Franco Uncini a donc choisi de faire valoir ses droits à la retraite après des décennies passées au service de la sécurité dans le monde des courses moto sur piste. L’ancien Champion du Monde 500 millésime 1982 peut quitter la scène avec le bon sentiment du devoir accompli. C’est donc un lourd héritage que devra assumer son successeur et il le sait d’autant plus qu’il va devoir faire ses classes en raison de son nom, qui a retenu beaucoup plus l’attention que ses compétences avérées par une expérience reconnue : Tomé Alfonso Ezpeleta…
Avant de parler de la lignée, il faut rassurer en précisant que Tomé Alfonso Ezpeleta a montré qu’il connaissait son métier en s’occupant bien du tracé d’Aragon. Il n’est donc pas sorti du chapeau pour être affublé d’un titre portant le sceau de la FIM. Cependant, à un moment où les Grands Prix prennent un nouveau virage en 2023, avec 21 meetings, deux nouveaux pays, des courses sprint, ce sentiment d’un resserrement autour d’un clan familial est irrépressible. Et d’autant plus qu’à côté de Carmelo Ezpeleta, patron de Dorna, il y a le directeur sportif de Dorna Carlos Ezpeleta et la responsable de la promotion des talents de Dorna Ana Ezpeleta. Voici donc à présent Tomé Alfonso Ezpeleta, neveu de Carmelo Ezpeleta. Tamara Matko, compagne d’Alfonso Ezpeleta, entrera bientôt dans le comité des commissaires MotoGP .
A ce qui ressemble à l’enracinement à un arbre généalogique, on note que la Clinique mobile italienne va laisser place à une structure espagnole menée par le Docteur Charte. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a aucune raison de s’inquiéter d’une institutionnalisation d’un favoritisme, d’un clientélisme, voire de népotisme. Tomé Alfonso Ezpeleta, on le répété, a fait ses preuves ailleurs dans la fonction qui maintenant la sienne chez la FIM.
Le nom du successeur de Franco Uncini peut créer un malentendu dans une période de crise de confiance
Cependant, puisque ce genre d’attribution d’emploi ne se fait pas au grand jour, comme n’importe quelle autre procédure d’embauche passant par une ouverture des candidatures puis une sélection, on ne voit que la face émergeant de l’eau de l’iceberg. Le temps dira s’il s’agit d’un mauvais procès, mais le présent montre une perte en légitimité des institutions chez les pilotes. Cela est flagrant envers le panel des commissaires chargé d’analyser les comportements en course et de sanctionner le cas échéant. Il est sous le feu roulant des critiques des pilotes pratiquement à chaque décision. Certains ont jeté l’éponge et ces mots de celui qui est tout de même un Champion du Monde, soit Fabio Quartararo doivent interpeler.
On lit ainsi de lui sur Speedweek : « après l’accident de Spielberg en 2020 avec Morbidelli et Zarco, nous avons clairement dit que nous ne voulions plus y courir. Un an plus tard, deux courses ont à nouveau eu lieu dans ces conditions. Je n’ai rien contre ces gens, mais je n’y vais plus, cela n’a aucun sens ». A la question de savoir si la Safety Commission était une perte de temps, le pilote officiel Yamaha n’a plus répondu.
On aurait tort de prendre à la légère cette désillusion car elle a amené à se retrouver avec un contingent très faible de pilotes, et regretté ouvertement par Alex Rins, lorsqu’il a fallu mettre les points sur les i sur l’affaire du drapeau rouge non sorti lors du Grand Prix d’Australie de Moto2. On rappellera que Jorge Navarro était sur le bord de la piste hurlant de douleur, sans casque, avec une jambe brisée en deux, avec des motos lui passant à quelques mètres. Le pilote comme les commissaires ont été mis en danger. Et c’est notamment sur l’insistance de Marc Marquez que l’erreur a été reconnue par Carmelo Ezpeleta. Une expérience qui devrait inciter à ouvrir un nouveau dialogue. Car il s’agit tout de même de la question essentielle de la sécurité.