On le sait, le sport moto est avant tout un sport mental. Et en ces temps de confinement, un nouveau paramètre a surgi dans la gestion que les pilotes doivent faire : à la pression, à l’adversité exacerbée, à la peur de l’accident comme de la blessure s’est ajouté l’ennui au quotidien dans un espace réduit et redondant. Et aussi l’incertitude du lendemain. Une psychologue en vue dans le paddock qui a un client dont elle tait le nom pour des raisons de secret professionnel lève le voile sur cet aspect mal connu dans la carrière d’un pilote et pourtant essentiel. Surtout en cette période anxiogène de crise majeure !
Elle s’appelle Mar Rovira et elle s’est confiée au média AS sur un domaine particulièrement sensible dans la gestion d’un pilote : son mental. Elle est donc psychologue et elle n’a peut-être jamais eu autant de travail que depuis que cette saison est au point mort à cause d’une pandémie. Une conjoncture exceptionnelle à laquelle on s’adapte avant tout. Car personne n’est jamais vraiment préparé à vivre ce type d’événement aux conséquences planétaires…
« Ne pas savoir quand la pandémie prendra fin nous met mal à l’aise » commence la psy qui doit contrecarrer un sentiment d’incertitude corrosif. « Pour le pilote, la meilleure stratégie consiste à visualiser une date de début probable et à travailler comme si c’était une certitude. Dans mon cas, la date limite proposée est juin. De cette façon, avec un objectif bien défini, la motivation est garantie et le pilote se prépare minutieusement. »
Mais ce n’est qu’un élément d’un puzzle mental qui ne doit pas éclater en morceau. Or, le doute, et la crainte de la précarité sont des détonateurs puissants : « il faut qu’il s’intéresse à ce que ses sources de revenus soient au moins en partie garanties. Cela vous aide dans votre nouvelle situation. Il est important que le pilote ait un certain contrôle sur sa carrière, et bien qu’il ait d’excellentes équipes de travail, cette gestion personnelle est très utile. »
Voilà pour le travail de fond. Mais lorsque les hostilités seront lancées à un rythme effréné au vu de l’avancée du calendrier, il faudra aussi un mental bien particulier… « Le contexte a changé, il faut travailler l’adaptabilité. Dans notre cas, l’adaptation proviendra d’un plan de préparation physique qui s’adapte pour avoir à performer et à récupérer beaucoup plus rapidement que les années précédentes, un travail mental détaillé après la course, pour promouvoir un apprentissage rapide de la course passée, un faible impact du résultat dans la préparation de la prochaine compétition et un environnement de travail soigné pour que le pilote se sente en sécurité et concentré sur ce qu’il doit faire. »
Un changement tel que la psy dresse le profil de celui qui saura le mieux en tirer profit : « en période de confinement, les introvertis ont un certain avantage sur les extravertis. Ils supportent mieux le peu de stimulation qu’ils reçoivent de l’environnement, ils peuvent mieux se concentrer et ils peuvent « jouir » de nos jours sans ressentir une sensation de dépassement ». On parie sur Dovizioso ?