Sans circuit, organiser une course est
impossible. Apparus à la fin du XIXe siècle, les tracés
permanents réservés à la course se sont développés assez
tardivement. Pendant longtemps, les circuits routiers étaient
légion, même au plus haut niveau. En plus de 70 années d’existence,
le championnat du monde de vitesse moto est passé par un nombre
impressionnant de circuits, parfois pour une édition seulement.
Ensemble, essayons donc de nommer les dix circuits les plus
importants de l’histoire du championnat.
Les règles de sélection ainsi que les mentions honorables ont été
expliquées dans la
première partie, trouvable ici même. Cette partie fait suite à
la
quatrième, parue hier.
N°4 :
Suzuka
Suzuka n’est pas seulement l’un des plus grands circuits de moto.
C’est l’un des dix plus grands circuits de l’histoire des
sports mécaniques, tout simplement. Le tableau est posé.
Suzuka accueillit le tout premier Grand Prix du Japon en 1963, un
an après son ouverture décidée par Soichiro Honda. Sillonnant sur
une petite colline, le tracé impressionne.
Sa beauté n’a d’égal que ses courbes magiques, aujourd’hui entrées
dans la légende. La principale particularité est atypique : Il est
en forme de « huit », et non en forme de boucle. Un croisement est
effectué par le biais d’un pont, un peu après la Courbe Degner 2.
Le pilote est-allemand joua d’ailleurs un grand rôle dans
l’émergence du sport moto au Japon.
Le récit de son histoire est trouvable juste ici.
En règle générale, Suzuka ouvrait la saison et marquait les esprits
de part la présence de wildcards japonaises. Certains espoirs du
pays, ayant fait des résultats en Superbike national la plupart du
temps, venaient se frotter aux cadors le temps d’une course. Ceci
réussit particulièrement à
Norifumi Abe, qui se constitua une réputation après sa
chevauchée fantastique de 1994.
Malheureusement, le « Grand Huit » n’est plus foulé par
les MotoGP de nos jours, en raison du terrible accident de
Daijiro Kato en 2003. Ce dernier perdit la vie
après une chute à haute vitesse en sortie du 130R. Bagarres en
pagaille, asphalte quasi-divin et courbes semblant être tracées par
une force supérieure… Suzuka nous manque. Sa
quatrième place est ainsi largement méritée.
N°3 : Snaeffel Mountain Course / Circuit routier du
Tourist Trophy de l’île de Man.
Par où commencer ? Il y a tant à dire. Le
TT : deux lettres qui symbolisent un mythe, une légende
terrifiante. Long de plus de 60 kilomètres, le tracé est absolument
impardonnable. Chaque année, des gladiateurs venus du monde entier
viennent en découdre, à plus de 250 km/h entre les murs.
Créé en 1907, le Tourist Trophy est l’une des plus
grandes courses sur le globe. Paradoxalement, sa dangerosité fit sa
réputation. Les âmes reposant sur l’île se comptent par centaines.
La Snaeffel Mountain Course (nom du circuit sur lequel se déroule
le TT) était au calendrier de la première saison de l’histoire en
1949, et y resta jusqu’en 1976 sans discontinuer.
Les Graham, Read, Agostini et autres Hailwood venaient affronter
des locaux mais avant tout la montagne. Il s’agit plus d’une course
contre le circuit que contre les adversaires. Des dizaines de
moments marquants pourraient être nommés; la victoire et l’exploit
de Bobby
McIntyre en 1957 en tête.
Le Tourist Trophy était l’épreuve reine du
championnat, tout simplement. Heureusement pour l’intégrité
physique des pilotes, la course fut retirée du calendrier pour
d’évidentes raisons de sécurité. La montagne n’a pas oublié ces 28
années de compétitions acharnées, et nous non plus.
Deux circuits peuvent encore prétendre à la première marche du
podium. Rendez-vous demain, même heure, pour l’explication
finale.
Photo de couverture : Morio