Andrea Dovizioso espérait qu’avec la découverte de la nouvelle Yamaha pour cette saison 2022, ces tristes cinq Grands Prix d’adaptation avec son modèle précédent allaient pouvoir être rangés au rayon des mauvais souvenir. Mais il est tombé de haut. Après deux jours de tests à Sepang, il n’est même pas dans les 20 premiers. Il rend un peu plus d’une seconde pleine à Fabio Quartararo équipé de la même M1 que lui. Il devance certes Morbidelli, 24è, dans une situation encore plus critique que la sienne. Mais cela n’est pas de nature à le consoler. Il a en revanche compris une chose : il faut piloter seulement comme le Français Champion du monde pour espérer quelque chose avec cet opus. Or, il l’avoue déjà, il n’y arrivera pas…
De grandes et profondes questions vont devoir se poser chez Yamaha au soir des deux jours de tests en vue de la saison 2022 de MotoGP accomplis à Sepang. Ainsi, la marque n’a pas satisfait les demandes de son leader Fabio Quartararo qui en a pris acte et qui en tirera les conséquences. Mais en plus, les trois autres M1 sont à la traine, en queue de peloton, n’accrochant même pas le top 20. Et à écouter Dovizioso, si le Champion du Monde en titre décidait de quitter les lieux, ce serait une vraie catastrophe. Car il est le seul à faire marcher cette moto sortie des ateliers d’Iwata. Tellement d’ailleurs que sa position serait presque plus dominante encore chez Yamaha qu’un Marc Marquez du temps de sa splendeur chez Honda.
A ce titre, le discours du pilote de 35 ans, triple vice-champion du monde avec Ducati et qui clamait encore il y a peu à qui voulait l’entendre qu’il serait à prendre en compte dans la course au titre cette année est édifiant : « je ne peux pas être satisfait de la vitesse et du rythme », a admis le pilote RNF Yamaha après le test de Sepang. « Je pense qu’il n’y a pour l’instant que la manière de Fabio pour piloter cette Yamaha. Il l’a montré l’an dernier, mais aussi lors de ces deux journées d’essais. Si vous n’utilisez pas la moto comme lui, c’est très difficile d’être rapide. Vous devez rouler de cette façon pour être compétitif. Parce qu’il y a de très bons aspects de la moto qu’il faut utiliser comme lui, comme sur les freins et au milieu du virage. La moto n’est pas si bonne en sortie de virage, donc vous ne pouvez pas compter sur ça pour être rapide. C’est difficile d’être rapide comme le fait Fabio ».
Au passage, c’est un vrai hommage que rend l’Italien doyen du plateau au Français de 22 ans : « j’ai essayé d’étudier les données », a ainsi poursuivi Dovi. « Mais il est très difficile de copier d’autres pilotes. Vous pouvez vous améliorer, vous pouvez analyser et comprendre, vous devez le faire. Mais c’est juste une question de compréhension, la copie ne fonctionne pas. Vous ne pouvez pas vous améliorer un peu que dans les domaines où l’autre pilote est meilleur. Mais dans l’ensemble, il faut essayer de trouver sa voie. Mais il semble – à mon avis – qu’il n’y ait qu’une seule voie pour le moment. C’est pourquoi ça me prend du temps, je ne me sens toujours pas bien », admet-il.
Andrea Dovizioso nous dit tout sur ce qui rend Fabio Quartararo indispensable à Yamaha
Mais qu’est-ce qui rend Quartararo meilleur ? « Il freine très bien et très tard, fait beaucoup de vitesse en milieu de courbe et laisse tourner la moto », analyse l’équipier du rookie Darryn Binder. « Il n’essaye pas d’abord d’utiliser le grip de la roue arrière pour accélérer. Au lieu de cela, il essaie de faire passer le temps sur les freins et au milieu du virage, et il est très bon dans ce domaine ».
Quartararo est le seul pilote Yamaha dans le top 20 des feuilles de temps combinées du Sepang Test, tandis que Dovizioso n’était que 22e sur l’un de ses circuits préférés. « Dans le MotoGP d’aujourd’hui, tout le monde est très compétitif, ce n’est plus comme avant où vos qualités vous permettaient d’être plus efficace plus sur une piste qu’une autre », a déclaré le vétéran. « Maintenant, tout le monde est très proche, tout le monde est très fort. Si vous ne pouvez pas utiliser correctement le package que vous avez, vous êtes très rapidement en retard ».
Avec ce recul, on se rend compte que les dernières prestations de Valentino Rossi n’étaient finalement pas si mauvaises… Et lorsque Dovizioso poursuit son bilan, le ton prend presque des airs de pot de départ : « j’espérais être plus avancé dans le processus d’adaptation à la moto. Au fur et à mesure que je roule dessus, après les cinq courses de l’année dernière et maintenant les deux journées d’essais, il devient de plus en plus clair que vous devez rouler d’une certaine manière et c’est tout. Parce que la moto a des caractéristiques très particulières. De mon point de vue, ça reste une moto formidable en termes de châssis, de freinage et de virage. Mais il y a d’autres aspects où nous avons de grandes difficultés. Donc, si vous ne pilotez pas de cette manière spécifique, comme le fait Fabio, tout devient un peu plus compliqué », soupire Dovi.
MotoGP Tests Sepang : chronos J2
Crédit classement motogp.com
