Alors que la saison 2022 du MotoGP approche, Paddock-GP vous propose de revivre la dernière campagne, qui a débouché sur le sacre de Fabio Quartararo, le premier d’un pilote français dans la catégorie reine après 72 ans d’attente. Troisième volet de cette rétrospective avec les manches 6 à 9, durant lesquelles le pilote Yamaha accroît son avance au championnat sur son plus proche adversaire, qui n’est autre que l’autre tricolore du plateau : Johann Zarco.
Après un début de saison tonitruant marqué par deux victoires sur les cinq premières courses, Fabio Quartararo va pousser son avantage lors des quatre manches suivantes en se montrant intraitable en qualifications et en empochant deux nouveaux succès, au Mugello ainsi qu’à Assen.
Le Niçois parvient ainsi à augmenter de façon considérable son avantage au général alors que se profile la pause estivale, totalisant pas moins de 34 unités d’avance sur son compatriote Johann Zarco, lui aussi auteur d’une première partie d’exercice de très bonne qualité.
Cette phase du championnat est en outre marquée par la montée en puissance de l’équipe d’usine KTM : après des débuts discrets, Miguel Oliveira parvient ainsi d’abord à monter sur le podium en Italie avant de renouer avec la victoire en Catalogne, alors que pendant ce temps son coéquipier Brad Binder multiplie les résultats de choix dans le top 10.
Enfin, comment ne pas mentionner le retour au sommet d’un certain Marc Márquez, qui parvient à s’imposer de nouveau sur son circuit fétiche du Sachsenring, plus d’un an et demi après son dernier triomphe, à Valence en 2019.
Revue de détails des manches 6 à 9 du championnat MotoGP 2021.
6e manche : GP d’Italie
Après les deux succès de rang décrochés par Jack Miller à Jerez puis au Mans, tout le monde s’attendait à ce que Ducati poursuive sur sa lancée à l’occasion de sa manche nationale, au Mugello, qui plus est sur le tracé le plus rapide du calendrier qui sied si bien à la puissance développée par les Desmosedici.
C’est bien simple : le constructeur de Borgo Panigale demeure invaincu en Toscane depuis 2017 (avec des victoires successives d’Andrea Dovizioso, Jorge Lorenzo et Danilo Petrucci). Dans ces conditions, s’imposer en Italie tient de la gageure pour les autres marques, mais le défi ne fait pas peur à Fabio Quartararo, pour le moment leader fragile du championnat – il ne dispose alors que d’un point d’avance sur son plus proche rival.
C’est d’ailleurs le Français qui va tirer le premier, avec une quatrième pole position de rang, devant les Ducati de Pecco Bagnaia et de Johann Zarco : un véritable crime de lèse-majesté. Une parfaite rampe de lancement pour le Niçois, qui peut en outre enfin compter sur le holeshot device sur sa M1, un dispositif abaissant la garde au sol pour maximiser l’accélération.
Pourtant, c’est bien Bagnaia qui va prendre le meilleur départ. Mais pas pour longtemps, l’Italien partant en effet à la faute en tout début de course pour accuser son tout premier abandon de la saison. De quoi remettre en selle un Quartararo qui n’en demandait pas tant, et qui va dès lors être indéboulonnable pour filer vers son troisième succès en 2021.
Derrière, Zarco va lui aussi se battre pour une place de choix sur le podium, mais va néanmoins devoir s’incliner face à Miguel Oliveira et Joan Mir, quand bien même ces derniers se verront pénalisés après-coup pour avoir dépassé les limites de piste. Le pilote Pramac devance ainsi Brad Binder (qui au passage égale au cours du weekend le record de vitesse de pointe établi par Zarco un peu plus tôt dans la saison au Qatar, avec 362,4 km/h relevé au capteur) et Jack Miller, alors que les Italiens Petrucci et Valentino Rossi bouclent quant à eux le top 10.
Au rang des déceptions, on peut citer les chutes d’Álex Rins et de Marc Márquez, ce dernier pour qui il s’agit du deuxième abandon de suite après celui survenu en France. Le weekend aura par ailleurs été marqué par le décès du pilote suisse Jason Dupasquier lors des qualifications du Moto3, premier décès survenant en Grands Prix depuis celui de Luis Salom en Catalogne en 2016.
7e manche : GP de Catalogne
Si la victoire de Quartararo fut pour le moins inattendue au Mugello, il en a été de même lors de la manche suivante sur le circuit de Montmeló, où beaucoup s’attendait à voir le Français signer un nouveau succès sur l’un de ses circuits préférés, et lieu de son premier succès en Grands Prix du temps où il évoluait encore en Moto2, en 2018.
Le pilote Yamaha aurait d’ailleurs bel et bien pu s’imposer de nouveau, si un problème de combinaison improbable n’était venu tout remettre en cause. Car c’est bien le numéro 20 qui avait encore une fois dominé les qualifications le samedi, avec l’obtention d’une cinquième pole position de rang soulignant sa pointe de vitesse redoutable en cette première partie de saison.
Et de nouveau, ce sont deux Ducati qui l’accompagnent sur la première ligne, Jack Miller prenant cette fois-ci le relai de son coéquipier Bagnaia pour venir s’intercaler entre les deux Français du plateau, Zarco décrochant de nouveau la troisième place sur la grille.
Derrière ce trio de tête on retrouve Oliveira en embuscade, le Portugais qui profite du coup de moins bien de Bagnaia et de Joan Mir, qui ne figurent qu’en neuvième et dixième positions. Le pilote KTM va dès lors prendre un excellent départ pour venir contester la victoire à Quartararo durant la majeure partie de la course.
Un duel qui sera néanmoins avorté comme on l’a dit en raison d’un problème de combinaison chez le Français : en effet, à quelques tours du but, sa fermeture éclair se défait sans possibilité pour lui de pouvoir la remettre en place. On assiste alors à une scène jamais vue jusqu’ici où, débarrassé de son plastron qui le gênait, Quartararo se retrouve à piloter torse nu !
Si l’image fait d’abord sourire, se pose immédiatement une question de sécurité pour le Français : en cas de chute de celui-ci, les conséquences pourraient en effet être dramatiques sans protection… La Direction de course prise également de court face à cette situation inédite, Quartararo passe à côté du drapeau noir, ce qui ne va cependant pas le prémunir de deux pénalités de trois secondes chacune infligées après le drapeau à damier.
La première pour avoir court-circuité la première chicane lors de sa lutte pour le podium face à Zarco, la seconde après réclamation de Suzuki et Ducati concernant « l’affaire de la combinaison ». Arrivé troisième sous le drapeau à damier, Quartararo rétrograde ainsi progressivement au sixième rang. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’après son syndrome des loges à Jerez alors qu’il était en tête, l’Espagne ne réussit décidément pas au tricolore cette saison.
Pour Oliveira en revanche, cette victoire survient après un début de saison délicat et le relance parfaitement au championnat. Il s’agit du reste du troisième succès du Portugais en MotoGP après ses deux premiers obtenus en 2020, en Styrie et au Portugal.
Un retour au premier plan alors que d’autres multiplient les déconvenues, à l’instar de Marc Márquez qui subit sa troisième chute en course d’affilée et se trouve clairement dans une mauvaise passe. Le weekend est aussi marqué par le forfait de Rins, qui doit renoncer après une mauvaise chute à vélo alors qu’il était… en train d’envoyer un message par téléphone.
A l’inverse, Jorge Martín fait pour sa part son retour à la compétition après quatre courses manquées, réalisant une performance d’ensemble courageuse avec la 15e place en qualifications suivie de la 14e en course.
8e manche : GP d’Allemagne
C’est ce qu’on appelle aller chercher une victoire au courage. Si le Sachsenring constitue LE circuit fétiche de Marc Márquez, peu voyaient l’Espagnol en mesure de décrocher la victoire dans la Saxe cette année. Surtout que le pensionnaire de chez Honda ressortait alors de trois courses conclues à chaque fois par un piteux abandon en course : pas de quoi mettre un pilote en confiance, loin s’en faut.
Mais contre vents et marées, le numéro 93 va de nouveau s’imposer, maintenant ainsi son invincibilité sur ce circuit où il s’est toujours imposé en Grands Prix, depuis ses débuts en 125cc en 2010. Depuis sa chute à Austin en 2019, le tracé allemand demeure en effet le seul où l’Ibère s’est imposé lors de chacune de ses participations : impressionnant.
Seul bémol au cours du weekend : le sextuple Champion du monde dans la catégorie reine vient de voir sa série de pole positions, qui perdurait elle-aussi depuis 2010 en Allemagne, prendre un terme au profit de Johann Zarco, qui renoue avec la pole position pour la première fois depuis le GP de République tchèque 2020. Le pilote Pramac emmène d’ailleurs un doublé français sur la grille, Quartararo se positionnant idéalement sur le deuxième emplacement.
La première ligne est complétée par Aleix Espargaró, qui offre ainsi son premier top 3 en qualifications à Aprilia depuis le retour de la marque de Noale en MotoGP en 2015. Une véritable récompense pour le constructeur italien, auteur de gros efforts depuis le début de saison et qui s’est constamment rapproché du groupe de tête pour cette fois-ci en faire partie.
Au départ pourtant, c’est bien Marc Márquez qui va mettre tout le monde d’accord en prenant dès les premiers virages le leadership pour ne plus en départir. Il est vrai que le Sachsenring, circuit étriqué s’il en est et surtout allant dans le sens antihoraire, est de nature à moins mobiliser l’épaule lésée du Champion espagnol, objet de trois opérations et d’une infection osseuse depuis son accident à Jerez en juillet 2020.
Près d’un an plus tard, c’est donc le bout du tunnel qu’entrevoit le pilote Honda, d’autant plus que le crachin qui commence à s’abattre après seulement quelques tours de course va alléger les efforts demandés aux pilotes pour dompter le circuit allemand. Márquez va donc réussir à s’imposer pour la première fois en plus d’un an et demi, devant un Oliveira qui obtient ainsi son troisième podium d’affilée, et Quartararo.
Mais quid de Zarco, le poleman ? Le Cannois va livrer une très belle course, mais va devoir baisser de régime en fin de parcours, en proie à des soucis de pneumatiques. Le français ne peut faire mieux que huitième sous le drapeau à damier, derrière Aleix Espargaró qui peut mesurer encore la difficulté pour Aprilia de jouer le podium sur toute la distance d’une épreuve.
Les Suzuki sont quant à elles à la dérive, Mir ne parvenant pas à faire mieux que neuvième après une 16e place en qualifications, alors que Rins, de retour de blessure, termine en 11e position. Mais cela n’est rien en comparaison du calvaire vécu par Maverick Viñales.
Le pilote Yamaha, qui a changé depuis la Catalogne de chef-mécanicien (Silvano Galbusera remplaçant Esteban García), aura en effet été nulle part de tout le weekend : parti depuis le 21e emplacement sur la grille, le vainqueur de la manche inaugurale termine à une très lointaine 19e place. On notera cependant que chez Yamaha, seul Quartararo est parvenu à tirer son épingle du jeu avec un top 3, alors que Valentino Rossi a fini à la 14e place et Franco Morbidelli à la 18e.
9e manche : GP des Pays-Bas
Voilà de quoi partir en vacances l’esprit tranquille. A l’occasion de la dernière manche précédant la trêve estivale, à Assen où le public a fait son retour avec une jauge à 20% des capacités du circuit néerlandais, Fabio Quartararo décroche son quatrième succès de la saison et fait le break au championnat avec 34 points d’avance sur son compatriote Johann Zarco.
L’aboutissement d’un weekend solide pour le Français, qui aura néanmoins vu son coéquipier chez Yamaha, Maverick Viñales, lui damer le pion lors de la séance de qualifications. L’Espagnol, qui avait semblé toucher le fond en Allemagne, fait ainsi le yo-yo en termes de performance et se rapproprie au sein de la « Cathédrale » une pole position qui se refusait à lui depuis le GP d’Emilie-Romagne 2020.
Ce dernier devance ainsi sur la première ligne de la grille Quartararo et Pecco Bagnaia, alors qu’on retrouve Zarco en cinquième position. Le dernier vainqueur en date, Marc Márquez, fait le chemin inverse de Viñales puisqu’il dégringole à la 20e place en qualifications, handicapé il est vrai par un fort déficit de roulage suite à une lourde chute lors des essais libres du vendredi.
En course, en revanche, Viñales va retomber dans ses travers avec un départ calamiteux, laissant les coudées franches à Bagnaia et Quartararo. Il ne faudra que quelques tours à ce dernier pour prendre l’avantage sur son adversaire italien, et prendre la poudre d’escampette pour décrocher la victoire.
Bagnaia, qui attend toujours de monter pour la première fois sur la plus haute marche du podium, va subir la double peine en étant éjecté du podium suite à une pénalité pour avoir dépassé les limites de la piste. Une sanction qui va permettre à l’équipe officielle Yamaha de signer le doublé, alors que Joan Mir grimpe de son côté sur la troisième marche du podium, devant Zarco et Oliveira.
Bagnaia doit donc se contenter de la sixième place à l’arrivée, devant un Marc Márquez de nouveau héroïque et auteur d’une fantastique remontée de la 20e à la septième place. Un résultat qui lui permet de pointer au dixième rang du championnat à la mi-saison.
Au général justement, le classement est dominé au mitan de l’exercice 2021 par les Français Quartararo et Zarco, alors que derrière Bagnaia continue de monter en puissance en troisième position. Joan Mir est quant à lui bien plus en difficulté, enchaînant les résultats sans réel relief avec pour seul pain blanc quelques podiums qui ne sont sans doute pas de nature à satisfaire le tenant du titre.