Stefan Bradl est le pilote test d’une usine Honda qui lui laisse toute se liberté de parole, puisque, plus d’une fois, il s’est montré critique envers le travail du HRC. On se souviendra ainsi, au débotté, qu’après un Grand Prix d’Allemagne caniculaire, il n’avait pas caché sa colère envers des ingénieurs japonais identifiés comme incapables de faire un carénage en mesure d’évacuer la chaleur du moteur, ce qui avait carrément causé des brûlures à un de ses pieds. Récemment, il a fait part de ses doutes sur les ressources morales chez Honda à relever le défi technique lancé par Ducati en MotoGP. Mais s’il est une personne dont il ne doute jamais, c’est bien Marc Marquez. L’Allemand s’inquiète même d’un tel dévouement qui tourne souvent au sacrifice…
Stefan Bradl rappelle ici quelques fondamentaux sur Marc Marquez, certes bien connus, mais qui auront de plus en plus de mal à être assumés en raison d’un état physique diminué par plus de deux ans de convalescence, et du temps qui passe inexorablement. Deux facteurs qui alertent sur un octuple Champion du Monde qui est capable, comme en Indonésie en 2022, de chuter à quatre reprises en 48h00, au point de devoir déclarer forfait pour ce Grand Prix à Mandalika, et pour le suivant en Argentine, parce que souffrant de diplopie après les chocs reçus.
Marc Marquez est le seul à s’infliger ça parmi ses pairs et Stefan Bradl explique la raison d’une telle persévérance dans le risque et la souffrance : « Marc Marquez n’abandonne jamais, il est extrêmement prêt à prendre des risques », déclare le pilote test Honda au sujet de celui qu’il a remplacé à sept reprises l’an passé.
« Il veut le succès à tout prix. Mais sa santé en a souffert » rappelle-t-il sur Speedweek. « Il ne peut tout simplement pas accepter que cela ne fonctionne pas, alors il continue d’essayer. Le gars n’abandonne tout simplement pas et il est prêt à prendre des risques. Il veut réussir coûte que coûte ».
Stefan Bradl : « en tant que pilote, vous ne pouvez plus faire la différence aussi clairement qu’il y a quelques années«
Une réussite qui devra maintenant passer par une réelle implication de Honda dans l’élaboration d’une RC213V à la hauteur de l’enjeu en MotoGP. Car Marc Marquez sait qu’il n’a plus la capacité de se surpasser physiquement comme auparavant, tandis que la concurrence est devenue beaucoup plus rude, que ce soit en termes de moto que de pilotes. Une évolution générale que l’Allemand définit ainsi : « le championnat se développe maintenant de telle manière qu’en tant que pilote, vous ne pouvez plus faire la différence aussi clairement qu’il y a quelques années ».
Il détaille même : « lorsqu’il n’y avait pas de correcteurs d’assiette et pas d’aides aérodynamiques, en tant que pilote, vous pouviez faire une plus grande différence. Auparavant, il s’agissait de 80 % de pilote et de 20 % de matériel. Je dirais que maintenant 60 % est composé du pilotes et 40 % de l’équipement. Cet équilibre a définitivement changé ».
Du coup, il faudra peut-être se résigner pour une Ducati qui semble être la moto incontournable pour embellir son palmarès. Une option que Stefan Bradl n’écarte par pour un Marc Marquez qui semble étudier la question : « Marc exige maintenant de plus en plus de Honda parce qu’il voit que chez Ducati, tous les pilotes avec des styles de pilotage les plus différents et avec différentes qualités sont extrêmement rapides sur un seul tour sur la Desmosedici. De cela, Marc conclut qu’il ne doit pas être si difficile pour les pilotes de réaliser une pole position sur la Ducati ».
En attendant, Marc Marquez est bloqué chez Honda jusqu’à fin 2024, un constructeur qui doit se souvenir qu’il a fallu 15 ans à Ducati pour retrouver le goût d’un titre mondial après une longue traversée du désert. Marc Marquez n’attendra pas aussi longtemps, car il n’a déjà plus trop le temps…
