Le propriétaire de l’équipe LCR Honda Lucio Cecchinello disait récemment de son pilote Cal Crutchlow « Il devient un peu plus précautionneux. Il pense de plus en plus à passer le drapeau à damier dans la meilleure position possible. » Et c’est tant mieux, car les chutes ont un prix élevé, comme l’a expliqué Christophe Bourguignon, le chef d’équipe de l’Anglais.
« Notre équipe loue des Honda RC213V, et le prix comprend évidemment le coût du développement et celui des ingénieurs du HRC qui nous accompagnent. Au total, nous parlons de 2 millions d’euros pour les deux motos de Cal, ce qui comprend également certains logiciels. C’est un ensemble complet. »
Actuellement, tous les constructeurs et équipes de MotoGP ont conclu des contrats avec Dorna pour une période de cinq ans, qui se terminera après la saison 2021. Les contrats actuels prévoient un maximum de 20 Grands Prix et chaque équipe client reçoit 2,5 millions d’euros de Dorna pour chaque pilote. Dans le même temps, les forfaits de location des usines pour leurs équipes privées sont plafonnés à 2,2 millions d’euros par pilote et par saison.
Selon Christophe Bourguignon, « Une chute en MotoGP peut coûter entre 15 000 et 100 000 euros. Une chute à 2 000 euros n’existe tout simplement pas en MotoGP. Si nous avons de la chance, après un crash, nous avons juste besoin de changer quelques pièces que nous avons en stock. Mais un gros accident, ou même quelques petits accidents consécutifs, peuvent immédiatement vous mettre dans le pétrin. »
« Par exemple, nous n’avons que cinq réservoirs d’essence en stock. Même chose pour les échappements et les radiateurs. Nous les utilisons pendant les essais et ensuite pendant la course. Pendant un week-end, vous pouvez faire quelques mauvaises chutes et lorsque cela se produit, vous êtes très près d’avoir un problème. Si je commande une pièce à la HRC, il y a un délai minimum de production et de livraison et cela peut prendre jusqu’à 5 ou 6 semaines. »
« Les motos sur lesquelles ces gars roulent sont lourdes et très rapides, donc il n’y a pas de petite chute. Si vous chutez de l’avant, vous endommagez au moins le carénage, les demi-guidons et beaucoup d’autres pièces en carbone. La plupart des choses peuvent être réparées et réutilisées, mais quand vous avez un accident comme celui que nous avons eu en Australie en 2018, quand nous avons détruit un cadre et un bras oscillant, les choses sont un peu différentes : il n’y a pratiquement pas de prix pour ces choses. »
« Un jeu de disques de freins en carbone coûte environ 10 000 euros et chaque fois que la moto tombe dans le gravier, il peut y avoir des pierres et du gravier qui abiment les disques. On ne peut pas risquer d’envoyer un pilote sur la piste sur une moto qui va à 300 km/h avec des freins cassés, donc on les change toujours. Si nous passons aux jantes en magnésium, un jeu coûte environ 4 000 euros. Comme les Michelin sont petits et peu protecteurs, nous sommes souvent obligés de les changer, même pour des accidents mineurs. »
« Un radiateur peut coûter environ 10 000 euros. L’instrumentation 2D coûte à elle seule 2 500 euros, puis il y a l’unité de contrôle avec tous les capteurs… Et la moto est pleine de capteurs. Nous sommes entre 10 et 15 000 euros pour ces seules pièces. Il n’y a pas une seule pièce électronique qui coûte moins de 1 000 euros. »
« Je me souviens que je n’ai jamais remplacé un moteur à cause d’un accident. Il est évidemment bien protégé ! Même après un mauvais accident, nous avons dû changer 90% des pièces, mais pas le moteur. »
Christophe Bourguignon ici à droite
Photos © LCR Honda
Source : GPOne. com