Lorsque l’on parle d’Andrea Iannone, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a ceux qui se battent pour construire une carrière avec les moyens qu’ils ont et ceux qui font tout pour la détruire alors qu’ils ont tous les moyens de la réussir. Avec un peu plus de discernement, celui qui est surnommé Joe le Maniac aurait pu briller au firmament puisqu’à son talent, reconnu jusqu’à Marc Marquez du temps de la Moto2, s’ajoute un côté « people » qui aurait fait rayonner le paddock en dehors de sa sphère d’influence. Le genre de bon client dont raffole un promoteur. Mais encore faut-il savoir faire la part des choses, contrôler un caractère incandescent pour mieux savoir brûler ses ailes sans consumer son auréole. Son manager Carlo Pernat a essayé de le lui faire comprendre, en vain. Mais pour avoir un portait sans fioriture de l’Italien, il faut écouter celui qui a été son chef mécanicien pendant six ans : Marco Rigamonti.
Andrea Iannone purge une peine de suspension pour cause de dopage qui prendra fin début 2024, si bien que son retour à la compétition est attendu par les fans comme ardemment souhaité par l’intéressé. Mais ce dernier a-t-il changé avec cette triste expérience comme Marc Marquez dit avoir été chamboulé par ses trois ans de galère avec son bras droit ? C’est à voir.
Un doute qui puise sa légitimité dans ce que Marco Rigamonti, son ancien chef mécanicien pendant six ans, en dit, dans un entretien fleuve à slick-magazine : « Andrea a eu le malheur d’arriver en MotoGP en 2013, la pire année pour Ducati et, au contraire, une année glorieuse pour Marquez, avec qui il s’est battu pour le titre Moto2 l’année précédente. Et il a conquis son premier titre de champion du monde dans la catégorie reine. Pour quelqu’un comme Andrea, très sûr de lui, de ses capacités et fier, c’était difficile à accepter » commence Rigamonti.
Puis il développe : « fondamentalement, c’est un bon garçon. Parfois, cela l’a poussé à se donner à plus de 100 % pour gagner. Dans d’autres cas, cela ne lui permettait pas de faire son autocritique, et donc de s’améliorer ». Et il entre dans le détail : « ses relations amoureuses ont peut-être encore aggravé la situation : se retrouver sur les couvertures de magazines et être reconnu dans la mondanité n’a fait qu’alimenter ces caractéristiques qui lui sont propres ».
« Il n’y a aucune certitude qu’Andrea Iannone aurait gagné avec la Ducati«
Puis il y a aussi eu des erreurs de parcours : « le passage à Suzuki, c’était une erreur, de son propre aveu. Il est parti l’année où Ducati a pu franchir une nouvelle étape, en rejetant une moto dont il aurait été le premier pilote, une référence pour le développement. De plus, il a intégré une équipe dans laquelle il a trouvé une façon de travailler qu’il n’aimait pas et qui était diamétralement opposée aux expériences passées ».
Pour autant, le même Rigamonti ne garantit pas qu’Andrea Iannone aurait collectionné les titres de gloire en restant chez Ducati : « l’histoire ne se fait pas avec des « si ». Il n’y a aucune certitude qu’il aurait gagné avec Ducati. Il existe des variables infinies. Il suffit de penser à la façon dont la carrière de Dovizioso a changé avec Iannone quittant le box. Avec l’arrivée de Lorenzo, Dovi, voyant tous les problèmes de son nouveau coéquipier, a eu une énorme injection d’estime de soi qui lui a permis d’atteindre ensuite toutes les victoires et les podiums qu’il a conquis. Passer de chasser son partenaire à le battre tous les dimanches, en plus d’être quintuple champion du monde, vous donne beaucoup de confiance en vous. Mais, même dans ce cas, si Iannone était resté, on ne sait pas comment ça se serait passé ».
Surtout avec Gigi Dall’Igna, qui s’était fait son opinion sur « Joe le Maniac » après l‘arrivée d’un certain Grand Prix d’Argentine où il avait ruiné, dans une attaque inconsidérée sur Dovizioso dans le dernier tour, pour une seconde place, le bon résultat d’ensemble entrevu pour toute l’entreprise de Borgo Panigale.