Avec le recul, le dernier Grand Prix de Grande Bretagne n’apparait pas tout à fait comme une affaire honorable pour le leader du championnat Fabio Quartararo, qui veut confirmer sa couronne au terme de cette saison. Ainsi, si les circonstances lui ont permis de prendre encore un point de plus à celui qui le suit au plus près au classement général, soit Aleix Espargaró, le Français voit aussi fondre sur lui un Pecco Bagnaia qui peut théoriquement compter sur sept autres Ducati. Il n’y a pas de consignes ouvertement données sur la piste, et tant que les faits parleront d’eux-mêmes, il n’y en aura sans doute pas besoin. De Quartararo à Aprilia en passant par les observateurs, Bagnaia est le vrai challenger pour le titre. Un statut que l’Italien ne veut cependant pas entendre parler car il sait qu’il devient alors son premier rival…
Si l’on suit le déroulé de cette saison, on commence à découvrir que, pour contrer un Pecco Bagnaia qui a la vitesse sur la piste et la moto pour totalement l’exprimer, il faut le déstabiliser. Soit en le titillant en course, soit en jouant avec sa sérénité en coulisse. La lumière des projecteurs le perturbe et il refuse donc de se voir en favori par peur de lui-même, allant jusqu’à diluer son propre succès en course dans un déversement de remerciements qui le met en retrait. L’énumération faite à l’arrivée à Silverstone était, à ce titre, significative.
Reste que si l’équilibre est maintenu chez Bagnaia, il sera difficile à contrer frontalement sur la piste. Dennis Noyes a livré une intéressante évaluation sur la situation de l’officiel Yamaha dans cette campagne. On la découvre notamment sur Motosan. On y lit d’abord ce rappel : pour être un solide candidat au titre, il faut marquer en solde net par rapport aux adversaires, entre 18 et 19 points. Or le tricolore a actuellement un score de 15. Un résultat qui forge cette opinion chez : « quand on laisse autant de points sur la table cela signifie que revenir n’est pas si difficile. Surtout si vous pouvez mettre quatre Ducati sur huit devant Quartararo ».
Une mention qui montre à quel point la tâche de l’isolé Quartararo sera compliqué face à l’armada de Borgo Panigale. Dennis Noyes mentionne au sujet des événements de Silverstone : « c’est le Grand Prix que Ducati recherchait depuis longtemps. Ils ont réussi à placer quatre motos devant Quartararo, huitième à la fin. Il a augmenté son avantage sur Aleix Espargaró d’un petit point, mais maintenant il a Bagnaia ».
« Nous avons eu de la chance que Fabio Quartararo ait écopé cette pénalité du long lap«
Maintenant, Bagnaia nous joue aussi souvent cette année l’air de l’éternel retour : « en Allemagne, nous étions prêts à oublier les chances de Bagnaia. Cette année, il a quatre zéros » rappelle Noyes. Reste qu’avant de se diriger vers le Red Bull Ring, l’officiel Ducati est clairement identifié comme celui dont il faut d’abord se méfier. Fabio Quartararo l’a remis au premier plan de ses préoccupations, dévaluant ainsi Aleix Espargaró. Et chez Aprilia, on est assez d’accord : « le rival est Pecco Bagnaia, il a fait une bonne course et il l’a bien gérée de la tête » a ainsi commenté Massimo Rivola à Silverstone.
Et Pecco Bagnaia, qu’en pense-t-il ? Comme on pouvait s’y attendre, il relativise : « nous avons eu de la chance que Fabio Quartararo ait écopé cette pénalité du long lap » rappelle-t-il au sujet de Silverstone. « Nous avons fait du bon travail parce que nous avons profité de cette situation. Fabio a perdu du temps avec ce Long Lap, aussi parce qu’il a commencé avec le pneu medium arrière. Je pense que si on s’était battu au départ il aurait été plus compétitif, peut-être qu’il a mal commencé et qu’il a perdu du temps ».
Puis il ajoute : « j’essaie juste de m’améliorer parce que j’ai chuté plusieurs fois cette année, peut-être parce que je n’étais pas de bonne humeur. J’ai donc essayé de progresser pendant la pause estivale avec mon coach à la maison pour essayer de comprendre mes erreurs. Je ne veux pas dire que je vais tout à fait bien : j’ai progressé dans ce domaine et je pense que j’essaie d’accepter ces situations ».
Le talon d’Achille est donc bien la tête pour Bagnaia, et c’est connu de tous ses adversaires. Sinon, Maverick Viñales ne serait pas allé le perturber en toute fin de course en Angleterre, au cas où… Un Viñales sur son Aprilia dont on devrait aussi reparler comme arbitre s’il continue à prendre les gros points du podium au trio en lice pour la couronne. Dont un est son équipier et déclaré grand ami : Aleix Espargaró.