Il s’appelle Joan Mir, il a 23 ans, c’est un officiel Suzuki et il en est à sa seconde saison de MotoGP. Ce n’est pas à proprement parler une révélation, car cela fait déjà un moment que le paddock est convaincu de son talent. Mais depuis Misano 2, il s’est invité dans la course au titre en pointant quatrième au classement général provisoire, à seulement quatre points du leader Dovizioso. Il est très régulier, il a rejeté son équipier Alex Rins, double vainqueur de Grand Prix, dans l’ombre, et il n’est pas du genre à douter. Et si Joan Mir était en fait le vrai favori pour la couronne 2020 ?
Une question qui mérite d’être posé à la lecture des derniers résultats de l’intéressé. Il faut en effet constater que Joan Mir, lors des quatre dernières courses, a été sur le podium de trois d’entre elles. C’est le pilote qui a accumulé le plus de points dans ces quatre manches : 69 points contre 53 pour Dovizioso, 41 pour Viñales et 24 pour Fabio Quartararo. Une excellente moyenne de 17,25 points par course, très éloignée des 12 points en moyenne avec lesquels Dovi mène le championnat.
Et tout cela malgré les deux zéros accumulés. Celui de Jerez par erreur et celui de Brno provoqué par une tentative précipitée de dépassement par Iker Lecuona. Sans ça, Mir dirigerait probablement le championnat en ce moment…
La principale différence avec ses rivaux les plus directs est que Joan Mir n’a pas encore remporté de course en MotoGP. Et cette étape est précisément la dernière barrière que le jeune pilote de 23 ans doit franchir pour le changement nécessaire de logiciel interne qui le ferait passer pour un candidat sérieux au titre.
L’étape de Barcelone, ce week-end, serait une belle occasion de franchir le pas. La première course de la seconde moitié du championnat se déroulera en effet sur l’une des pistes où l’équipe dirigée par Davide Brivio a réalisé l’une de ses meilleures performances en 2019. Avec Alex Rins quatrième et Joan Mir sixième. Mais il y a une faiblesse à combler avant d’apparaître comme l’épouvantail du peloton. Joan Mir la connait bien, et la voici… « Il est clair que les qualifications n’ont jamais été très bonnes pour moi ».
Un as dans l’art du dépassement
Le Majorquin précise : « je ne pense pas que la moto m’aide beaucoup non plus, car j’essaie toujours de m’améliorer dans les domaines qui me coûtent le plus et je pense que, même si les qualifications peuvent être meilleures pour moi, je ne pense pas que ce soit uniquement mon problème. Je pense qu’il y a aussi un problème qui fait que la moto ne m’aide pas du tout ».
Reste que Mir a aussi une qualité que la même Suzuki lui permet d’exacerber : « il est important que lorsque vous ne vous qualifiez pas, vous sachiez vous mettre en avant et faire une bonne course. En ce moment, nous montrons que c’est une chose très difficile de ne pas être en Q2 et de toujours devoir remontrer, mais nous sommes constants dans la course. C’est très important, car cela signifie que lorsque nous nous améliorerons la qualification, nous améliorerons également la régularité et le fait d’être là, en tête, sur les podiums. Mais je dois prendre beaucoup de risques ».
« Cela coûte tellement cher de dépasser parce que nous sommes très égaux. Le dépassement n’a jamais été un problème pour moi. Quand j’ai plus de vitesse que le pilote devant moi, je le dépasse toujours et je n’ai jamais tergiversé. Surtout si vous vous battez pour des positions sur le podium, il faut prendre un risque. Et il ne peut pas être manqué. C’est comme une vertu qu’il faut cultiver pour ne pas perdre. Cela ne vient pas seul, il faut prendre des risques ».
Des mots forts qui révèlent la mentalité du champion. Au fait, lors des deux Grands Prix à Misano, il a dépassé magistralement Valentino Rossi, puis, le week-end d’après Fabio Quartararo pour monter sur le podium. Quel est son meilleur souvenir ? « Dépasser Fabio Quartararo était plus risqué, mais je préfère celui sur Valentino Rossi » termine Joan Mir.