Graziano, Valentino, Luca… Ces trois prénoms se suffisent à eux-mêmes pour résumer la vie de celle qui a partagé la leur, Stefania Palma, respectivement épouse et mère de ces champions motocyclistes.
Aujourd’hui encore, bien que se rendant rarement sur les circuits, elle subit toujours les conséquences des activités de ses deux fils, avec la plus grande des dignités : « Les papillons dans l’estomac commencent une semaine avant la course. Je deviens de plus en plus nerveuse » .
Discrète, elle est à l’opposé du côté paillettes des Grands Prix et préfère regarder les courses dans le silence absolu de sa maison de Tavullia.
La maman de Valentino Rossi et Luca Marini a accordé une rare interview à Maria Guidotti pour CycleWorld.
Extraits…
Avec deux fils sur la piste, vos soucis sont-ils doublés ?
« Pour une mère, ce n’est pas facile, compte tenu également du fait qu’il n’y a pas beaucoup de temps entre les courses Moto2 et MotoGP. »
Vous avez eu trois des meilleurs pilotes à vos côtés. Une expérience unique…
« Avec Graziano, c’était une aventure. Nous voyagions
en voiture, et nous appréciions l’atmosphère dans le paddock, où on
pouvait dormir dans des tentes ou un petit
camping-car.
J’aimais bien la fin de course quand les pilotes faisaient la
queue pour recevoir leurs prix; c’était une sorte d’indemnité
journalière pour avoir participé à la course. Les pilotes
discutaient, commentaient les dépassements et échangeaient des
idées. L’air était encore rempli des émotions de la course. C’était
un beau moment qui les unissait.
Une de mes manches préférées était Imatra, en Finlande. La
lumière était très spéciale, et elle me rappelle beaucoup le Grand
Prix du Qatar sous les projecteurs. J’allais sur les courses avec
Graziano. Maintenant, c’est différent. Je m’y rends quand je sens
que je dois y être. »
Comment était Valentino enfant ?
« Unique. Je n’aurais jamais pensé qu’il deviendrait champion du monde, mais j’étais sûr qu’avec un cerveau aussi brillant et un tempérament aussi ouvert et amical, il aurait réussi dans tous les métiers. »
Et Luca ?
« Dans le passé, j’avais dit plusieurs fois que je ne voulais pas qu’il suive les pas de Valentino. Il a été une grande surprise. Il s’est montré très passionné par les motos. Je me souviens encore d’un moment précis: il avait sept ans. Nous sommes allés à Assen ensemble et j’ai été étonné par son enthousiasme débordant. »
Luca vient de terminer le lycée. Peu de pilotes sont aussi de bons étudiants…
« Luca a toujours beaucoup étudié et obtient de bons résultats. Il a un esprit clair comme du cristal. »
Luca est né en août 1997, quand Valentino remportait son premier titre mondial en 125cc GP avec Aprilia. Il est difficile de comparer les deux époques…
« Oui, Valentino a une histoire différente, mais depuis qu’il a commencé à courir, les temps ont aussi changé. Quand il était dans les petites catégories, il y avait plus de spontanéité. Aujourd’hui, tout est devenu plus professionnel. »
Valentino et Luca vous demandent-ils toujours votre avis ?
« J’ai très bien saisi le moment où ils ont eu le déclic pour prendre leur envol. Avec Valentino, c’est arrivé avec un dessin. J’ai été étonnée et surprise par la lumière dans les yeux de cet enfant qu’il venait de dessiner. Le message était: »Maman, ne t’inquiète pas. Je peux prendre soin de moi. » Avec Luca, c’est arrivé pendant qu’il jouait de la flûte. »
Comment est votre relation avec Valentino ?
« Nous parlons beaucoup, mais maintenant je pose les questions. Je suis très curieuse. J’aime passer du temps avec lui. Valentino a toujours été curieux aussi. »
Comment voyez-vous Valentino à la veille de la saison 2018 ?
« Je le vois tellement passionné et impliqué dans le développement de sa Yamaha M1. Il adore cette période de l’année. Tu t’en rends compte à partir des histoires détaillées qu’il te raconte. Il est passionné par le côté technique. Il est intéressé à connaître les moindres détails, et il s’investit entièrement dans le développement. Il adore cette période de préparation avant le début de la saison. Puis, en course, il aime la stratégie, inventer à chaque fois quelque chose de différent, étudier les autres pilotes. »
Quel est le secret de sa motivation éternelle ?
« Il est passionné de motos et de courses. Cette passion vient en premier, puis il aime le côté technique et le développement de la moto. L’entraînement quotidien et tous les efforts qu’il doit consentir pour être compétitif année après année en est une conséquence. »
Combien de temps pensez-vous que Valentino courra ?
« Jusqu’à ce qu’il n’aime plus ça. Un jour, il décidera, mais en ce moment, je le vois pleinement impliqué. »
Crédit photos : @fcalabuig10_15 et Sky Racing Team VR46