De prime abord, l’équipe Suzuki déçoit en cette année
2021. Joan Mir, champion du monde en
titre, n’arrive pas à s’imposer. Si l’on se penche un peu plus sur
la question, la firme est-elle en mauvaise posture ?
Analyse.
La réalité est toute autre. Vous aurez peut-être du mal à le
croire, mais Suzuki fait une aussi bonne saison que l’année
dernière. Comment cela est-ce possible ? Le contexte, tout
simplement.
Cela ne sert à rien de se mentir : Oui, Joan Mir méritait
son titre de champion du monde, c’est un fait. Cependant,
nous ne pouvons nier les difficultés rencontrées par ses
concurrents, tout comme le contexte sanitaire, empêchant toute
organisation de courses hors du continent européen.
Les statistiques, même si elles ne sont pas toujours parfaites,
aident grandement à comprendre la froide réalité des choses, même
si l’on voudrait parfois l’omettre, consciemment ou non.
Mir fut champion du monde avec 12,71 points par
course, soit le plus petit total depuis l’apparition
du barème actuel, en 1993. Être titré avec aussi peu de points est
un miracle statistique, une anomalie mathématique.
Au début de la saison 2021, nous avions rangé Mir dans les
principaux favoris pour le titre, comme devrait l’être tout
champion sortant. Dans l’état, nous sommes qu’à moitié dans
le faux.
Après neuf courses, l’an passé, Mir affichait un total de
105 points au général, et pointait deuxième à 10
points de Fabio. Au même moment, cette année, il compile
101 points, mais il n’est « que » quatrième, à 55
points du leader.
Ce sont les standards Suzuki, tout simplement, et
ce n’est même pas une question de sur-performance. En 2019,
Álex Rins, pilote n°1 de l’équipe, comptait
101 points après neuf manches. Côté constructeur,
c’est sensiblement la même chose. 118 points en 2020, 105
en 2021, toujours au même stade dans la saison.
Le cas Álex Rins est extrêmement compliqué et
mériterait un article à part entière. S’il traverse une mauvaise
passe, il n’y a pas de doutes quant à son talent. Malheureusement,
depuis la formation du duo, l’équipe ne peut pas compter sur deux
pilotes forts en même temps pour gratter de bons points au
championnat constructeur, qui est, rappelons-le, aussi
important que le championnat pilote.
Ces informations sont assez tristes en soi. Suzuki n’a pas «
sur-performé » en 2020. Le retard entraîné par
l’absence du holeshot device n’aide pas à mettre
Mir dans de bonnes conditions, bien qu’il devrait faire son
apparition incessamment, à en croire les dires de Sylvain
Guintoli.
Cela signifie aussi qu’il ne faut pas en attendre autant de Mir,
qui évolue à son niveau « champion du monde 2020 ». Le «
syndrome Suzuki » n’a donc pas fini de sévir.
Depuis l’ère de domination de Barry
Sheene, fin des 70s, aucun pilote n’a été en mesure de
s’imposer durablement, lors d’années consécutives au sein de la
marque. Cependant, la saison n’est entamée qu’à moitié, et
de nombreuses surprises sont à venir.
Photo de couverture : Michelin Motorsport