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Alors que la saison 2022 du MotoGP approche, Paddock-GP vous propose de revivre la dernière campagne, qui a débouché sur le sacre de Fabio Quartararo, le premier d’un pilote français dans la catégorie reine après 72 ans d’attente. Cinquième et dernier volet de cette rétrospective avec les quatre dernières manches disputées. Une dernière ligne droite où Marc Márquez semble dans un premier temps retrouver définitivement son lustre d’antan avant de devoir tirer un trait sur les deux dernières courses, alors que Quartararo assure de son côté l’obtention du titre.

Avec la nette avance qu’il s’était patiemment constituée lors des 14 premières épreuves du championnat, Fabio Quartararo parvient sans surprise à finir le travail dès le GP d’Émilie-Romagne, alors qu’il reste encore deux manches à courir. Mais cette fin de saison 2021 demeure riche en enseignements, notamment au niveau de l’identité des futurs favoris de l’exercice suivant.

En effet, Marc Márquez signe deux nouvelles victoires et semble avoir recouvert enfin son meilleur niveau, avant de devoir renoncer aux GP d’Algarve et de Valence en raison d’une diplopie. Pecco Bagnaia prend donc le relai en remportant les deux derniers GP de l’année, sur des circuits pourtant peu favorables aux Ducati, preuve une nouvelle fois des énormes progrès réalisés par la marque de Borgo Panigale, sur qui il faudra à coup sûr compter en 2022.

Revue de détails des manches 15 à 18 de la saison 2021 du MotoGP !

Rétrospective saison 2021, 1ère partie : Viñales vainqueur de la 1ère manche, un début d’exercice en trompe l’œil 

Rétrospective saison 2021, 2ème partie : Quartararo décolle, Miller se rachète une conduite

Rétrospective saison 2021, 3ème partie : Les Français virent en tête à la mi-saison !

Rétrospective saison 2021, 4ème partie : Quartararo capitalise, Bagnaia de plus en plus menaçant


15e manche : GP des Amériques

Décidément, Marc Márquez aura pu compter en 2021 sur ses circuits fétiches pour se maintenir en vie au championnat et conserver une confiance mise à mal par ses difficultés physiques lancinantes. Après un premier succès peu avant la pause estivale sur l’un de ses circuits fétiches, le Sachsenring en Allemagne, l’Espagnol remet ça sur un autre tracé qui lui a pour ainsi dire toujours réussi par le passé : Austin, aux États-Unis.

Pourtant, si on fait les comptes, cela fait trois ans et demi que le pensionnaire du HRC ne s’est plus imposé sur le COTA [Circuit Of The Americas, ndlr]. En effet, l’épreuve américaine du calendrier avait été annulée en 2020 en raison de la pandémie de Covid, et le sextuple Champion du monde de la catégorie reine avait chuté lors de la dernière édition qui avait eu lieu en 2019, offrant ainsi à Álex Rins sa toute première victoire en MotoGP.

Mais Márquez ne va pas commettre une deuxième fois la même erreur, et va au contraire réussir à empocher un deuxième succès mérité en 2021, alors qu’il fait figure sur le plan comptable de troisième force du championnat derrière Fabio Quartararo et Pecco Bagnaia depuis la reprise de la compétition au mois d’août.

Pourtant, cette victoire n’aura rien eu d’une évidence. Certes, le complexe d’Austin tourne dans le sens antihoraire, ce qui est un plus pour l’Ibère qui voit ainsi son épaule lésée un peu plus ménagée qu’à l’accoutumée. Mais pour autant, c’est un circuit particulièrement bosselé que découvrent les pilotes une fois arrivés au Texas, certains d’entre eux n’hésitant pas à pointer du doigt le manque de sécurité provoqué par ce tarmac plus qu’irrégulier, et à demander l’annulation pure et simple de l’épreuve.

Cette dernière va néanmoins bel et bien avoir lieu, alors que Bagnaia a tout le loisir de tirer profit de la puissance de son bloc Ducati pour signer une nouvelle pole-position, devant Quartararo et Márquez, qui manque encore un peu de pointe de vitesse sur un tour et ne peut par conséquent pas encore viser le meilleur temps en qualifications.

Telle semble ainsi devoir être la hiérarchie pour les quatre dernières épreuves du championnat, après d’ultimes essais privés qui se sont tenus un peu plus tôt sur le circuit de Misano, dans la foulée du GP de Saint-Marin, et qui promettent ainsi de conditionner la fin de cette saison 2021 palpitante.

La course, elle, va donner lieu à un véritable récital de la part du maître Márquez, qui va s’emparer de la tête dès le premier tour, avant de faire preuve d’un remarquable sens tactique en temporisant dans un premier temps avant de lancer une attaque décisive à la mi-course pour s’assurer de la victoire devant Quartararo.

Mais où est passé pendant ce temps le poleman Bagnaia ? L’Italien a connu un début d’épreuve pour le moins compliqué, chutant dans le classement avant de remonter petit à petit, bien aidé par l’esprit d’équipe de son coéquipier Jack Miller, qui l’a laissé ostensiblement passé pour lui permettre de finir sur le podium. L’Australien sera d’ailleurs bien mal récompensé de son beau geste, puisqu’il boira le calice jusqu’à la lie avec un pneu avant en lambeaux en fin de parcours, qui le contraindra à finir à une lointaine septième place.

La bonne affaire est donc clairement opérée par Quartararo, qui reprend encore quelques sésames sur Bagnaia alors qu’on entre dans le money time du championnat, totalisant 52 unités d’avance sur le Transalpin avec trois manches restantes. Le Niçois va ainsi bénéficier d’une première balle de match dès le GP suivant, dans le cadre de la seconde course de l’année organisée à Misano.

Les Suzuki quant à elles, ont été dans le coup, même si les résultats ne sont toujours pas flamboyants : Rins, dernièr vainqueur en date en 2019, boucle ainsi l’épreuve à la quatrième place alors que Joan Mir doit se contenter de la huitième position à l’arrivée, non sans avoir percuté Miller en course, provoquant le courroux de l’Australien (il est vrai que les deux hommes avaient déjà eu maille à partir en début de saison au Qatar).

Au rang des déceptions, on peut noter les cinq chutes d’Aleix Espargaró, au cours d’un weekend véritablement cauchemardesque pour l’Espagnol alors que son coéquipier Maverick Viñales était pour sa part absent à Austin, endeuillé par la mort de son cousin Dean Berta Viñales une semaine plus tôt lors d’un accident survenu en Supersport 300 à Jerez.

16e manche : GP d’Émilie-Romagne

Enfin ! Après 72 ans d’attente, la France tient enfin son Champion du monde dans la catégorie reine, en la personne de Fabio Quartararo ! Arrivé en large leader sur la côte de l’Adriatique avec 52 points d’avance sur Bagnaia et encore trois manches à disputer, le tricolore parvient ainsi à conclure l’affaire dès sa première tentative, rapportant le titre dans le giron de Yamaha pour la première fois depuis le dernier sacre de Jorge Lorenzo en 2015.

Le jeune niçois fait ainsi son entrée au panthéon des pilotes français titrés en championnat du monde de vitesse moto, qui s’étaient jusqu’ici tous imposés dans la catégorie intermédiaire, d’abord en 250cc par l’intermédiaire des Auvergnats Jean-Louis Tournadre en 1982 et Christian Sarron en 1984, puis d’Olivier Jacque en 2000, puis en Moto2 grâce au doublé de Johann Zarco en 2015 et 2016.

Pourtant, la partie était bien mal engagée pour le pilote de la marque aux trois diapasons, avec une piètre 15e place sur la grille, acquise dans des conditions pluvieuses qu’il n’affectionne guère. A l’inverse son rival au championnat, Pecco Bagnaia, engrange une nouvelle pole-position, emmenant ainsi en première ligne un trio de Ducati avec Jack Miller à ses côtés ainsi que Luca Marini, qui, après Enea Bastianini un mois plus tôt, créé à son tour la surprise sur le circuit italien.

Mais les deux Ducati officielles vont payer cher leur choix de pneus hasardeux en course, en particulier le recours à la gomme dure sur l’avant. En effet, alors que Marc Márquez, qui s’est élancé depuis la septième position, revient à grandes enjambées sur les GP21 officielles, Miller est le premier à partir à la faute en tentant de lui résister.

Bagnaia connaîtra pour sa part le même sort quelques boucles plus tard en perdant à son tour l’avant de sa machine, offrant de facto le titre à Quartararo, qui évoluait à ce moment-là au huitième rang et ne constituait pas une réelle menace. La victoire revient donc à Márquez, qui peut se féliciter d’enchaîner sur un second succès de rang, qui plus est sur un tracé qui tourne cette fois-ci dans le sens horaire.

Et c’est ainsi qu’alors qu’on se dirigeait vers un doublé des Ducati en terre italienne, c’est finalement les Repsol Honda qui remportent la mise avec Pol Espargaró qui obtient son tout premier podium avec sa nouvelle équipe, après un départ depuis la quatrième place sur la grille. Un signe fort et encourageant au cours d’une saison éprouvante pour la HRC, qui n’avait du reste plus signé de doublé depuis le GP de Aragón de 2017, tout juste quatre ans plus tôt !

Derrière Márquez et Espargaró, on retrouve Bastianini qui fait pour sa part coup double après un premier podium à Misano le mois précédent. L’Italien n’a pas eu froid aux yeux en opérant un dépassement tout en autorité sur Quartararo dans le dernier tour, le Français qui s’adjuge quant à lui la quatrième place sous le drapeau à damier.

Marini, parti troisième, a de son côté baissé de régime en course mais termine tout de même à une prometteuse neuvième place, juste devant son frère Valentino Rossi, pour qui il s’agissait de ses adieux devant les tifosis.

17e manche : GP d’Algarve

Plus de six mois après, le MotoGP revient à Portimão pour une nouvelle épreuve qui s’annonce décomplexée suite au titre décroché par Quartararo deux semaines auparavant. C’est d’ailleurs l’autre Français du plateau qui va à son tour être sacré au bord de l’Atlantique : Johann Zarco s’empare en effet du titre de meilleur pilote indépendant, qu’il avait déjà obtenu lors de ses deux premières saisons en MotoGP, en 2017 et 2018 lorsqu’il évoluait encore chez Tech3.

Ducati remporte de son côté le titre chez les constructeurs, après une troisième victoire en 2021 de Bagnaia, suite à une prestation sans faute tout au long du weekend, au cours duquel l’Italien a signé sa cinquième pole-position de rang, sa sixième de l’année, excusez du peu. C’est d’ailleurs un hat trick que réalise le pilote Ducati, le premier d’un représentant de la marque de Borgo Panigale depuis Casey Stoner en 2010.

Les GP21 se sont ainsi montrées intraitables lors des qualifications, les deux machines officielles s’accaparant les deux premières places, alors qu’en troisième position on retrouve Joan Mir. Une lacune de comblée pour le Majorquin, qui n’avait jusque-là jamais réussi à obtenir un résultat en première ligne le samedi depuis ses débuts dans la catégorie reine en 2019.

La quatrième place sur la grille est quant à elle, l’apanage de Jorge Martín, auteur d’une véritable prouesse alors que le Madrilène revient sur les lieux de son grave accident du début de saison, qui l’avait laissé sur la touche pendant quatre manches. Le pilote Pramac réussira le lendemain à convertir sa belle performance des qualifications en résultat probant en course avec une septième place à l’arrivée.

Un déroulé de weekend qu’a dû envier le tout nouveau Champion du monde, davantage en délicatesse au Portugal, Quartararo ne parvenant pas à faire mieux que septième sur la grille. Les choses sont par la suite allées de mal en pis pour le Français, qui a essuyé son premier (et unique) abandon de la saison en course suite à une chute.

Mais Zarco sauve l’honneur dans le camp tricolore, avec un second top 5 de rang après celui de Misano, derrière Mir, Miller et Aleix Márquez quatrième et dépositaire de son meilleur résultat de la saison. Auteur d’une seconde partie de saison difficile, Zarco renoue ainsi avec ses performances d’avant la trêve estivale, lorsqu’il avait fini au pied du podium à Assen notamment.

Marc Márquez est, quant à lui, absent de cette pénultième manche du championnat, en raison d’une diplopie (un dédoublement de la vision) consécutive à une lourde chute subie à l’entraînement sur un terrain de cross, ayant entraîné une commotion cérébrale. L’Espagnol retrouve ainsi ses vieux démons, ceux qui l’ont tenu si longtemps éloigné de la compétition, alors que pareille pathologie lui avait déjà été diagnostiquée en 2011, alors qu’il pilotait encore en Moto2, suite à une chute survenue sur le tracé de Sepang. Il est remplacé par Stefan Bradl, véritable couteau suisse du HRC, l’Allemand qui aura participé à cinq épreuves au total en 2021, qui pour un remplacement, qui pour une wildcard.

Enfin, difficile de passer à côté du véritable suicide collectif observé chez KTM : la course a en effet été écourtée sur drapeau rouge en raison d’un violent accrochage entre Miguel Oliveira et Iker Lecuona (tous deux évoluant sur des RC16, le premier au profit de l’équipe d’usine, le second au profit de l’équipe satellite Tech3), alors qu’en début de course Danilo Petrucci a lui aussi été expédié au sol par Brad Binder, seul représentant de la marque autrichienne à avoir vu le drapeau à damier…

18e manche : GP de Valence 

Clap de fin de cette saison 2021, le tracé de Valence est le théâtre de nombreuses dernières, et non des moindres, avec les départs à la retraite de Danilo Petrucci et de Valentino Rossi. Avec le départ de ce dernier, c’est un pan important de l’Histoire de la compétition moto qui s’efface.

Débarqué dans le paddock en 1996 (avec dans un premier temps un titre en 125cc en 1997 puis un autre en 250cc en 1999, à chaque fois pour le compte d’Aprilia avant son arrivée en catégorie reine), le Docteur est le seul à s’être imposé à la fois en 500cc (en 2001) puis en MotoGP (de 2001 à 2005 puis en 2008 et 2009, d’abord avec Honda, puis avec Yamaha), le numéro 46 aura totalisé 26 saisons en Grands Prix : un record pour celui qui tire sa révérence à bientôt 43 ans.

Passées les émotions, sur le plan sportif on peut noter que c’est Jorge Martín qui se montre le plus tranchant pour la dernière séance de qualifications de l’année, avec l’obtention d’une quatrième pole position pour ce qui constituait, faut-il le rappeler, sa première saison en MotoGP. Le jeune espagnol devance ainsi sur la grille les deux pilotes Ducati officiels, Pecco Bagnaia et Jack Miller, alors que les Français Johann Zarco et Fabio Quartararo bouclent les qualifications respectivement aux cinquième et huitième positions.

La belle surprise est créée par Rossi, qui parvient à se hisser en Q2 et à se qualifier au dixième rang, bien aidé il est vrai par Bagnaia, ancien pilote de la VR46 Academy qui rend ainsi à son parrain un ultime hommage en lui permettant de prendre sa roue et ainsi de magnifier sa performance.

Un autre ancien membre de la pépinière de jeunes pilotes de Rossi en fera de même le lendemain en course, en la personne de Franco Morbidelli, qui protégera son aîné en demeurant derrière lui durant la dernière partie l’épreuve, prévenant toute velléité d’attaque de ses adversaires et permettant ainsi à son mentor d’assurer un dernier top 10 dans la catégorie reine.

Aux avant-postes, Bagnaia conclut en beauté une saison qui l’aura véritablement vu muer en prétendant au titre et même en favori pour la campagne 2022. Il faut dire que le Transalpin, qui arrache son quatrième succès de l’année, tous obtenus lors de la seconde partie du championnat, a réussi à tirer la quintessence de sa machine, alors que Ducati truste le top 3, Martín et Miller accompagnant le numéro 63 sur le podium. Martín décroche ainsi le titre de Rookie de l’année, après avoir été cherché son top 3 au courage, le Madrilène ayant été victime d’une intoxication alimentaire et malade toute la nuit.

Pour le constructeur de Borgo Panigale, ce triplé, le premier de son Histoire dans la discipline, lui permet d’empocher le titre chez les équipes, une semaine après avoir décroché celui chez les constructeurs. Au-delà des récompenses, c’est la manière avec laquelle les Desmosedici ont dominé à Valence qui surprend, sur un tracé étriqué et très sinueux qui leur est d’habitude bien peu favorable. De quoi envoyer un signal fort aux adversaires pour 2022 : il faudra compter avec les Rouges…

Joan Mir ne peut faire mieux pour sa part que quatrième à l’arrivée, devant les Français Quartararo et Zarco. Brad Binder termine quant à lui en septième position, devant Enea Bastianini et Aleix Espargaró. Le frère de ce dernier, Pol, aura d’ailleurs connu une fin de saison en eau de boudin, victime d’une lourde chute lors des EL3 qui l’aura contraint à déclarer forfait pour le reste du weekend.

Déception également pour Álex Rins, encore la cible d’une chute, sa cinquième en course cette saison (sur 17 départs), alors qu’il se battait pour une place de choix dans le groupe de tête. Danilo Petrucci finit quant à lui bon dernier de son ultime course en MotoGP, après dix saisons passées dans la catégorie reine, avant de se lancer dans une nouvelle aventure avec KTM en rallye-raid et une première participation sur le Dakar, lors duquel il émerveillera le bivouac de sa sympathie coutumière et surtout de son niveau de performance, avec une première victoire d’étape à la clé.

Classements finaux de la saison 2021 de MotoGP :

Championnat des pilotes :

Championnat des constructeurs :

Championnat des équipes :

Crédits classement : Motogp.com