Ce n’est pas une fable et ce n’est pas plus un conte même si, en la circonstance, et comme souvent en MotoGP, il faut toujours faire ses comptes. Mais dans un paddock concentré sur l’avenir des pilotes phares, c’est une belle histoire née en février dernier d’un événement qui a créé une opportunité réunissant à présent des hommes de bonnes volontés. Un intérêt qui découle d’un résultat que beaucoup n’attendaient guère : oui, Hafizh Syahrin a toutes les qualités pour devenir un bon pilote MotoGP !
Et du coup, ça offre un nouvel angle à l’ambition malaisienne en Grand Prix. Une démarche que suit de près Razlan Razali, le patron du tracé de Sepang et qui construit la filière malaisienne du bas jusqu’en haut, vers l’élite de la vitesse moto. Hervé Poncharal se rappelle sur crach.net : « nous devions faire face au début de l’année à une grosse difficulté après le forfait annoncé de Jonas Folger. A Sepang, j’ai rencontré Razlan Razali, lors des premiers tests. Nous étions alors avec Yonny Hernandez et nous étions un peu perdus au sujet du second pilote. En parlant à Razlan, je lui ai dit et pourquoi pas Hafizh Syahrin. Et il m’a répondu tout de suite que c’était possible. Je lui ai rappelé qu’il était en Moto2 dans son équipe, mais il m’a quand même dit de le prendre ».
« Je lui dois beaucoup. Cela aurait pu être un désastre, on a tous les deux été critiqués. Je l’appelle le « Kid », et on a découvert un grand personnage. Il est pétri d’humour, il est intelligent et c’est en plus un bon pilote. Il doit juste être formé et aguerri. Il a toutes les qualités pour rester notre second pilote, mais rien n’est encore signé ».
Car entre-temps, Tech3 est passé de Yamaha Monster à KTM Red Bull. Et on sait que le premier pilote sera Miguel Oliveira, directement issu de la filière que met aussi en place la boisson qui donne des ailes. Pour le moment, rien n’est donc fait, ce qui a ouvert l’appétit d’autres acteurs dans le paddock pour récupérer la manne malaisienne. A Jerez, il a même couru le bruit d’un team malaisien soutenu par Petronas avec des Yamaha dedans. Un bruit que Razlan Razali dément… Pour le moment ! « Nous sommes très loin de ce scenario. Je tiens à ce que mes pilotes évoluent dans un environnement favorable pour grandir et s’épanouir. C’est d’Hafizh chez Hervé. Le plateau est constitué tel quel jusqu’en 2021. Si, après, une équipe vient nous demander un soutien et que nous en avons alors les moyens, alors nous étudierons la question. Mais nous en sommes encore très loin car nous ne sommes pas prêts ».
« L’histoire d’Hafizh tient un peu de Cendrillon. La priorité est qu’il reste chez Tech3. Nous avons été très critiqués lorsque Syahrin est arrivé en MotoGP, et surtout Hervé. Maintenant, les mêmes voient que c’est possible, qu’il peut le faire. Le paddock MotoGP est un petit monde où tout le monde se connaît. Hafizh est dans une très bonne équipe. Je ne suis dans ce milieu que depuis dix ans mais tout le monde connaît Hervé et Tech3. Nous sommes très heureux ».