Entre les plaintes répétées pendant des mois par les pilotes Yamaha concernant le manque de motricité de leur M1 en deuxièmes parties de course, et les affirmations de Marc Márquez lors du Grand Prix de Malaisie comme quoi les machines Iwata disposaient « d’une accélération incroyable en sortie de virage, une adhérence incroyable », il s’est forcément passé quelque chose…
Ce quelque chose, on peut le découvrir au milieu d’une très longue et très intéressante interview de Silvano Galbusera recueillie par le très sérieux Mat Oxley pour motorsportmagazine.com.
Le responsable technique de Valentino Rossi explique en détail la nouvelle approche qui a permis au Docteur de mener la course pendant 16 de ses 20 tours, sans concéder un pouce de terrain à un Marc Márquez lui-même à la limite.
Silvano Galbusera : « Avant, nous travaillions pour maintenir les performances et préserver le pneu, mais ce n’est pas possible. Alors maintenant, nous perdons un peu de performance et essayons de garder la constance du pneu. Valentino peut être plus fort avec ce réglage différent. Mais la course s’apparente plus à de l’endurance qu’au MotoGP ! Nous avons travaillé sur la géométrie pour réduire le stress sur le pneu arrière car notre problème était toujours la durée de vie du pneu. Valentino se plaignait de la constance des pneus.
Au début de la course, il était fort, mais quoi qu’il fasse, économiser le pneu n’était pas la réponse. Il ne pouvait pas non plus utiliser les Michelin comme il le souhaitait car les pneus sont trop tendres et surchauffent. C’est différent pour Maverick : il a une taille différente et utilise un style différent. Valentino se sent généralement mieux avec un pneu dur, car cela lui donne plus de soutien et une meilleure stabilité, tandis qu’avec un pneu tendre, il sent un peu de mouvement sur la moto, comme sur une moto de série, ce qui le rend moins à l’aise. Mais c’est le seul moyen d’être fort.
La nouvelle méthode que nous suivons consiste à essayer d’utiliser le pneu le plus tendre de l’allocation. Nous travaillons également tout le temps sur la géométrie. Valentino dit que ce n’est pas facile de piloter la moto comme elle est maintenant, mais c’est le seul moyen de préserver les pneus. Nous essayons de suivre un chemin différent, pour que la moto ne soit pas la plus performante, mais plus compatible avec le pneu arrière et cela semble bien fonctionner. Nous avons maintenant un peu plus d’adhérence mécanique. Mais il faut faire attention, car l’adhérence mécanique de la Yamaha a toujours été bonne, mais si nous utilisons trop de cette traction, le pneu surchauffe et il va lâcher. Il faut donc que la moto charge le pneu arrière un peu plus lentement ».
Chez Yamaha, on a donc travaillé pour répondre à la demande explicite des pilotes par tous les moyens possibles (pneus tendres, gestion du couple moteur, Traction Control et adhérence mécanique) quitte à ce que cela nuise un peu à la performance pure sur un tour.
Le pari semble payant mais dépend aussi de l’allocation pneumatique fournie par Michelin, différente à chaque course. Quoi qu’il en soit, Valentino Rossi et Maverick Vinales n’ont plus longtemps à attendre avant de tester un nouveau moteur qui pourrait faire faire un bon à la Yamaha dans ce domaine de la préservation de la motricité en sortie de virage.
Ce nouveau propulseur sera-t-il disponible dès les essais post-Grand Prix de Valencia ? On peut le supposer, car cette fois, pas question de s’embarquer pour une nouvelle saison avec un moteur qui sollicite trop le pneu arrière !