Yamaha, Honda et Suzuki. Le serpent à trois
têtes qui règne en maître sur les Grands Prix motos depuis les
années 1970. Les trois mastodontes se partagent le gâteau depuis
1975, à l’exception de 2007 et d’un Casey Stoner
bouillant. Après avoir classé les dix meilleurs pilotes Honda, puis
Yamaha, le temps est venu de nous intéresser au troisième
larron : Suzuki. Si son histoire est moins
riche de titres, elle est malgré tout fournie et renferme des
anecdotes plus passionnantes les unes que les autres. Ensemble,
essayons de rendre hommage à ces héros qui écrivirent
l’histoire.
Cet épisode fait suite au cinquième, paru hier. Le
premier, qui détaillait les critères de sélection ainsi que les
mentions honorables, est trouvable ici
même.
N°2 : Kevin Schwantz
Si les places 10 à 3 étaient difficiles à attribuer, ce ne fut pas
le cas des deux premières. Immédiatement, deux noms ressortent et
se détachent très largement du reste. En deuxième place vient
Kevin Schwantz. Avant même de parler palmarès,
impact sur le sport et personnage, évoquons la fidélité à
Suzuki.
C’est bien simple, le texan n’a jamais piloté
autre chose que des Suzuki durant sa carrière. D’un certain point
de vue, c’est l’homme Suzuki. Le n°1. C’est, il
est vrai entièrement discutable. Commençons par expliciter sa
position. Son titre de 1993, magnifique en soi, restera à jamais
associé à la terrible blessure de Wayne Rainey à
Misano. Ceci nous priva d’un final exceptionnel entre deux
légendes, deux mastodontes de la fin des années 1980.
Son manque de régularité dans ses plus belles années (1989 en tête) lui
coûte la première place de ce classement. Tout est relatif;
terminer cinquième ou septième une fois dans la saison contre les
métronomes que sont Eddie Lawson et
Rainey, c’est déjà pas mal.
Quel pilote, quel artiste. Même si son palmarès n’est pas doré à
souhait, il n’en reste pas moins une figure emblématique que l’on
connaît et que l’on respecte tous. Son tempérament bagarreur, ses
freinages de trappeurs et ses batailles mythiques ont fasciné des
millions d’enfants, peu importe leur origine.
Il représentait cette touche de folie, ce facteur
X. Sans même parler de sa vitesse folle en qualifications.
Malheureusement pour lui, il tombe aujourd’hui sur un os, sans
doute plus fou que lui encore.
N°1 : Barry Sheene
Qui d’autre ? Barry possède, à l’image de
Valentino Rossi pour Yamaha, le bagage complet. Le palmarès ?
Sheene est le seul pilote Suzuki titré à deux
reprises (1976, 1977) en catégorie reine. En plus de cela, il roula
aussi en 125cc pour la marque, ce qui le rend encore plus
indétrônable.
Au-delà des statistiques, Sheene est Suzuki. Il
œuvra neuf saisons pour la firme. Immédiatement, l’on pense à la
RG500 Heron frappée du n°7. Un numéro mythique, qui fait encore
vibrer les fans. Barry Baltus, pilote Moto2, opta pour la même
typographie concernant le « 7 » de son numéro
« 70 ». Il fut d’ailleurs nommé en l’hommage du trublion
anglais.
C’est tout l’esprit du Continental Circus en un seul homme. C’est
la cigarette au bec, c’est l’esprit « années 70 » dans toute sa
splendeur. Son héritage dépasse largement les limites du monde des
Grands Prix, et c’est la raison pour laquelle il est placé
n°1 aujourd’hui.
Cette rétrospective est désormais terminée ! Suzuki n’a pas la
salle à trophées la plus remplie mais des personnalités touchantes
et hors du commun. Tous ont apporté une pierre à l’édifice. De
Joan Mir à Franco Uncini en
passant par Hugh Anderson, rien n’a été laissé de
côté. Les pilotes Suz’ sont vrais, francs et extrêmement généreux
sur la piste. Les pilotes du peuple en somme.
Récapitulatif du top 10 :
10) Pat Hennen
9) Wil Hartog
8) Ernst Degner
7) Randy Mamola
6) Franco Uncini
5) Marco Lucchinelli
4) Hugh Anderson
3) Kenny Roberts Jr
2) Kevin Schwantz
1) Barry Sheene
Photo de couverture : Stu Newby