En ce dimanche 8 août août 2021, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit du Red Bull Ring, au terme du Grand Prix MotoGP de Styrie sur le Red Bull Ring en Autriche.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français qui occupe toujours la deuxième place du championnat MotoGP, mais maintenant 40 points derrière Fabio Quartararo.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Johann Zarco sans la moindre mise en forme (vouvoiement pour les questions en anglais et tutoiement pour les éventuelles questions en français).
Johann Zarco : « Pour moi, c’était bien
qu’il y ait un deuxième départ car j’ai raté le premier et je n’ai
pas trop pu me battre. Mais au deuxième départ, j’ai bien mieux
géré et j’étais plutôt rapide. C’était super de se battre avec
Fabio, mais clairement, il freine si tard et si fort que même si je
peux le doubler en ligne droite je ne peux pas garder cet avantage
car il se débrouille vraiment bien pour me repasser. Je pense que
j’ai perdu un peu de temps à ce moment en début de course, car avec
le pneu arrière tendre c’était un moyen d’aller vite au début et
essayer de suivre le rythme de Martin et Mir. Je pense que j’aurais
pu le faire pendant les sept ou huit premiers tours, mais j’ai dû
me battre, puis ensuite aussi avec Jack. J’ai également eu quelques
alertes au virage #7 deux tours après que Jack a chuté, donc
j’avais clairement à l’esprit de ne commettre aucune erreur. Je
m’attendais à pouvoir rattraper Fabio mais c’était trop difficile.
Ça a commencé à patiner à la fin et j’ai aussi essayé de gérer mon
écart avec Nakagami mais vraiment, les quatre ou trois derniers
tours ont été trop difficiles à tenir. Puis, dans le dernier tour,
j’espérais vraiment pouvoir maintenir ma position mais quand
Nakagami m’a doublé j’ai été surpris par Binder. Je n’étais pas
loin d’eux dans les deux derniers virages mais j’étais trop limite
avec la moto pour essayer quelque chose. La quatrième position
aurait été plutôt bien, mais perdre deux places dans le dernier
tour rend la course décevante même si ce n’est clairement pas un
grand drame pour le championnat. La bonne chose est la victoire de
mon coéquipier car je répète toujours que nous avons une moto pour
gagner, avec un très grand potentiel, et c’est super qu’il ait
gagné car c’est la preuve de ce que je dis. Clairement, il me
manque des choses pour être relax comme il l’est, peut-être parce
que j’ai trop d’automatismes en moi-même et que ça ne m’aide pas à
être complètement libéré. Mais c’est une bonne motivation car nous
sommes au même endroit la semaine prochaine et nous pouvons
vraiment travailler pour essayer ces nouvelles choses que je
connais quasiment mais que je ne suis pas en mesure d’appliquer
quand je veux. J’ai besoin de forcer pour cela. C’est donc un beau
challenge, car même si je ne gère pas bien je travaille bien en
course et c’est pourquoi c’est positif.
Et l’équipe est vraiment contente, donc ce sera une belle
soirée. »
Il y a eu pas mal de mouvements agressifs au départ de
la course, peut-être plus que d’habitude. Est-ce dû au tracé du
circuit ?
« Je pense que dans les petits virages, quand vous voulez
doubler quelqu’un, vous devez prendre des risques au freinage mais
ce n’est pas facile de ralentir dans la dernière partie du virage.
Donc si vous en prenez la décision, vous êtes là et c’est pourquoi
il peut survenir certains contacts. Que ce soit à la première
course ou à la deuxième, le premier virage a été plutôt délicat.
Marc Márquez a été impliqué dans ses contacts mais nous savons que
c’est un compétiteur et qu’il n’hésite pas à être agressif quand
c’est nécessaire. Je ne dirais pas que c’est agressif, je dirais
qu’il essaie parce ce qu’il sait que même s’il y a un contact il
peut quand même le gérer. Pour moi, c’est du courage et c’est
pourquoi nous avons à profiter de ça puisqu’il partait de derrière.
Mais les petits virages n’aident également pas pour ça car quand
vous rentrez dans le virage vous devez rentrer avec un peu plus de
vitesse pour doubler quelqu’un, et ce supplément de vitesse peut
vous faire toucher quelqu’un d’autre. C’est la
raison. »
Vous dîtes que vous avez peut-être trop d’automatismes
pour piloter de façon libérée. Pouvez-vous développer
?
« Mes automatismes… Je pense que si je me compare maintenant à
Jorge, même avec le style qu’il avait en Moto2, ce n’est plus la
façon dont je courais. Je dirais que j’étais toujours
« timide » avec l’avant de la moto au freinage, je dirais
que j’étais un pilote propre. Je suis trop timide et il n’est pas
timide ! Mais le problème est que même si je peux aller vite, ce
n’est pas assez rapide pour faire le pas en avant qu’il a fait.
C’est pourquoi je ne veux pas rester là où je suis. Je pense
qu’après les cinq semaines de break, j’ai senti ma nature revenir
rapidement car c’est une sorte d’instinct. (ndlr : la connexion
Wifi du team Pramac s’est alors fortement détériorée durant une
minute). »
Tu dis que ce n’est pas un grand drame pour le
championnat mais tu perds encore des points sur Fabio sur un
circuit où tu étais censé en reprendre. Ça ne t’inquiète pas pour
la suite ?
« Ça serait dommage de s’inquiéter pour la suite ! Moi je pense
que sur chaque circuit la moto a potentiel de faire ce que Jorge a
fait. Parce que franchement, quand tu la pilotes bien elle répond
bien ! Malheureusement, j’ai encore certains blocages et cela ne me
permet pas d’aller faire l’extra. Je l’ai de temps en temps mais je
ne l’ai pas eu sur cette piste. Le premier feeling, c’est de la
déception de bloquer là-dessus, mais en fait il faut le transformer
en bonne chose. Tu as l’exemple à côté de toi : un petit jeune de
20 ans qui ne se pose pas de questions et qui est quand même fort
dans cette technique là, qui est presque l’opposé de la mienne.
Donc par rapport à Fabio, s’il avait gagné et que j’avais fait
troisième, on m’aurait dit « bravo, tu as fait podium mais
tu as perdu neuf points ». Là, j’ai perdu six points,
donc ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave. »
Toujours en championnat, tu as creusé ton écart sur
Miller et Bagnaia mais tu as Mir qui revient un peu…
« Mir, c’est la puissance de la constance, et il tient bien sa
position en course. Il se qualifie bien et en course sait doubler
et aller au contact. Ça, ça le rend fort sur vraiment tous les
Grands Prix. Il prend le rythme et finalement même au début de
l’année il a joué le podium quand on était au Qatar. On sait que
Mir est bien comme ça. Les autres sont bien mais c’est moi qui dois
être mieux ! Je sens que je peux faire mieux et je vais me donner à
100 % pour passer le cap la semaine prochaine. Parce qu’il y avait
un vrai cap en pilotage : Je m’en sors bien mais je me crée un
blocage et finalement c’est comme si je courais avec un sac à dos.
C’est trop dur à expliquer techniquement mais c’est un peu ça. Mais
même en courant avec le sac à dos, ça me fait aller loin parce que
pour l’instant je suis content. Mais pour le step de vraiment mener
une course et partir, il faut que je libère 2 ou 3 choses qui
peuvent être dues à plein d’enchaînements de motos et des petits
bémols. Il faut reconstruire le champion ! »
Les problèmes à l’accélération dont tu parlais hier ont
été résolus ?
« On les a bien réglés : La moto était plus stable et ça me
permettait de bien tenir. Peut-être que le souci est réapparu sur
les quatre derniers tours quand Nakagami a fondu sur moi, mais en
course c’était franchement pas mal du tout. Est-ce que le médium
m’aurait aidé davantage ? J’étais quasiment le seul en soft et
peut-être que ça m’a joué des tours. J’avais la possibilité d’être
sur un gros rythme au début mais j’ai un peu buté sur Fabio.
»
Quel est ton point de vue sur l’accident
d’aujourd’hui ? Le circuit est-il dangereux et comment peut-on
l’améliorer ?
« Le virage va être modifié, sans doute pour l’an prochain. Là,
je ne sais pas quoi dire parce que c’était en sortie de virage et
ça a été moins dramatique que l’an dernier lors de ma chute. Après,
c’est la moto qui prend feu et c’est ça qui est impressionnant,
mais une moto peut souvent prendre feu : Ça dépend comment elle est
heurtée. Je n’ai pas grand-chose à dire. L’objectif, c’est de
modifier la piste mais c’est un caractère de la piste. Je trouve
que cette année on s’en est bien sorti et ça va. »
On a vu que tu ne pouvais plus compter que sur la
vitesse de pointe pour tenter de passer Fabio. As-tu souffert au
freinage depuis le début du weekend ?
« Oui, c’est ça. Je dirais que c’est ça parce que, quand je
tente de freiner plus tard et de rentrer plus vite dans le virage,
j’ai vraiment du mal à bien fermer la courbe parce que je crains de
perdre l’avant. On dirait que l’avant il tient, il tient, il tient,
mais simplement je n’ose pas encore passer le cap de
« j’essaie et je tombe ». Peut-être que je ne vais pas
tomber mais c’est ça qui me bloque peu. Est-ce que l’âge de la
raison fait que je n’ai pas envie de tomber ? Mais j’ai envie d’y
arriver donc où je passe le cap progressivement, et franchement je
sens que ça vient, ou peut-être faut-il que je force à la machine
pour gagner à mon tour, pour le plaisir de gagner. Parce que quand
ton coéquipier gagne, tu partages son bonheur mais le but en tant
que compétiteur est de gagner aussi.
Mais je trouve que notre moto, elle a quand même cette force du
moteur : Quand tu gères bien ça, en fait ça te donne un avantage
mais ça devient aussi très difficile pour les autres de te doubler.
C’est pour ça que là, avec la puissance, je n’avais pas assez pour
passer Fabio, enfin je le passais mais je n’étais pas assez bien
placé pour garder l’avantage au freinage, mais si je suis devant ça
met en difficulté les autres pour me passer. »
Grand Prix MotoGP de Styrie sur le Red Bull Ring : Résultats
Crédit classement : MotoGP.com