Il y aura divers enjeux à suivre passionnément dans le Grand Prix d’Espagne qui nous occupera ce week-end du côté de Jerez et chez Honda, il s’agira notamment d’observer ce qu’Alex Rins pourra sortir de sa RC213V. Un sujet qui va aussi particulièrement concerner Marc Marquez dont la voix au sein du HRC pourrait être couverte par celui qui a remporté 50% des six dernières courses, réparties sur les trois dernières de 2022 avec la Suzuki, et les trois premières de 2023 entamées avec la Honda. Le pilote LCR saura-t-il se montrer aussi impérial en Andalousie qu’il l’a été au Texas ? Le pilote test Stefan Bradl a une petite idée sur la réponse, qui devrait rassurer l’octuple champion du monde. Mais ce qui n’est pas rassurant, c’est ce qui dit aussi l’Allemand sur un nouveau format qui se révèle être une chance en moins pour un constructeur en difficulté de relever la tête…
Chez Honda, y aura-t-il un avant et après Grand Prix des Amériques à Austin ? Le dernier rendez-vous du calendrier MotoGP au Texas a en effet consacré un Alex Rins au guidon d’une RC213V du team satellite LCR qui était dans une configuration technique autre que celle que Marc Marquez veut privilégier. Les deux hommes de la même marque sont attendus pour se retrouver sur la piste ce week-end à Jerez, et l’événement est attendu par beaucoup.
Cependant, pour Stefan Bradl, rien d’exceptionnel ne devrait en sortir. Et il explique froidement pourquoi sur Speedweek : « je ne pense pas que la victoire d’Alex Rins au Texas ait un sens pour les autres circuits. Je pense toujours qu’il aura ses problèmes avec la Honda ». L ’Allemand ajoute tout de même : « mais ce qu’il a fait à Austin était exceptionnel. Son palmarès au COTA est vraiment excellent dans les trois classes. C’est une très bonne piste pour lui, sur laquelle il s’entend très bien avec son style de pilotage. Je pense que peu importe sur quelle moto il est assis. En termes de pilotage, Alex a trouvé quelque chose au Texas qui lui a donné un avantage ». Et il termine avec cette mention : « c’était définitivement une performance de haut niveau, car Alex n’est pas à jour avec la technologie dont on dispose actuellement. Mais il l’a fait ».
Stefan Bradl : « lors d’un week-end de Grand Prix, les motos sont maintenant configurées spécifiquement pour les qualifications »
Les choses devraient donc rentrer dans l’ordre ce week-end à Jerez, ce qui signifie aussi que les Honda devraient retrouver la seconde partie du classement… Une situation de crise qui ne peut que perdurer selon un Stefan Bradl qui insiste sur le fait que le nouveau format des Grands Prix aspire un peu plus vers les abysses un constructeur qui est en difficulté. Car, tout simplement, il n’a plus de marge de manœuvre pour s’en sortir.
Il explique ainsi son point de vue : « lors d’un week-end de Grand Prix, les motos sont maintenant configurées spécifiquement pour les qualifications. Il n’y a pratiquement plus d’opportunité de mettre au point une configuration de course pour la longue course de dimanche ». Et on ne peut plus se préparer pour faire face, à cause de la nouvelle disposition qui prévoit de ne pouvoir utiliser que 200 pneus par saison, alors qu’il y en avait jusqu’à l’an dernier 240… « Vous n’avez pas assez de pneus pour essayer de nouveaux composants lors d’essais privés. Vous n’avez alors aucun moyen de simuler le nouveau format MotoGP avec les deux séances d’essais libres le vendredi, la séance de qualification le samedi matin et le sprint le samedi. Parce que les « time attack » sont devenus de plus en plus importants lors d’un week-end de Grand Prix ».
« Les demandes et les exigences en MotoGP ont beaucoup changé ces dernières années » ajoute-t-il encore : « les dépassements sont devenus plus difficiles, pas seulement parce que tous les constructeurs peuvent gagner aujourd’hui. Des paramètres comme « l’air sale », une température excessive dans le pneu avant lorsque vous suivez un adversaire, l’appui des ailettes, le fonctionnement des appareils, les systèmes électroniques, ce sont toutes de petites choses qui s’additionnent et causent ensuite des problèmes. Si vous ne contrôlez pas l’un de ces blocs de construction complexes, il sera difficile d’obtenir la capacité maximale de la moto. Et si vous n’obtenez alors que 95% de la moto au lieu de 100%, vous perdez une demi-seconde. Ensuite, vous êtes à la 12e ou 15e place, selon la piste » termine Stefan Bradl.