Dimanche dernier aux alentours de 14 h 30, Marc Márquez chuta
lourdement sur l’asphalte brûlant de Jerez. Devant son écran, il
était aisé de mesurer la gravité de l’impact; le diagnostic
ne tarda pas à confirmer les avis des plus
pessimistes.
Fracture de l’humérus. Immédiatement, les fans ne pouvaient
s’empêcher de penser au championnat. Une absence de trois courses,
sur un calendrier aussi court, peut en effet changer la donne.
Seulement, les pilotes MotoGP sont fait d’une autre matière
que nous.
L’entourage de l’espagnol annonça un possible retour pour la
seconde manche de Jerez. Difficile d’y croire. Mais pourtant,
quatre jours plus tard à peine, Márquez est déclaré « fit » et
essaya de courir samedi.
Pourquoi prendre un tel risque ? C’est dans la nature de ces
pilotes. D’un point de vue biologique, ils sont similaires à
nous : même résistance à la douleur, mêmes organes. La vraie
différence se fait au niveau de la condition physique irréprochable
certes, l’hygiène de vie et dans la tête.
Ces gens-là ne pensent qu’à une seule chose : gagner.
Depuis tout petit, il n’est pas question de lâcher prise,
sauf quand c’est pour apprendre. Pour Márquez, chuter a
toujours fait partie du processus. Les risques, il les connaît par
cœur, mais la rage de vaincre est plus forte.
C’est bel et bien sur ce point que les pilotes de MotoGP, mais
aussi de Formule 1, d’endurance ou d’autres sportifs de haut niveau
font la différence. Ils n’ont pas de super pouvoirs, ne peuvent pas
accélérer la réparation d’un os, entre autres. Leur force
mentale leur donne ce statut de surhommes.
L’abandon ne fait pas partie de leur vocabulaire. Abandonner est un
terme vague, difficile d’en connaître la véritable signification.
Márquez connaît parfaitement les limites de son corps, comme tout
athlète. Pour lui, ne pas essayer de courir pour un
championnat du monde alors qu’il en a les capacités physiques
relève de l’abandon, tout simplement.
C’est ce pourquoi il va se donner au maximum pour essayer de
courir. Si son corps lui indique que c’est trop difficile, il ne
prendra pas le départ mais n’aura en aucun cas abandonné. À
l’évocation du cas du n°93, nous faisons directement le
rapprochement avec celui de son compatriote et ancien coéquipier
Jorge Lorenzo qui courut avec une clavicule en vrac à Assen en 2013. .
Lorenzo fait lui aussi partie de la famille des
battants, des héros de ce sport. Par le fait, c’est aussi
dans ces moments là que les vrais guerriers se révèlent. Au fond du
trou, quand tout semble perdu, ils arrivent à trouver les
ressources pour revenir encore plus forts, que le choc soit
émotionnel ou physique.
Nous tirons donc notre chapeau à tout ces pilotes mythiques, ces
légendes qui prirent le départ dans des conditions atroces à
travers l’histoire. Que ce soit Valentino Rossi à Valence
en 2011 après la mort d’un proche, Lorenzo en 2013 ou Mick Doohan
en 1992, tous méritent un grand respect et une reconnaissance à la
hauteur de leurs actes.
Ce week-end, Márquez montra une autre facette de sa personnalité.
Entrant dans la légende, toujours un peu plus. Quelque part dans le
monde, il est peut-être devenu un mythe, inspirant un enfant, qui
lui même adoptera cette mentalité « mamba » que défendait Kobe
Bryant. Bravo à eux.