Le dernier Grand Prix du Qatar qui a ouvert la saison 2019 de MotoGP marquait la rentrée officielle des blessés de l’hiver et de la campagne passée. Pour la majorité d’entre eux, la convalescence peut être considérée comme validée. Marc Márquez ne se ressent presque plus de sa délicate opération l’épaule, le scaphoïde était dans un état tolérable pour un Lorenzo qui a ensuite connu d’autres malheurs alors que le rétablissement de Cal Crutchlow était à ce point patent qu’il rayonnait sur la dernière marche du podium à l’arrivée du meeting de Losail. Fin de série ? Non. Il y avait aussi le cas Rabat, le plus ancien de la liste. Et pour lui, la souffrance est toujours au programme.
Se blesser en compétition moto, c’est aussi remettre sa carrière en jeu. Et se lancer dans un combat sans merci contre le temps, la nature et la douleur pour recouvrer ses moyens. Tito Rabat en sait quelque chose depuis son accident à Silverstone. Un virage rendu impraticable après une averse biblique mettant en exergue l’état désastreux de la piste mal refaite, une violente chute puis la percussion par une autre moto en perdition… La vie du pilote Avintia basculait d’un coup d’un seul en une après-midi du mois d’août 2018.
Le Champion du Monde 2014 de Moto2 a été évacué avec une triple fracture ouverte de la jambe. Le reste, il l’explique lui-même : « la blessure était très grave et j’ai ensuite vécu des moments difficiles » se souvient le vainqueur de treize Grands Prix. « C’est très difficile lorsque vous ne pouvez toujours pas vous lever un mois après le crash. Je ne savais pas si je serais un jour en mesure de reprendre la course parce que rien ne fonctionnait. Le deuxième mois a été aussi mauvais, car on avait l’impression que rien ne bougeait. Ce n’est que lors du troisième mois que j’ai enfin pu reprendre la moto, mais ce n’était que pour avoir mal ».
Rabat est pourtant là et dans ce Grand Prix du Qatar, il s’est qualifié dix-huitième pour terminer la course dix-neuvième, à 23s du vainqueur encore en sursis Dovizioso. Il est aussi tombé durant le meeting, le genre de cabriole qu’il doit éviter en raison de son état toujours précaire… « Bien sûr, c’est toujours un problème plus grave lorsque je tombe, car cela peut causer de nouvelles lésions. Mais à part ça, ça va. Je suis prêt et je suis heureux des progrès que j’ai accomplis » termine-t-il sur Speedweek.
Rabat sait qu’il doit montrer une progression de ses performances cette année s’il veut continuer à s’impliquer dans la catégorie reine à l’avenir : « pour la première fois de ma carrière en MotoGP, les trois éléments sont alignés : j’ai une bonne moto, une excellente écurie et une solide équipe ! Cette année, je dois faire un pas en avant et rattraper le groupe de tête. Je dois régulièrement faire partie des dix meilleurs et me battre contre ceux de devant, et alors je serai de retour l’année prochaine ».
Cette saison sera donc celle d’un combat qui se poursuit. Le jeu en vaut la chandelle puisque le team Avintia ambitionne le statut d’équipe satellite en 2021. Probablement avec Suzuki.