous m’avez fait confiance, en mon travail, en mes conseils et vous m’avez récompensé en gagnant plus que tout autre pilote, en me procurant des émotions infinies course après course. Des émotions toujours différentes, jamais les mêmes, car elles sont nées à des moments différents de votre carrière, dans des contextes toujours différents, affrontant des pilotes de trois générations différentes qui ont dû s’abandonner à vos qualités infinies ».

« La victoire dans la première course à Welkom en 2004 était un rêve, mais la victoire dans le premier championnat du monde, à Phillip Island, était vraiment un « spectacle ». De temps en temps, à la maison, j’ai à nouveau entre les mains la photo de ce jour où toi et moi nous nous sommes étreints joyeusement comme jamais auparavant. Viennent ensuite trois autres championnats du monde : 2005 où nous avons remporté 11 courses, 2008, caractérisé par le passage aux pneus Bridgestone, et 2009 ».

« L’arme gagnante n’était pas seulement votre énorme talent, mais, surtout, votre désir constant d’apprendre, cette capacité à toujours vous mettre sur la ligne en essayant de vous améliorer et le « package » disponible. C’est précisément votre arme secrète : une passion sans bornes pour les deux roues qui vous amène à faire tous les sacrifices pour obtenir les résultats souhaités ».

« Vous savez être un vrai leader capable de valoriser les personnes qui travaillent avec vous, qui ne manque jamais l’occasion de remercier publiquement l’équipe, sur et en dehors des pistes.  Je garde très soigneusement les casques que vous m’avez donné. J’en suis fier !!!! Je me sens appartenir à quelque chose d’unique, telle est l’atmosphère qui s’est créée autour de notre groupe ».

« Sa singularité se ressent aussi dans la manière dont vous suivez et accompagnez les jeunes talents de l’Académie. J’aime l’idée que vous transmettez tout ce que vous savez aux jeunes pour les aider à émerger dans ce sport difficile ».

« Je ne me suis jamais senti aussi fier qu’aujourd’hui.  Ce fut un honneur et un privilège d’être avec vous dans votre longue et merveilleuse carrière !

Merci Vale !!!!!  »

Valentino Rossi aura décidément marqué les esprits.