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Michelin, comme tous les autres manufacturiers de pneumatiques impliqués dans les sports mécaniques, sert généralement d’alibi à tous les pilotes qui rencontrent des problèmes, aussi quand la première manche du championnat du monde MotoGP 2025 se déroule en Thaïlande dans des conditions climatiques extrêmes, on pourrait logiquement s’attendre à une multitude de complaintes…

Il n’en est rien, et au contraire on ne peut que louer le savoir-faire des hommes de Clermont-Ferrand qui, malgré des températures jamais rencontrées lors des dernières éditions et du test de pré-saison, nous annoncent qu’après le Sprint remporté par Marc Márquez en pneus tendres, la course de 26 tours pourrait se disputer demain avec les mêmes gommes !

Bien sûr, Michelin n’est pas arrivé les mains vides en Thaïlande, et l’allocation choisie pour le Grand Prix est grosso modo la même que celle utilisée l’année dernière et lors du test de pré-saison en février. Pour endurer les hautes températures locales et celles engendrées par les longues lignes droites, elle est constituée de trois pneus avant symétriques et de deux pneus arrière asymétriques, ces derniers bénéficiant d’une construction spécifique permettant de contenir l’élévation de température.

En fait, il apparaît que le Bibendum était certain de la pertinence des pneus proposés, mais que son travail allait principalement être de veiller à ce que les teams optimisent leurs réglages afin de pouvoir tirer le meilleur des pneus français.

Vendredi soir, Piero Taramasso, Manager Deux-Roues Michelin Motorsport, dressait un premier bilan : « Il a fait chaud aujourd’hui à Buri Ram pour le premier jour de la première course. Ce matin, la température de la piste était d’environ 50° et nous avons atteint 56° dans l’après-midi, donc plus chaud que lors des essais.
Mais de toute façon, les pilotes ont fait beaucoup, beaucoup de tours, ils ont utilisé les pneus avant tendres et les pneus avant durs. Les deux pneus ont bien fonctionné. Le soft avant procure une très bonne sensation, une très bonne adhérence sur les flancs, mais pour les pilotes agressifs, après quelques tours, il est devenu trop mou. Et le dur avant, celui avec la carcasse spéciale, a bien fonctionné pour les pilotes agressifs, pour les motos qui ont le plus de charge sur l’avant. Et les deux solutions fonctionnent : cela dépend si les pilotes veulent faire un long run ou s’ils veulent faire une attaque du chrono. Ils ont ces deux choix.
Et pour l’arrière, entre le soft et le medium, les performances sont assez proches. Il n’y a pas de grandes différences entre les deux, mais les deux sont asymétriques avec une carcasse plus solide pour la température. Aujourd’hui, nous avons vu que la température était élevée et que l’usure des pneus, la consommation des pneus, était également élevée, mais nous travaillons avec les équipes pour essayer de trouver le meilleur équilibre, le meilleur compromis, pour limiter le patinage et la consommation des pneus. Nous verrons donc demain, mais encore une fois, les deux solutions avant et les deux solutions arrière fonctionnent. Pour le moment, les deux sont utilisables en course, et il sera donc possible de voir les pneus arrière tendres et médiums dans le Sprint et pour la course. Et pareil pour l’avant. »

Ce samedi, les températures ont atteint des niveaux extrêmes, avec un asphalte à 60°. Cela n’a pas empêché quasiment les pilotes de choisir le pneu arrière tendre, et même les deux frères Márquez de choisir le pneu avant du même acabit, tout comme Ai Ogura, Marco Bezzecchi et Fermin Aldeguer, avec le résultat que l’on connaît ! Jusqu’à ces dernières années, des températures élevées avaient tendance à impliquer des gommes plus dures, mais Michelin a mystérieusement su réduire à néant cette approche sans doute trop simpliste…

 

Mieux ! Le vainqueur de la course, Marc Márquez, a indiqué qu’il envisageait d’utiliser la même configuration tendre/tendre pour la course de 26 tours du dimanche, une option également validée par le responsable Michelin des Grand Prix MotoGP avant de donner la clef du succès sur une telle distance…

Piero Taramasso : « Bury Ram Jour 2. Aujourd’hui, il a fait très, très chaud. Le matin, la température de la piste était de 48°. Pour les qualifications, compte tenu des conditions, les temps au tour étaient assez rapides, très proches du record du tour. La plupart des pilotes ont utilisé des pneus tendres à l’avant et des pneus tendres à l’arrière pour l’attaque du chrono. Pour les qualifications, c’était une bonne combinaison car, comme je vous l’ai dit hier, les pneus tendres à l’avant offrent une très bonne adhérence sur les bords, ce qui aide la moto à tourner. Les pilotes les plus agressifs ont choisi le pneu dur à l’avant, qui fonctionne bien aussi, et tout le monde a bien sûr choisi le pneu tendre à l’arrière pour l’attaque du chrono. Et puis, juste avant les qualifications, ils avaient fait quelques runs, ils avaient essayé de préparer la course Sprint avec un pneu arrière tendre.
Et quand nous sommes entrés sur la grille pour la course Sprint, oui, la température de la piste était de 59/60°, donc très très chaude. Nous n’avions jamais couru ici avec ce genre de température ! Pour l’arrière, tout le monde a choisi le tendre. Il y avait juste Chantra qui a choisi le medium à l’arrière. Cinq pilotes ont choisi le soft à l’avant, à cause de l’avantage en adhérence dans les virages, et le reste de la grille de départ était avec le hard à l’avant.
Ensuite, la course sprint a été, oui, assez difficile. La température est montée très haut sur le pneu avant et sur le pneu arrière. C’est normal dans ces conditions, mais nous avons réussi à faire une bonne course Sprint, même si à la fin, plusieurs pilotes se sont plaints de la surchauffe du tendre avant en aspiration. Mais oui, maintenant nous devons vérifier toutes les données et décider quelle est la meilleure option pour demain. Je pense que la situation sera la même qu’aujourd’hui. Les pneus avant tendres et les pneus avant durs pourraient être utilisables demain.
Pour l’arrière, les deux solutions également, le soft pourrait être une option et le medium aussi, parce qu’ils sont assez proches en termes de performance, de consistance, et aussi en ce qui concerne l’usure des pneus. Quoi qu’il en soit, ce qui est sûr, c’est que pour demain, la clé, le secret, sera de gérer le patinage arrière. Parce que si vous patinez trop, vous usez trop le pneu, l’usure apparaît trop tôt, et vous perdez en performance. Mais avec 60° sur la piste, ce n’est pas facile à faire, alors nous verrons bien demain. »

« Taper » sur Michelin est facile, et certains pilotes s’en sont faits une spécialité, mais quand on voit, comme ce week-end, le niveau d’excellence atteint par le manufacturier français dans un domaine extrêmement pointu, n’aurait-on pas plutôt une raison de l’en féliciter ? En tout cas, nous, on le fait, comme assurément les frères Marquez !

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