Ce dimanche 13 février 2022, Darryn Binder a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit de Mandalika en Indonésie, au terme des trois jours de test IRTA sur ce nouveau circuit situé sur l’île de Lombok.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote sud-africain, qui a terminé ces derniers essais officiels au 24e rang.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Darryn Binder sans la moindre mise en forme.
Darryn, vous avez affronté
un vrai défi durant cette présaison : réussir la transition
entre une machine de moto3 et une de motogp. Pensez-vous que vous
allez réussir à tirer votre épingle du jeu parmi les autres pilotes
expérimentés, ou va-t-il vous falloir plus de temps pour combler
l’écart ?
C’est quelque chose de difficile à
dire. Ce dimanche j’aurais apprécié sortir en piste de pouvoir
faire un time attack pour pouvoir me situer plus précisément. Mais
hier nous avions fini la journée avec encore beaucoup de travail à
réaliser sur les réglages. Ce matin nous nous sommes donc
concentrés sur différents réglages pour déterminer la base sur
laquelle je suis le plus à l’aise. C’est difficile de savoir où je
me situe. Mais il ne faut pas perdre de vue que la vitesse sur un
tour est très différente du rythme de course.
J’espère en effet pouvoir évoluer avec les autres gars au Qatar,
mais si ce n’est pas le cas je vais simplement continuer de
travailler pour y parvenir. Il faut voir ce que ça donne sur un
weekend de course, je pense que je dispose d’une bonne base pour le
Qatar, et je suis impatient d’y être. J’ai déjà une bonne idée de
ce que j’aime et de ce que j’aime moins sur la moto. Si je peux
faire un weekend de course propre, je devrais pouvoir me mêler à la
course parmi les autres pilotes.
« J’ai une bonne idée de ce que j’aime et de ce que je n’aime pas sur la moto »
La simulation de course que
vous avez effectuée dimanche était-elle la toute première que vous
ayez faite ?
J’avais déjà fait des runs plus ou
moins longs lors du shakedown en Malaisie. Je me souviens avoir
couvert une douzaine de tours, et dimanche j’ai pu en faire une
vingtaine à Mandalika. La longueur de la course n’est pas encore
fixée, mais il devrait y avoir entre 24 et 27 tours. Aujourd’hui
j’avais déjà réalisé une quarantaine de tours avant midi, donc
quand j’ai commencé ma simulation de course je peux vous dire que
je n’étais plus très frais…
Mais c’était quelque chose de bien pour moi afin de bien comprendre
comment se comporte la moto, et je dois dire que j’ai commencé à
être en difficulté à partir du 15e tour, mais j’avais plusieurs
possibilités devant moi, comme jouer sur la cartographie, ou
modifier la façon dont je pilotais la moto. Ce fut quelque chose de
positif.
A l’avenir il va falloir que je me mette un post-it sur le tableau
de bord pour me souvenir de tous les paramètres que je peux
utiliser pour me faciliter la vie. Je suis très content de cela.
Quand j’ai repris la piste sur les coups de 15h il faisait plus
chaud que jamais, et j’ai fini ma session en étant complètement
trempé. Mais cela a été une expérience intéressante, et il faudra
de toute façon faire avec ces conditions si jamais elles se
représentent en cours de saison.
« J’ai fini la session complètement trempé »
Dans l’ensemble pensez-vous
pouvoir être compétitif cette saison ?
Globalement je suis content. Ce qui est vraiment positif c’est
que j’ai vraiment la sensation que j’ai encore une bonne marge de
progression. Aujourd’hui j’ai été capable de boucler un 1’33.0 vers
11h, alors que les températures commençaient à monter, et j’ai
réussi par la suite à renouveler ce type de chrono. Le seul truc,
c’est que je n’ai pas réussi à tout bien souder, mais tout cela est
dû à mon apprentissage. Il y a plusieurs petites choses que je
n’arrivais pas à faire jusqu’ici mais où je me suis amélioré, mais
je n’arrive tout simplement à réaliser un tour propre où tout
fonctionne bien. Je ne suis plus qu’à une demi-seconde des autres,
mais c’est là où chaque dixième devient vraiment très difficile à
aller chercher, car à ce moment-là tout se joue sur des détails.
J’ai la sensation que j’aurais pu être plus rapide mais le fait est
que cela n’a pas été le cas. C’est frustrant mais parfois je me dis
que je viens du Moto3 et que je fais vraiment le grand écart, donc
il faut prendre son mal en patience.
« Quand vous n’êtes plus qu’à une demi-seconde, c’est là que chaque dixième devient difficile à aller chercher »
Vous avez dit que vous
saviez à présent ce que vous aimiez et ce que vous n’aimiez pas sur
la moto. Pouvez-vous être plus précis ?
Je parlais
surtout des réglages. Par exemple si je dois piloter une moto qui
est stable c’est quelque chose de bien en soi, mais celle-ci se
retrouve de fait beaucoup plus rigide et il est beaucoup plus
difficile de changer rapidement de direction. En ce sens j’aime la
stabilité en tant que telle, mais je n’aime pas la lourdeur dans le
pilotage que cela implique.
Je pense préférer que la moto soit plus agile, car même si dans ce
cas la moto est moins stable, on peut essayer de gérer cela grâce à
l’électronique, avec une cartographie plus douce par exemple, ou
bien en réduisant légèrement la puissance. Je n’aime pas
spécialement lorsqu’il y a trop de puissance, car j’ai l’impression
de ne pas réussir à piloter de la façon dont je le souhaite. Je
trouve cela trop agressif et je fais trop d’erreurs. Mais je pense
qu’à présent tout le monde dans le garage commence à comprendre
quelles sont mes attentes, et je ne devrais qu’aller plus vite
désormais.
Qui avez-vous essayé de
suivre en piste ?
Étant donné que Mandalika est
une piste plutôt petite, j’ai en effet eu l’occasion de suivre
quelques gars. Mais ce n’était pas vraiment une bonne idée que de
rester derrière quelqu’un car on se prenait plein de cailloux et ce
n’était pas vraiment génial. A un moment je me suis retrouvé
derrière Brad, et je me suis dit que c’était l’opportunité rêvée
pour prendre sa roue. Mais j’ai vu qu’on avait des trajectoires
différentes : en certains endroits je suis plus rapide et en
d’autres c’est lui le plus véloce.
Mais dans l’idée je préfère suivre une Yamaha car là je peux
vraiment comparer, ou bien quelqu’un qui dispose d’un pilotage
doux, car quand c’est le cas vous avez tendance à reproduire ce
type pilotage et c’est préférable pour un rookie. C’est important
dans ma phase d’apprentissage d’essayer de suivre d’autres pilotes
car si je fais cela lors du premier GP je pense que cela va
représenter un choc. J’ai encore beaucoup à apprendre.