Sito Pons le signale, ces derniers temps, l’idée que le sport-moto était à envisager comme un sport de contact a fait florès dans le paddock. Une conception particulière de la compétition développée en WSBK et dans les catégories intermédiaires Moto3 comme Moto2 des Grands Prix. Mais depuis l’avènement du nouveau format des meetings, cette philosophie s’est répandue aussi en MotoGP, ce qui ne manque pas de faire sursauter les vétérans. La preuve.
A la fin des courses MotoGP, et notamment après celles disputées sous le nouveau régime du Sprint, il n’est pas de rare d’entendre les pilotes parler de « contacts », subis et provoqués lors d’instant où il fallait défendre ou conquérir une position. Des phases qui donnent aux commissaires de la FIM matière à investigations et à punitions, ou non, alimentant ainsi un procès public sur leur discernement, leur partialité et même leur légitimité. Dernièrement, un Alex Marquez a défendu l’idée que le sport-moto était aussi un sport de contact. Une approche que ne partage pas tout le monde.
Sur motorcyclesports, on découvre ainsi cette réaction d’un Sito Pons à présent patron d’écurie, mais qui a été aussi pilote et même un champion du monde. Dans un entretien avec Manuel Pecino, il s’est offusqué de cette ode à un pilotage agressif ne considérant pas le fait d’écarter littéralement l’adversaire de sa trajectoire comme une limite à ne pas franchir.
Sito Pons : « c’est un mensonge, cela me semble absurde, il faut chercher l’espace, pas pousser un pilote pour trouver sa place »
De fait, il soutient l’existence de règles et de sanctions strictes pour les pilotes impliqués dans des incidents assez fréquents : « il doit y avoir des règles et des sanctions pour les pilotes qui ne sont pas propres dans leur pilotage, je pense que c’est le principal besoin, et il y en a un » dit-il. « Les pilotes qui ne sont pas propres doivent être pénalisés de manière sévère ou stricte. Il est possible de frapper un adversaire une seule fois, mais trois fois, vous dites « attention », et vous devez respecter le pilote qui est devant vous ».
Selon Pons, à mesure que les conditions de sécurité ont évolué, la perception du risque par les pilotes s’est atténuée : « désormais, les pilotes ne sont plus conscients des risques. Pour commencer, les circuits et l’équipement sont beaucoup plus sûrs et les pilotes n’ont pas l’impression de risquer leur vie ». Confronté aux récentes déclarations d’Alex Marquez (Gresini/Ducati), qui estime que c’est aux pilotes qu’il appartient de créer des espaces sur piste dans un sport de contact, Pons a rétorqué : « lorsque nous étions en compétition, nous nous respections ».
Il ajoute : « je ris quand on dit que la moto est un sport de contact. Où en sommes-nous ? Comment peux-tu dire ça ? Comment se passe le contact ? C’est absurde, ce n’est pas du tout un contact, vous roulez à 300 km/h, comment s’agit-il d’un contact ? Vous devez être assez bon pour dépasser un pilote sans le toucher, si vous le touchez, vous n’êtes pas bon. C’est un mensonge, cela me semble absurde, il faut chercher l’espace, pas pousser un pilote pour trouver sa place » conclut-il.